Marteau (outil)

outil percuteur, agissant par inertie d'une masse métallique (tête) au bout d'un manche, servant par exemple à aplatir un morceau de fer ou à enfoncer un clou.

Un marteau désigne ordinairement un outil percuteur, servant à frapper ou repousser, à marquer, casser, broyer ou écraser, à battre, forger, aplatir ou écrouir, voire à emboutir ou à riveter, à matir ou aplanir du métal, à faire du bruit ou produire un son, par exemple à aplatir un morceau de fer, à enfoncer un clou, à faire vibrer un résonateur etc.. Il peut représenter un mécanisme ou une pièce d'un dispositif ou machine à fonction similaire, de taille réduite ou gigantesque. Par extension, on appelle marteau toute masse mobile agissant par percussion.

Schéma d'un marteau

1- Angrois 2- Œil 3- Table 4- Panne 5- Manche
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Définitions

Le marteau, qui, sous des formes perfectionnées comme le couteau, est commun depuis les âges du bronze et du fer, représente aussi une arme redoutable[1]. Il apparaît souvent constitué d'une tête ou masse en métal plein, plus ou moins massive, de forme souvent rectangulaire ou cylindrique, amincie à un bout, emmanchée par une ouverture, nommé trou ou œil, à une tige de bois de diamètre et de longueur variables, dont le bout sert de poignée et à effet de levier plus ou moins long si l'on compte le bras du manipulateur[2]. L'angrois, parfois écrit "engrois", désigne à l'origine le petit coin de fer enfoncé dans l'œil du marteau à travers le manche pour le consolider, le terme correspond à la partie du bois emmanchée et visible. S'il existe plusieurs coins de bois assujettissant le fer d'un marteau, ils se nomment esteilles. La tête stricto sensu est constituée d'une masse métallique et agit par résistance et inertie, augmentée par la longueur du manche et par celle du bras du manipulateur[3]. Un bon marteau est conçu pour que la prise en main corresponde au centre de percussion. La panne désigne la partie opposée au côté plat, "table" ou "aire" de la tête du marteau avec laquelle on frappe[3],[4]. La panne, parfois dénommée bouque ou buse par sa forme sur certains marteaux, peut aussi se définir comme un coin relevé, émoussé qui suit la direction de la tête[5]. Sa forme très variée constitue un indice du métier ou de l'art pratiqué. Très souvent, la tête, assimilée dans les arts et métiers au côté plat du marteau de façon restrictive et ainsi opposée à la panne, est légèrement arrondie sur les bords. La masse, le plus souvent en acier, au terme du mouvement du marteau tenu à main, en arc de cercle, produit un choc et exerce une pression sur la zone de frappe, dite de contact. La masse déplacée peut être plus ou moins importante, l'arc de cercle plus ou moins ample selon la fonction particulière du marteau[6]. L'effet utile du coup de marteau ou du choc se définit par le produit de la masse en chute libre par le carré de la vitesse au point de l'impact, soit :

La force de frappe d'un homme de l'art peut être considérable, en tenant compte de l'effet de chute de l'ensemble ouvrier-marteau. Le choc provoque au point d'impact la propagation d'ondes sonores, en particulier d'infrasons caractéristiques de la matière traversée avec diverses restaurations de vibrations fines en surface, ainsi les mineurs experts au toucher ou à l'oreille fine pouvait reconnaître ou localiser une flache, autrement dit "une fente dans la masse d'une roche", notamment au son qu'elle rendait sous le marteau, au fond de la mine, ainsi la technique similaire dite de percussion dans le bâtiment, procédé par lequel l'homme de l'art vérifie l'état d'intégrité d'une pièce de bois de charpente, de brique etc. en la choquant avec le marteau. De plus, un marteau dont le manche est flexible accroît le facteur vitesse, comme c'était le cas pour le marteau des ouvriers casseurs de cailloux sur les routes ou leurs chantiers de matériaux[7]. Ainsi autrefois le batterand, masse de fer à manche flexible servant à casser les pierres, ou aujourd'hui une variété de marteaux à manche en caoutchouc rigidifié ou en plastique incorporant un élastomère semi-rigide etc. Pourtant est apparue une nécessité de marteaux de grande puissance dans les grandes forges et usines à fer, manœuvrés par l'énergie potentielle de chute d'eau ou plus tard par des moteurs à vapeur. Pour affiner le métal, afin d'en extraire au sortir du foyer d'affinage toutes les scories résiduelles, ou forger de grosses pièces, il fallait comprimer avec violence le métal et impérativement disposer de tels dispositifs de martelage répété et rapide nommé cinglage. Les anciens forgerons qui travaillaient le fer ou le cuivre devaient frapper avec vigueur, rythme et coordination, et sous leurs marteaux s'échappaient des parcelles d'oxydes métalliques, nommées battitures[8].

La force de frappe ou de percussion peut être bien plus modérée selon la matière travaillée ou si l'énergie est canalisée, par exemple si l'objet à frapper est tenu fortement par un étau, poser sur une lourde enclume à grande inertie, renvoyant une force de réaction en retour non négligeable. Mieux, en utilisant coin, clavette, burin ou clou qui canalisent et orientent la force de pénétration, le marteau se limite à un rôle percuteur. Le burin, simple ciseau d'acier trempé dur, sans manche, une fois placé adéquatement et frappé avec le marteau permet de diviser ou couper la matière métallique[9]. La guilloche est une sorte de burin, plus petit, manœuvré à la main ou au marteau pour faire des guillochures, encore nommées guillochis ou guillochages, qui correspondent à des ornements composées de lignes ondées, croisées, parallèles et symétrique exécutées sur des pièces d'orfèvrerie.

Les emballeurs ou coffretiers, les orfèvres etc. ont besoin de marteaux relativement petits, légers, manipulables et faciles à porter, alors que les forgerons travaillant le métal à chaud exigent des outils plus grands, lourds et puissants[6]. Manier un marteau spécifique demande souvent un long apprentissage, à l'instar de l'art du forgeage nécessitant de longues années. Parmi les ouvriers à marteau d'autrefois, c'est-à-dire les hommes de métiers qui se servent principalement du marteau dans les arts, se comptent les forgerons, les serruriers, le ferblantiers, les chaudronniers, les dinandiers, les batteurs d'or, les orfèvres, les menuisiers-coffretiers ou emballeurs fabricant de caisse...[5]. Le marteau est en conséquence l'outil par excellence de nombreux corps d'artisans[10]. Son maniement expert et précis par ces artisans des métaux nobles que sont les orfèvres et ciseleurs, que ce soit en Orient ancien ou chez les Mixtèques de l'isthme de Tehuantepec, assurant des chocs d'intensité et de fréquence variable, ou excellant en diverses fortes compressions aux points voulus, est une preuve de l'habileté apprise pendant un long et difficile apprentissage. Son emploi maîtrisé, s'il nécessite un art du dessin chez le forgeron, impose chez l'orfèvre ciseleur une "vision anticipée précise en trois dimensions" de l'œuvre délicate et élégante à réaliser à partir d'un cube d'or ou d'argent.

Pour planter un clou dans du bois, il faut un marteau léger, peu encombrant et surtout mû rapidement, à l'instar du geste délié du charpentier, ce qui provoque le moins possible de fentes et de cassures dans la matière ligneuse traversée[10]. Le menuisier, par nécessité plus méticuleux, craint la fistule, ce faux coup de ciseau ou ce ripage maladroit de marteau qui endommage irrémédiablement la surface du bois. Un marteau lourd est impératif pour assurer la compression de lourdes masses résistantes et malléables. Le ciseleur de cuivre mettait en forme au marteau, un art délicat pour ne pas déchirer la fine tranche de métal, mais pour continuer à ciseler, il lui fallait recuire la matière à l'aide d'un four, il avait aussi besoin, pour poursuivre son labeur de mise en forme, de diverses enclumes, bigornes et autres supports, buttoirs, mattoirs, repoussoirs etc. Un marteau de métier annonce ainsi maints autres outils et objets divers que l'artisan a dans son atelier ou emmène sur un chantier.

Lorsque la tête est faite d'une matière peu dure comme le bois ou la résine, il ne s'agit plus exactement d'un marteau, mais d'un maillet connus des métiers employant le bois, charpentier, menuisier, tonnelier, charron etc. et lorsqu'il a au moins une face tranchante il s'agit de hache d'ouvrage, par exemple de l'ardoisier. Le rayon d'action est fonction de la longueur du manche si l'artisan est immobile : un manche long appelle souvent un évidement de la paume sur le dessus, un manche court des formes courbes[10]. On peut toutefois considérer comme des marteaux ces outils de bois comme certains percuteurs en pierre dure, par le principe d'équivalence de forme et de fonction. La batte de tonnelier est un maillet pour retirer ou enfoncer la bonde des fûts. Mais la batte de zingueur, qui lui permet de plier la feuille de zinc, n'est plus un marteau.

De multiples marteaux, plus ou moins légers, avec des caractéristiques spécifiques en accord avec les techniques de frappe ou d'usages techniques, sont utilisés dans les arts et métiers anciens, comme dans de nombreuses professions actuelles. Les marteaux du forgeron, du serrurier, du mécanicien, de l'horloger, de maréchal-ferrant, d'orfèvre, de ciseleur, du charron, du carrossier, de cordonnier, de galochier, de savetier, de bourrelier, de tonnelier ou de maçon, de couvreur, ou encore ceux du charpentier avec l'arrache-clous à la panne, ceux du menuisier, de parqueteur, de tapissier, ceux de carrier, de tailleur de pierre, de polisseur, de vitrier, de cantonnier, de tanneur, de fossoyeur ne sont confondus que par les béotiens de l'art ou les ignorants de la technique. Il est l'instrument privilégié, l'outil essentiel du dinandier, du chaudronnier, du prospecteur ou encore du géologue, qui en manipulent de toutes sortes pour différents usages. Le marteau est souvent remplacé par du matériel électrique ou pneumatique, par exemple le marteau du charpentier a été en grande partie remplacé, dans sa fonction principale, par le pistolet à clous. Le pistolet à clou, inventé en 1950, permet d'effectuer des tâches de fixation, rapides, facile et agréable[11].

Les métaux ou pierres sont qualifiés de "aigres", si, sous le marteau, ces matériaux se révèlent cassants, non malléables et se brisent sous les coups. Ainsi l'or aigre se fendille sous le marteau. Au contraire, une matière malléable peut être martelée, travaillée sous le marteau et être ainsi façonnée ou mise en forme avec une très faible épaisseur[12]. Les métaux mis en forme par un tel martelage spécifique se nomment par exemple or battu, argent battu, le cuivre battu ou le fer battu. La malléabilité est la propriété des corps qui peuvent se déformer facilement sous le choc du marteau, l'écrasement au laminoir et la compression dans la filière. Dans ce dernier cas, le ductilimètre est le marteau qui sert à évaluer le degré de ductilité des métaux. La ductilité est la propriété que possèdent certains corps métalliques ou autres de pouvoir être battus, étirés, étendus, allongés sans se rompre.

Historique du marteau, origine du mot

Archéologie préhistorique et antique

Le marteau, outil de métal dont le manche est ordinairement en bois, existe depuis le début de l'intelligence humaine, appliquée à la métallurgie. Il a été utilisé, au début, comme percuteur dur, et il est illusoire de vouloir le séparer des anciens percuteurs en pierre dure, des massettes ou des gros maillets en bois de forme similaire. Les temps paléolithiques distinguent déjà un marteau pure force de frappe du simple objet percuté devenant percuteur concret, burin, ciseau, coin, chasse, pal, pieu, pointe etc. à l'image du couple formé par le lanceur/propulseur et la sagaie/lance. D'efficaces marteaux en dolérite ont été découverts sur le site de de la pyramide de Menkaourê. Déjà en Mésopotamie à l'âge du bronze, on utilisait le marteau ou plutôt l'association marteau-pointerolle pour creuser dans les mines de cuivre et d’étain. L'outil en fer garni d'un manche a servi à battre les métaux, à forger : il a été utilisé à toutes les époques comme outil principal du forgeron.

Les fouilles campaniennes à Pompéi dévastée par l'éruption pyroclastique dévalant du Vésuve vers l'an 79 ont dévoilé l'outil du charpentier romain, répandu, qui permet d'enfoncer et d'arracher un clou, le marteau arrache-clou. Le côté plat de sa tête est la surface de frappe, et l'autre côté au profil arrondi de pioche ou en forme de pied de biche permet un effet de levier, grâce à sa fente qui permet de coincer la tête du clou à récupérer[13]. Au Ier siècle, le forgeage des clous était une activité commune au sein du monde gréco-romain qui a largement assimilé la métallurgie et la charpenterie celtique, comme l'attestent dans ses marges nordiques les quelques 900000 clous mis au jour dans la forteresse d'Inchtuthil, et il existait une gamme de marteau pour frapper, marteler, battre les métaux, sans oublier la hache-marteau de bataille des légions romaines. L'invention du clou, c'est-à-dire une pointe avec une tête façonnée, et la connaissance mathématique du levier divulguée par Archimède après le siège de Syracuse remonteraient aux années 260 à 250 avant notre ère[14].

Origine du mot

Le mot français, de genre masculin, est d'abord "martel", mot signalé comme du vieux-français au XIXe siècle. Cette forme authentique d'ancien français s'est maintenu longtemps, insérée dans diverses expressions ou peut-être en raison de sa proximité avec l'italien martello, puisque la forme pluriel de martel, marteaus attestée en 1380, a contaminée rapidement en retour le singulier, engendrant dans les milieux populaires, notre terme "marteau". Ces mots cités proviennent tous du mot latin populaire ou tardif martellus, dérivé de formes diminutives du bas latin martus, au sens de marteau de forge ou d'atelier, voire plus anciennes martulus ou classique marculus. Un rapprochement d'origine avec le mot latin malleus a été suggéré par divers lexicologues et philologues, ce qui justifierait l'appartenance à la famille de mots aussi divers que mail, maillet, mailloche, malléable, malléabilité etc. Le lexicologue Pierre Larousse propose l'hypothèse d'une proche parenté des racines "mar" ou "mal" signifiant broyer, écraser, frapper pour écraser ou broyer d'où la proximité des mots de même radical, à savoir malleus provenant de malteus, martellus de martus, marculus de marcus au sens de frappe etc.[15]. L'idée de frapper s'est perpétuée dans la pièce souvent ouvragée du marteau de porte, qui est une espèce d'anneau lourd et mobile ou de battant qui est attaché au milieu du portail ou de la porte close de demeure ancienne, à l'extérieur, et avec lequel le visiteur inattendu frappe pour se faire ouvrir[16].Le dictionnaire Le Robert, laconique, le définit tel un heurtoir fixé au vantail d'une porte. Cette idée est bien présente dans le marteau d'arme, quel que soit sa forme, jusqu'à son lointain héritier sportif associé au lancer de marteau une sphère métallique reliée à une poignée, que les athlètes tiennent en pivotant sur eux-mêmes, puis lâchent, de façon subite, en restant sur une esplanade ronde de lancement, vers une fenêtre ouverte de direction imposée.

Si la martelette, petit marteau de maçon, est un diminutif féminisé récent de martel, le mot de genre masculin, martoire, espèce de marteau à deux pannes, outil des serruriers et des couteliers, paraît un dérivé de l'altération romane demartulus/marturus. Le merlin, mot français attesté en 1624, qui provient du latin marculus désigne précisément une hache à fendre le bois, peut-être un outil de frappe à tête polyvalente, marteau d'un coté pour enfoncer un coin, hache de l'autre, à l'origine. A partir de 1803, le mot désigne aussi la masse à assommer les bœufs à l'abattoir[17]. Pierre Larousse, en oubliant curieusement le substantif allemand der Hammer (die Hämmer au pluriel) et le mot anglais hammer similaires par leur graphie, cite à l'appui de son hypothèse l'ancien slave mlatu, le russe molotu, le polonais mlot, l'illyrien mlat, et ne passe pas sous silence le kymrique mwrthwyl, l'armoricain morzel ou le vieux norois miŏlnir des anciens scandinaves, rappelant le nom initialement terrifiant ou foudroyant, du marteau de Thor, Mjölnir.

Le mot souche marteals apparaîtrait en [ancien français vers 1140, selon le trésor de la langue française, avec la signification d'outil de fer propre à battre, à forger[18]. En 1389 est signalé le marteau a maçon[19] ; en 1453 le marteau de tapicerie[20]; en 1676 le marteau d'assiette selon Félibien, qui deviendra spécifique du paveur.

Historique de l'outil manuel des artisans et de l'outillage industriel des gros marteaux de forge

Pendant le Moyen Âge, son usage s’est développé ; le charpentier maître de la construction en bois utilise cet outil, sous la forme d'un maillet ou d'une masse souvent tout en bois, pour faire rentrer de petits morceaux de bois pointus, succédanés du clou ou de la cheville, analogues à un tenon poussé dont le trou initial ou mortaise est effectué au ciseau à bois, et assurer l'assemblage des planches. À cette époque, différents marteaux sont aussi utilisés pour ferrer les chevaux.

En métallurgie, le martelage à chaud du lingot de fer, nommé saumon, loupe etc. lorsqu'elle sortait des bas-fourneaux, représente un opération capitale et assurait la résistance du métal battu en éliminant les diverses scories résiduelles et en resoudant les parties de métal. La matière divisée ainsi expulsée du bloc de fer frappé et battu formaient les battitures.

En métallurgie moderne, la tôle est une feuille de fer ou d'acier plus ou moins épaisse obtenue par laminage[21]. Le palâtre désigne la tôle battue en feuilles minces des anciens forgerons. La verge crénelée est une barre métallique qui n'est pas encore parée et qui porte encore les coups de marteau du dégrossissage. La trousse en métallurgie désigne soit un paquet de barre d'acier destinées à être forgées ensemble, soit un nombre conséquent de feuilles de fer battu et pliés en deux.

Les lourds marteaux mûs par la force hydraulique apparaissent avec les différents battoirs ou battants au XIe siècle, notamment pour fouler les textiles[16]. Un martinet associé à un moulin est attesté en 1116 à Issoudun. Le lexique de ces machines anciennes illustre une vieille association complice du forgeron et du charpentier, pour concevoir une armature contrôlant la mobilité des masses de métal, de plus en plus énormes. La soucherie désigne la charpente de l'équipage d'un gros marteau de forge. Le ressort de marteau est la pièce de bois et de fer fixée par un bout et agissant comme un ressort pour relever le manche d'un gros marteau de forge. L'ordon est la charpente d'un gros marteau de forge, qui a fini par dénommé l'ensemble du marteau, de sa charpente et de l'appareil destiner à l'actionner[22]. Le prince est la pièce principale de l'ordon alors que le montant de l'ordon est le bloc de pierre supportant l'ordon d'un gros marteau de forge. Le drôme est la forte pièce de bois faisant partie de l'assemblage qui supporte le marteau d'une grosse forge. Le court-carreau est la pièce verticale reliée par la drôme à la grande attache du marteau de forge. Le culart en fonderie ne désigne qu'une partie, en reculée, de l'équipage d'un gros marteau de forge. Le rabat, en métallurgie, est le madrier articulé sur un pivot à l'une de ses extrémités et placé au-dessus des gros marteaux et martinets à cingler, de manière à faire ressort et les rabattre sur l'enclume[22]. Le margason est la mortaise où s'engage le manche du marteau, dans une forge à la catalane. La brée est la garniture en fer d'un manche de marteau de forge. Le verbe démarguer signifie en métallurgie enlever et démancher le martinet, et par extension, enlever de l'entaille qui le maintient un outil quelconque, à l'instar du marteau.

Vers les années 1400, le marteau devient l’outil essentiel des cordonniers, qui s’en servent pour attendrir le cuir et pour différents usages. Les paysans n'emploient jamais de faux sans un attirail nommé battements : il s'agit d'un marteau et d'une enclume de taille modeste et aisément portable, pour battre la faux. Dans le Velay, le couple formé par le marteau et une enclumette se dénomme par un curieux pluriel, les marteaux[16].

Les marteaux de mineurs, de carriers ou de tailleurs de pierre se déclinent en grand nombre. Le batterand, en carrière de taille, est un marteau servant à enfoncer les coins dans la roche[22]. La "smille", attestée en 1676, est un marteau à deux pointes avec lequel le carrier pique le moellons pour en régulariser les faces[23]. Cette opération se nommait smillage au cours des chantiers en 1846. Le monde rural a longtemps conservé pour la taille de pierre, le marteau dit à layer, à laie, à laies ou encore le marteau bretelé ou marteau brette, avec une tête biface, pointue et tranchante d'un côté, dentelée de l'autre[16]. La taille de pierre à fusil nécessitait d'écailler le caillou, c'est-à-dire de détacher au moyen du marteau à deux pointes, des écailles de silex pour en faire des pierres à fusil.

Après l'apparition du haut fourneau, la forge, tout en restant le fourneau à soufflerie pour le travail à chaud des métaux, devient l'atelier où les sidérurgistes traitent la fonte pour la transformer en fer malléable et martèlent le métal obtenu, à chaud, pour lui donner différentes formes. Le forgeage de pièces en fer consiste à donner des formes précises au métal en le travaillant au feu et au marteau. Cas particulier, le forgeage à froid correspond au travail du fer sans le chauffer préalablement[22]. Le martelage correspond en métallurgie au travail consistant à battre les métaux à chaud ou à froid pour les forger et leur donner l'ébauche de leur forme définitive. Ce travail est réalisé en martellerie, atelier de forge où le fer est travaillé au marteau. Le fer battu reste le fer travaillé au marteau sur l'enclume. L'adjectif écrené qualifie un fer passé sous le marteau après la seconde chauffe. Le fer étiré qualifie une pièce en fer qui s'est étirée après avoir été battue à chaud. Refouler le fer consiste à battre le fer au rouge à grands coups de marteau. Un fer écroui a été rendu cassant par le martelage à froid. L'écrouissage d'un métal se réfère au verbe écrouir, signifiant "passer un métal à la filière ou battre un métal à froid pour le rendre plus dense et plus élastique.

On doit mentionner dans l'industrie les marteaux frontaux, à bascule ou à soulèvement mus par un moulin à eau comme les vieux marteaux à drômes, les martinets, les marteaux à ordon, les marteaux à soulèvement d'autrefois ou par un moteur comme les marteaux-pilons, gros marteaux de forges où la masse pesante agit verticalement, fonctionnant à la vapeur, à l'air comprimé ou à l'électricité[24]. Selon les standards de l'industrie en 1860, les gros marteaux de forge sont appelés "martinet" si la masse frappante du dispositif est inférieure à 60 kg. Si la masse est supérieure à 60 kg, il s'agit alors de marteaux frontaux ou à soulèvement. Un martinet est un marteau à bascule, mu par une roue à cames, commandée par un moteur quelconque, et qui sert dans les grosses forges à battre le fer[25]. Le marteau à soulèvement est un gros martinet de forme particulière[26]. Un marteau frontal, dénommé simplement le frontal en métallurgie, s'apparente à un gros martinet de forge. Il s'agit d'un gros marteau à soulèvement mécanique dont on se servait dans les forges pour cingler les loupes de fer. Tous ces marteaux ou martinets de forge ne doivent point être trop soulevés par les cames, sinon, ne frappant pas correctement à la bonne distance, ils sont dits "marteaux cavaliers". Une série de pilons ou de marteaux disposés sur la même ligne et fonctionnant simultanément forme une batterie[22]. La bogue, parfois nommée aussi bague ou hurasse, désigne en métallurgie un gros anneau à tourillons fixé au manche des marteaux à soulèvement. L'art de la fonderie contribue à l'équipement et installation des gros marteaux : la hulse ou hurasse est une bague en fonte où passe l'extrémité du manche d'un marteau à soulèvement ou à bascule, la chabotte est une pièce de fonte de grandes dimensions servant de base à l'enclume d'un marteau-pilon.

La forge industrielle a fait muer les définitions traditionnelles : le cinglage est l'opération consistant à chasser, soit par compression, soit par martelage au marteau-pilon, les scories contenues dans une loupe de fer provenant de l'affinage ou du puddlage, et augmenter ainsi la densité du métal. La loupe de fer est une masse de fer fondue et cinglée sur le marteau. En métallurgie, le verbe cingler signifie désormais forger ou corroyer le fer à l'aide de machines appelées cingleuses[22].

Notons que le terme de genre féminin masse était en partie synonyme de marteau au XIXe siècle, ne désignant pas seulement un lourd maillet pour enfoncer des coins dans du bois à fendre pour les bûcherons ou un lourd marteau des carriers. Elle représentait divers marteaux de formes variées, des nombreux marteaux employés par les mineurs, charpentiers, menuisiers, charrons, plombiers aux marteaux des sculpteurs, pour dégrossir le marbre[27]. Pour fendre de grosses bûches ou rondins, le monde rural a longtemps gardé, associée aux coins de bois ou de fer, la masse, gros marteau de fer carré des deux côtés emmanché de bois, très semblable à une masse de carrier et gardant un usage polyvalent, alors que les charpentiers des campagnes désignaient toujours par ce mot un gros maillet de bois[16].

Ce n’est que pendant le XIXe siècle que se développe son usage le plus répandu, enfoncer des clous, des pointes ou poser des rivets en métal. Des centaines de marteaux spécifiques sont brevetés, notamment entre 1867 et 1941 rien que pour le marteau arrache-clou[28]. Au moment où le marteau devient symbole du travail industriel, le mot tend à s'insérer dans des noms composés désignant des machines-outils agissant par percussion : marteau-pilon, marteau-piqueur, marteau-perforateur, machine à emboutir nommée emboutisseuse ou emboutissoir etc. Avec le développement des emboutisseuses ou des puissantes presses, le fer battu qui n'est autre qu'un fer embouti et passé à la presse ouvre la voie vers la fabrication rapide et peu couteuse de divers objets. La machine à emboutir est constituée en principe par un marteau à tête arrondie avec lequel on façonne les métaux suffisamment malléables par chocs successifs et compression.

Le marteau pneumatique, inventé par Charles Brady King en 1890 et présenté à l'exposition universelle de Chicago consiste en un piston fonctionnant à l'air comprimé, qui permet la frappe sur un outil[29]. L'air comprimé libéré pousse vers l'avant le piston solidaire ici d'un marteau. Cette technologie permet aussi la pose de rivets par riveuse pneumatique, le calfatage des navires à coque métallique etc. Cette invention technique aussitôt appliquée dans le bâtiment, les mines et carrières, la construction navale et l'automobile marque une ère de croissance économique, en quête de productivité. Depuis ses lents perfectionnements et l'invention de machines incluant des marteaux jusqu’à nos jours, son utilité s’est beaucoup développée et elle semble ne point se tarir.

Le marteau des institutions

Le marteau est aussi un outil de marquage du temps défini et de l'ordre institutionnel transitoire. Le marteau du commissaire priseur d'une vente légale ou de l'adjudicateur de biens, en pratique bien souvent un petit maillet qui heurte un plan, une table ou un pupitre, rappelle le marteau de justice qui entérinait par un coup bref la décision ou la justice rendue. Héritier des antiques gruarii, anciens gruyères, garde-forestier des domaines privés ou officier forestier sous obédience seigneuriale ou royale, le corps des eaux et forêts a gardé l'emploi de marteau spécifique en fer ou acier, dont le gros bout porte une marque en relief, qui s'imprime par frappe à bonne hauteur du fût, nettoyé ou aplani par la longue panne, parfois une sorte de hachette, en opposition de la première qui martèle[30],[31]. Le martelage forestier consiste à entailler l'écorce ou former une surface lisse, avec le côté de tête du marteau faisant hachette, et à marquer avec le côté plat le code référencé du propriétaire et/ou de l'ordre d'abattage sur la surface du tronc lissée ou mise à nu.

Variété et usages des marteaux

Marteau de charpentier, avec arrache clous
Type
Petit marteau spécifique de chapentier, pour planter ou arracher des clous, ajuster un montage de bois etc.
Caractéristiques
Composé de
Poignée, striker (d), tête de marteau (d)
Utilisation
Utilisateur
Charpentier, charpentier-couvreur (clou du lattis)
Usage
Pose de charpente, réparation, démontage d'ouvrage en bois

Il existe différents types : marteaux à tête plate, marteaux à tête ronde versus carrée, etc. mais au bilan en délaissant ces catégories, plus d'un millier de marteaux à main différents ayant une fonction spécifique d'outil[32]. Mieux vaut effectuer un tour d'horizon, nécessairement ancré dans le XIXe siècle industriel cachant le siècle précédent qui a vu une apogée de l'outillage manuel, des métiers conservant l'usage du marteau ou d'un marteau spécifique, et procédé en distinguant le secteur du bâtiment, le travail des métaux, les arts et métiers et autres professions :

Gros et petit œuvre

Le marteau de charpentier à panne fendue, dénommé "tille" ou marteau arrache-clou peut être un emblème. Mais le marteau à dent, fourchu pour arracher les clous, comme celui à pied de biche est très commun et n'est pas spécifique etc.

Le marteau de menuisier est souvent spécifique; Le maillet est un marteau tout en bois, en usage chez les charpentiers, menuisiers, tonneliers, charrons etc[25]. Le marteau à plaquer présente une panne fort large, et sert pour la placage des meubles[33]. Le marteau de placage est utilisé en marqueterie ;

Le ramponot ou ramponneau est le marteau de tapissierLe marteau particulier du vitrier se nomme besaiguë ou bisaiguë ;

Parmi la panoplie du maçon, citons le grelet dit encore gurlet, marteau à panne allongée, le marteau à bretter, la masse, gros marteau pour débiter les moellons, la massette, marteau à long manche pour casser les pierres, le picot dit aussi "dégrade-joint", la smille pointu des deux bouts etc.. Il se sert aussi de la boucharde pour concasser du ciment, de la pierre ou du marbre[25] ; La pierre hachée dénomme la pierre dont les parements sont dressés avec le marteau à bretter. Le décintroir est une sorte de marteau à deux taillants tournés en sens inverse, qui sert à écarter les joints dans les démolitions, à régulariser les côtés d'une baie dans les murs etc. En construction, le refouillement est l'évidement pratiqué dans une pierre avec le poinçon et le marteau.

Le marteau de couvreur, rond d'un bout, pointu de l'autre, est souvent nommé esse, asseau ou assette, il emploie aussi la tille marquée par une face tranchante ou le martelet qui est un petit marteau de couvreur en tuiles. L'asseau, parfois asse ou assette est un marteau dont la tête est incurvée en arc de cercle, et porte un tranchant à l'une de ses extrémités, il sert à couper et à clouer les ardoises. La lame à deux tranchants est aussi un marteau spécifique de couvreur, pour tailler les ardoises ou les lauzes[25]. Le marteau à ardoise, de l'ouvrier ardoisier ou couvreur d'ardoises, sert à tailler l'ardoise, à la percer, produisant un trou pour l'introduction de clou. La "hache d'ouvrage" employée dans les ardoisières prend la forme d'un marteau à tête et à tranchant pour détailler les blocs et les séparer en feuilles que l'opérateur recoupe ensuite[25]. Pour l'ancien plombier zingueur, le matoir pouvait être un ciseau à écraser le plomb, ou, un outil en forme de batte ou de marteau léger en bois pour rabattre la feuille de zinc, sur les toitures et autres évacuations d'eau des constructions. Ce dernier de couvreur-zingueur se nomme rabattoir par sa fonction.

Parmi les marteaux de tailleur de pierre, rappelons la boucharde, la laie ou marteau bretté, la marteline, la massette, gros marteau à double panne carrée et cintrée, la polka arborant un biseau simple et un biseau dentelé, le rustiqué, la smille, etc. ; La boucharde dont se servait aussi les marbriers, les cimentiers, les bitumiers etc. était définie comme un ciseau portant des pointes et des aspérités. Elle se décline en rouleaux à pointe ou en marteau à une ou deux têtes interchangeables. La marteline est un marteau de fer pointu d'un côté et diamanté de l'autre, servant à piquer et égrener la pierre ou le marbre sans faire d'éclats, il est possible d'utiliser différents ciseaux d'aspect similaires et de même dénomination en les frappant avec un simple marteau[25]. La laie peut désigner : i) un marteau à deux têtes, dénommé aussi marteau bretté, utilisé pour dresser les parements des pierres ii) un marteau à panne unique et tranchante, servant pour piquer les moellons. Une pierre layée désigne une pierre qui a été travaillée à la laie. Le rustiqué est un marteau qui présente des extrémités aplaties dans le sens du manche, offrant des tranchants découpés en forme de dents. Si une pierre rustiquée est celle qui a été hachée, dressée, puis grossièrement piquée à la pointe du marteau, la pierre smillée est équarrie et grossièrement façonnée à la pointe du marteau. Le smillage est un travail de dégrossissage appliqué au moellon brut et aux pierres meulières. Smiller consiste à piquer le grès ou les moellons avec la smille.

Le marteau peut aussi frapper divers burins et ciseaux pour façonner la pierre. Le repoussoir est un ciselet ou fer carré de tailleur de pierre servant à "pousser des moulures".

Travail du métal et mécanique en général

Concernant les marteaux de forge d'autrefois, il en existe de modestes dans l'atelier et des énormes dans les installations d'industrie. Pour manipuler les gros marteaux, l'ouvrier disposait d'un "ressort de marteau", pièce de bois ou de fer fixé par un bout et agissant comme un ressort pour relever le manche d'un gros marteau de forge. La partie inférieure d'un gros marteau de forge est nommée panne. Parmi les plus petits marteaux de forge, citons le marteau d'établi et le rivoir. Mais ce dernier marteau qui permet de marteler à froid, faire les rivures est aussi employé par l'ajusteur mécanicien pour la pose de rivets. Le matoir est un marteau à river à chaud. Rappelons que le verbe river signifie aplatir ou recourber à coups de marteau la tête d'un clou ou d'une broche de fer. Le rivet s'apparente ainsi à un clou ou une cheville métallique qui sert à réunir et associer deux bandes de tôle en chaudronnerie, en charpenterie ou constructions métalliques. Ses extrémités au terme du montage sont aplaties à coups de marteau, dénommé rivoir, au moment de la mise en place et de la fixation définitive. L'expression "river en goutte de suif" signifie "donner à la tête aplatie une forme arrondie avec le rivoir". Une machine à river se nomme aussi rivoir ou encore riveuse[22].

Le ""resuage" désigne précisément l'expulsion des scories lors du cinglage de la loupe de fer, au martinet ou au marteau-pilon. Cette opération autrefois méticuleuse et coûteuse, en temps et énergie, était nécessaire pour obtenir un métal de bonne cohésion, la fabrication à moindre coût ou à la va-vite des rivets et tirants en fer de la partie avant du Titanic explique leur faible résistance et la rapide submersion de la coque du navire pourtant compartimentée. L'applatissoir est une sorte de marteau servant à aplanir les métaux[34]. Le "marteau à frapper devant", manœuvré autrefois à la forge par un ouvrier nommé le "frappeur", sert à battre et frapper les grosses pièces de fer destinées à la fabrication des armes à feu. Le marteau à main, moins gros que le précédent, permet la forge des pièces de moyenne grosseur dans les mêmes fabrications[33]. Le fonçoir est un marteau de forge à panne tranchante, le frappe-devant est un gros marteau de forge à long manche.

Le travail à la forge s'effectuait autrefois à plusieurs forgerons, avec une cadence déterminée et une coordination impérative. Le verbe rabattre signifie régler à la forge les coups de marteaux à frapper devant. L'expression "rabattre en premier" se dit lorsqu'il y a trois frappeurs sur l'enclume. L'expression "rabattre en second" lorsqu'il y a quatre frappeurs. L'expression "rabattre court" signifie frapper le plus promptement possible après le premier frappeur. Notez que le verbe est ambivalent, puisque rabattre correspond aussi au travail pour former la tête d'un clou ou à défaut frapper sur une vis, cheville, clavette etc. pour la déformer durablement et mieux la fixer dans le dispositif rendu indémontable. Cette dernière opération correspond au verbe refouler : en effet, refouler un boulon consiste à l'enfoncer à refus dans son logement en écrasant la tête à coups de marteau. L'instrument en mécanique qui effectue cette opération est un refouleur ou refouloir.

Le marteau à sertir est un marteau très-petit ayant une partie arrondie en goutte de suif, une autre obtuse et dont l'opérateur se sert pour rabattre les sertissures d'une garniture. Le marteau à emboutir sert surtout à creuser un vase sur une espèce de moule ayant la même forme, et portant le nom de dé : c'est un gros marteau en bois dont un embout démesuré sert à donner une forme grossière à une pièce plate. La sonnette est un marteau servant à prendre, au poinçon, une empreinte en creux sur la matrice[22].

Il existe aussi le marteau à rentrer, à suager, à degrés, à boudin, à grain d'orge, à paume en long, à deux haches, à pioche. Le matoir est un outil qui sert à mater ou matir une surface métallique, c'est- à-dire à la rendre mat, sombre ou dépolie. Le flatoir est une sorte de marteau léger employé par les ouvriers en métaux. En mécanique, le verbe flatir a fini par signifier "battre un flanc, c'est-à-dire chacune des faces intérieures d'une roue d'engrenage, sur l'enclume pour l'aplatir"[22]. Le repoussage est un travail effectué au marteau sur des plaques de métal auxquelles l'ouvrier donne des formes variées et apporte des ornements. Pour affiner son méticuleux labeur, l'ouvrier repousseur sur métaux utilise divers ciselets, nommés "repoussoirs".

Les travaux de moulage utilisent divers marteaux : la robine s'apparente à un petit marteau de bois, à tête circulaire assez large, avec lequel le mouleur tasse le sable dans le moule[22].

Parmi les marteaux de maréchal-ferrant, signalons le "marteau à panne" pour battre le fer, le "ferretier" ou "ferratier" qui lui sert à préparer et poser les fers, le brochoir pour ferrer les chevaux, la mailloche etc. L'étampe dénomme le poinçon employé pour percer les trous dans les fers à cheval qu'il prépare. Ces trous sont évidemment prévus pour y faire passer les clous de fixation : un apprenti étampe gras lorsqu'il perce les trous très près du bord intérieur du fer à cheval, et a contrario il étampe maigre lorsqu'il perce plus près du bord extérieur du fer à cheval. Le verbe étamper signifie exécuter un travail avec l'étampe, car le mot étampe est polysémique, désignant d'ailleurs en premier lieu une matrice en acier produisant, par effet de pression, des empreintes en creux ou relief, à froid ou à chaud[35].

Un fabricant d'épingle emploie une étampe, c'est-à-dire un poinçon pour façonner les têtes d'épingles. Le verbe fesser signifie "battre fortement sur un billot le fil de laiton servant à fabriquer des épingles".

Les marteaux de mécanicien sont multiples : gamme de marteaux d'établi, rivoir etc.. En mécanique, le pointeau est une pointe tronconique en acier sur lequel on frappe avec le marteau. Afin de marquer le place d'un futur trou dans une pièce de métal, l'ouvrier mécanicien frappe avec un marteau sur le pointeau, le trou est effectué au poinçon ou à la perceuse ou foreuse. Le pointeau est aussi un petit poinçon pour percer les fers minces.La martoire est un marteau à deux pannes employé par les serruriers. En serrurerie, le lardon était un marteau de fer ou d'acier, introduit dans les crevasses d'une pièce à forger, pour les faire disparaître, par la soudure à chaud de ce morceau avec la masse[25]. L'étampe désigne en serrurerie un outil pour river les boulons. Le moine est une sorte de masse ou de marteau à tête pointue qui permet d'enfoncer des chevilles à tête perdue. Un pannoir est un marteau destiné à aplatir la tête des aiguilles.

La masse est un marteau de charron pour enrayer les roues. Le chasse carrée est le marteau à deux tête du même artisan traditionnel pour enfoncer les cercles de fer sur les moyeux[22]. Le marteau postillon, marteau rivoir et marteau à garnir sont utilisés en carrosserie[36] ;

Le coutelier travaille à la lime et au marteau, il épaule, c'est-à-dire il fait baisser une partie et fait monter l'autre partie de la lame. Le ferblantier d'antan, ouvrier marteleur, employait le bordoir, petite enclume, pour rabattre les bords de la tôle et du fer blanc. La languette désignait la feuille de fer battu qui a reçu une préparation préliminaire, juste avant d'être étamée et transformée en fer blanc.

Citons les marteaux à battre et à enlever le cuivre du dinandier ou chaudronnier de cuivre. Le verbe enlever signifie en premier lieu "battre avec le marteau à tête ronde le fond d'une pièce de chaudronnerie sphérique", mais aussi "aplanir au marteau les bosses existant sur une feuille de cuivre". Le sous-planage, consistant à aplanir et régulariser la surface de deux pièces de tôle ou de cuivre assemblées à angle droit, est un travail de chaudronnerie exécuté au marteau. L'ouvrier planeur nettoie son marteau sur un morceau de bois, nommé bâton de planeur. Les machines à planer qui égalisent et plissent les métaux ont pris la place des ouvriers planeurs. Le paillon désigne la feuille de cuivre battu très mince.

"Monter une pièce d'étain" signifie la battre sur l'enclume.

Le pifre est le gros marteau de l'ouvrier batteur d'or. Le battage d'or est l'aplatissage au marteau de l'or qui est transformé en feuille ultra-mince. L'or battu est essentiellement un or réduit en feuilles minces pour la dorure. Une vieille terminologie caractérise ce métier ancien : l'arrondissage désigne l'aplatissage d'un lingot d'or au moyen du marteau. Le verbe chasser signifie "commencer à étendre les feuilles avec le marteau. Le verbe fermer signifie "continuer à étendre les feuilles d'or sous le marteau". La main dénomme une série de 24 coups de marteau successifs frappé sur la feuille de métal[22]. Le verbe gironner correspond à "travailler au marteau une pièce d'orfèvrerie que l'on veut arrondir". Le maniage est l'opération consistant à faire glisser les unes sur les autres les feuilles d'or à battre pour éviter qu'elles n'adhèrent ensemble. L'emplure est le quartier de parchemin placé par le batteur d'or sur les feuilles à battre. Le fourreau est un sac formé de feuilles de parchemins superposées dans lequel le batteur d'or enferme les feuilles métalliques à battre. Le verbe enfourrer signifie disposer les feuillets de vélin dans leurs fourreaux pour les battre. Le drapeau est un petit morceau de drap dans lequel le batteur d'or fait passer les feuilles battues[22]. Le quartier est le morceau de métal laminé que le batteur d'or soumet à l'action du marteau.

Il existe une large gamme de petits marteaux d'orfèvres-bijoutier pour frapper et presser le métal sans le casser. L'orfèvre possède même un outil particulier, le bouge, qui lui sert à travailler les parties que le marteau ne peut atteindre. Le marteau à ciseler en est une variante. Il y a des parties que le marteau du ciseleur ne peut atteindre, ce dernier opérateur utilise un ciselet, nommé planoir, pour les aplatir[22]. Pour les pièces creuses, le verbe écolleter signifie "élargir le bord supérieure de la pièce sur la bigorne, avec un marteau, pour lui donner la forme souhaitée". Le filet est le trait d'or ou d'argent battu, une fois dévidé mais sans enroulement sur la soie.

Marteaux utilisés en orfèvrerie.
  • marteau à pointes,
  • Le marteau à dent présente un côté fourchu, qui sert à arracher les clous.

Autres Arts et métiers

Les carriers utilisaient le mail ou la mailloche, gros marteau de fer pour enfoncer les coins dans la roches, le têtu, gros marteau carré à panne dentée, servant à abattre la pierre et à la détacher de son lit, le picot, marteau pointu avec lequel on soulève les pierres etc.; Le marteau à piquer les meules est spécifique.

La masse est un marteau de sculpteur pour dégrossir la pierre taillée ou le marbre. Le sculpteur manie divers ciseaux en les percutant au marteau ou plus souplement au maillet.

Outre le marteau d'assiette ou de paveur, pour poser le pavé, l'art du pavage emploie l'épinçoir, gros marteau court à biseau peu tranchant, pour fendre les pavés et façonner les parements, d'où l'épinçure qui désigne un fragment détaché d'une pierre ou d'un pavé par cet outil ou encore l'expression "épincer le pavé", c'est-à-dire le tailler par ce moyen.

  • marteau de charbonnier ;
  • marteau d'électricien ;
  • marteau à piquer les soudures ;

La tille présentant une face tranchante est un marteau de tonnelier, le paroir à panne tranchante également pour parer l'intérieur des tonneaux[25]. La mailloche est une variété particulière de maillet de bois employé par les fabricants de cerceaux et les tonneliers. L'expression "rebattre un tonneau" équivaut à en resserrer les douves en frappant à coup de maillet sur les cercles pour les chasser du côté de la bonde.

Citons le marteau à battre le cuir ou marteau de cordonnier qui employait aussi un marteau à clouer.

Le taquoir est un morceau de bois dur en forme de parallépipède, sur lequel l'ouvrier typographe frappe avec le marteau pour niveler les caractères d'une forme. Autrement dit, il taque, puisque le verbe taquer signifie "égaliser le niveau d'un forme avec le taquoir". Le verbe desserrer en typographie équivaut à enlever les coins serrant une forme d'imprimerie à l'aide du marteau, puis du décognoir et de la clef.

Les relieurs emploient aussi un marteau à battre, dont la convexité se nomme panse. La batture dénomme l'opération de reliure consistant à battre les feuilles d'un volume avec un marteau de forme particulière afin d'en diminuer l'épaisseur.

  • Rappelons le marteau d'accordeur de piano forte, où chaque touche du clavier commande un petit marteau actionneur, qui a remplacé le sautereau ou languette de bois mince agissant sur les cordes vibrantes des clavecins ; Le longuet désigne un marteau de facteur de pianos, il permettait d'enfoncer dans la table les chevilles de fer, auxquelles sont attachées les cordes métalliques vibrantes[25].

Autres professions

L'entretien des chaudières ou la maintenance d'installations diverses nécessite du surveillant ou opérateur un simple marteau. L'expression "piquer une chaudière" signifie détacher le tartre adhérant aux parois à l'aide d'un marteau pointu. Le verbe émotter employé dans les sucreries ou raffineries signifie "briser à coups de marteau ou de maillet de bois les blocs de sucre agglomérés".

La picoche sert à détacher le sel incrustant les chaudières marines.

Sports, exploration, arts libéraux (droit ou médecine)

Outils proches, parfois assimilables

La masse désigne aujourd'hui diverses sortes de gros marteaux, employés en percussion par les tailleurs ou les bûcherons. Une pioche ou un piolet ne se range pas dans la catégorie des marteaux, même s'il existe des formes hybrides associées à diverses activités.

Le maillet est généralement assimilé à un marteau plus ou moins léger, il n'est pas stricto sensu un marteau qui comporte normalement une tête métallique, car il est tout en bois à l'origine. La tête est faite aujourd'hui de matériau comme le bois ou le caoutchouc, ou encore en laiton, métal assez facilement déformable ou en matériaux plastiques. La batte par sa fonction uniquement et non par sa forme est, à la rigueur, assimilable à un marteau léger dont le point servant à la percussion est plat ou strié. Elle est utilisée en carrosserie pour le planage (finition du redressage) des pièces. Le rebatoir est une batte pour fouler et rebattre les briques et carreaux de terre.

Un mouton est une masse de fer, de fonte ou de bois armé de fer, agissant le plus souvent par son poids et qui sert à enfoncer et à battre des pieux. Le pisoir ou pison est une masse de bois dur à long manche servant à battre et comprimer la terre dans la banche pour la rendre plus compacte avant d'en faire du pisé. Le rebatoir est une batte pour fouler et rebattre les briques et carreaux de terre.

Héraldique, blasons et emblèmes politiques

N'oublions que le marteau d'armes est une arme de guerre. Le martel de la connétablie est l'emblème de la charge de connétable.

Des familles nobles allemandes ont revendiqué cette fonction dirigeante particulière à la cour royale, au moins depuis la dynastie carolingienne.

Représenté avec une enclume, le marteau symbolise souvent une forge sur les médailles et les monnaies. Le marteau, emblème du travail industriel, associé avec une faucille caractéristique des récoltes agricoles d'antan constitue un symbole graphique utilisé pour représenter les régimes politiques adhérant au communisme d'état. Il dépeint le marteau du prolétariat ouvrier et la faucille de la collectivisation agricole, éradiquant le monde paysan d'autrefois que l'état matérialiste relègue au musée ; leur jonction symbolise l'union entre les travailleurs agricoles et industriels. (Voir Faucille et marteau.)

La faucille et le marteau.

Arts et littérature, musique et religion mystique

Le marteau est omniprésent dans le monde de l'artisanat, comme dans les conceptions culturelles les plus diverses.

Rûmî, poète et maître soufi d'origine persane, est l'inventeur à Konya de rituels de méditation religieuse et de musique sacrée, de chants et de danses associées aujourd'hui encore au mode de vie des confréries de derviches tourneurs. Déambulant au sein du quartier marchand de sa ville d'adoption, le poète mystique triste et éploré par la disparition de ses maîtres, à la fin des années 1240, s'arrête en écoutant attentivement le martèlement strident et cadencé de l'orfèvre et entre, selon la légende, en extase. Ce dernier artisan assidu à son établi qui façonnait et ciselait à l'aide d'un petit marteau une délicate œuvre en or, serait, sans le savoir, à l'origine de l'écoute spirituelle ou sāmà enseigné par le maître soufi.

René Char dans son opus "Le Marteau sans maître" semble nous dire que la poésie doit être martelée, comme les syllabes qui la composent avec puissance et insistance, et nous ouvrir une voie libre, propre à chacun pour nous échapper de toute emprise ou sujétion. Pierre Boulez y a perçu une correspondance adaptée à la création musicale.

L'aphorisme de l'écrivain Milan Kundera résume une pensée sur l'outil, mais aussi l'outillage concret ou mental avec les moyens humains : "Un ouvrier peut être le maître du marteau, mais le marteau dicte sa loi"

Notes et références

Bibliographie

  • Marcellin Berthelot (dir.), La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, collectif -société de savants et gens de lettres, en 31 volumes, H. Lamirault et Cie, éditeurs, Paris, 1885-1902. En particulier, tome 23, MAO-MOISSON, Entrée Marteau p. 316-319 avec les partitions suivantes I Archéologie : marteau d'armes, II Architecture : marteau de porte, III Technologie, IV Physique : marteau d'eau, V. Jeu, VI Anatomie VII Pathologie. Autre entrée voisine, Martelage avec I. Techniques du fer II. Jurisprudence III Administration forestière.
  • Henry de Graffigny, Dictionnaire des termes techniques employés dans les sciences et dans l'industrie, Imprimerie Deslis Frères (Tours), H. Dunod et E. Pinat éditeurs, Paris, 1906, 839 pages, préface de Max de Nansouty. Recueil de 25.000 mots techniques avec leurs différentes significations. Entrées Marteau page 508-509, martinet, martoire p. 509, masse, massette p. 510, matoir p. 511, moine p. 529, ordon (marteau de forge) p. 567, pannoir p. 583, paroir p. 590, picoche p. 614, picot p. 615, pifre p. 619, polka p. 642, ramponot p. 679, rivoir ou marteau à river p. 705, robine p. 706, smille p. 738, sonnette p. 741, têtu p. 778, tille p. 783-784, trembleur p. 797, applatissoir p.31-32, asseau p.46, batterand p. 79, brochoir p. 120, chasse carrée p. 166, décintroir p. 253, ductilimètre p. 291, épinçoir p. 329, esse p. 337, flatoir p. 367, fonçoir p. 371, frappe-devant p. 379, frontal p. 381, grelet ou gurlet p. 410, hache d'ouvrage p. 417, laie ou marteau bretté p. 469, lame à deux tranchants p. 470, lardon p. 475, longuet p. 491, mail ou mailloche, maillet p. 499. Parmi une centaine d'autres entrées concernant les divers marteaux.
  • Charles Laboulaye (1813-1886), Dictionnaire des arts et manufactures, et de l'agriculture, formant un traité complet de technologie, en trois tomes, Librairie du dictionnaire des arts et Manufactures, Imprimerie E. Campiomont et V. Renault, 6e édition, Paris, 1886, en particulier Tome 2, Lettres E à M, articles décrivant les procédés de l'industrie non paginés "marteau" et "marteau à vapeur".
  • Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, Les mots du passé, Librairie Arthème Fayard, 1997, 1766 pages. Entrée marteau, p. 1102. Lire aussi l'entrée masse.
  • Pierre Larousse (dir.), Grand dictionnaire universel du XIXe siècle : français, historique, géographique, mythologique, bibliographique...., en 17 volumes, Administration du grand Dictionnaire universel, Paris, 1866-1890, en particulier Tome 10 L-MEMN, entrée marteau, martel (vieux français), martelé (adjectif), marteler (verbe) p. 1266-1269.
  • Jean-Paul Paireault, Le grand livre de l'outil, Centre France Livres SAS, De Borée, 2020, 2e édition, 349 pages, (ISBN 978-2-8129-2672-3). En particulier, divers marteaux (outils anciens) présentés et illustrés p. 212-219, mais aussi l'asse p. 26, la boucharde p. 47, le brochoir p. 52, le maillet p.207, la mailloche du meunier p. 208, la masse et la massette, p. 220-222, polka p. 263, smille p. 313. Voir aussi les bédanes et la bigorne p. 41, les chasses p. 68, les ciseaux (équivalents de burins) p. 76-77, les clous p. 88, les enclumes p. 137-141, la gradine p. 182, la guilloche p. 183 etc.
  • Dave Pahl, The improved hammer : a guide to identification history and evolutions of the hammer, édité par The Hammer Museum, 23 Main Street P.O. Box 935 Haines AK, année 2022.
  • Eric Schulman, "Le marteau arrache-clou", in 1001 inventions qui ont changé le monde, Flammarion, 2010, 959 pages, (ISBN 978-2-0812-2666-1) en particulier article mentionné p. 127. Lire aussi en corrélation Margaret Fricker, "Le levier et le clou", p. 114, B. James Mac Callum, "Le marteau pilon" , p. 312, David Hawksett, "Le marteau pneumatique", p. 472.

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