Golda Meir (en hébreu : גּוֹלְדָּה מֵאִיר, connue aussi sous le nom de Golda Meirson), née Golda Mabovitch à Kiev le et morte à Jérusalem le , est une femme d'Étatisraélienne. Elle a participé à la création de l'État d'Israël, a été ministre des Affaires étrangères, ainsi que la quatrième Première ministre d'Israël du au .
En raison de sa fermeté et de ses victoires sur le plan militaire, elle a été surnommée la « Dame de fer » avant que ce qualificatif soit repris pour Margaret Thatcher[1], Première ministre du Royaume-Uni. Pendant sa vie politique, Golda Meir a été surnommée « meilleur homme du gouvernement » (par Ben Gourion) et « grand-mère d'Israël » par la presse populaire.
Elle a été la première femme Premier ministre en Israël et la troisième femme dans le monde à ce niveau de responsabilité (seules Sirimavo Bandaranaike au Sri Lanka et Indira Gandhi en Inde l'ont précédée).
Golda Mabovitch naît à Kiev en Ukraine au cœur de l'Empire russe, dans une famille nombreuse juive non pratiquante mais traditionaliste. Elle est le septième des huit enfants[note 1] de Blume Neiditch et de Moshe Mabovitch (ou Mabowitz), modeste menuisier et ébéniste qui milite dans des cercles sionistes-socialistes clandestins[2]. Fuyant les pogroms et la zone de résidence imposée par le tsar à ses sujets juifs, son père choisit d'émigrer vers les États-Unis en 1903 et de s'installer dans le Wisconsin, à Milwaukee, où sa famille le rejoint en 1906. Elle y reçoit une éducation juive, aide sa mère dans la petite épicerie qu'elle tient dans un des quartiers populaires de la ville, tandis que son père est devenu cheminot[3].
À l'âge de 14 ans, alors qu'elle veut poursuivre des études supérieures pour devenir enseignante, elle quitte la maison de ses parents qui souhaitent la marier à un homme plus âgé. Elle rejoint sa sœur Sheyna à Denver et y rencontre Morris Meyerson (nom anglicisé en Meirson), un jeune peintre d'affiches qu'elle épouse le [4].
Suivant sa sœur qui l'a précédée dans son engagement sioniste, elle commence sa vie militante à 18 ans dans des réunions politiques, au cours desquelles elle prend la parole pour défendre un sionisme socialiste. Elle organise des marches de protestation et rejoint le mouvement marxiste Poale Zion[5].
Le son père devient citoyen américain sous le nom de Morris Mabowehz. Elle obtient cette citoyenneté par filiation. Le Golda, son mari et sa sœur Sheyna font leur alya : ils embarquent à bord du SS Pocahontas (en) et émigrent vers la Palestine alors sous mandat britannique[6].
À leur arrivée, ils rejoignent le kibboutzMerhavia et leur vie est faite d'arbres à planter, de cuisine et de travaux de la ferme. Golda commence alors à s'affirmer en tant que leader. Elle est notamment choisie par son kibboutz comme représentante auprès du syndicat de la Histadrout (embryon du futur parti travailliste) jusqu'en 1924, date à laquelle son mari et elle-même choisissent de quitter le kibboutz pour déménager à Tel Aviv, puis à Jérusalem. Ils y ont deux enfants : Menahem né en 1924 et Sarah née en 1926[7].
Lorsque Golda doit retourner avec ses enfants à Tel Aviv en 1928 pour y devenir secrétaire générale des Moetzeth Poaloth (le Conseil ouvrier féminin de la Histadrout), son époux reste seul à Jérusalem jusqu'à sa mort en 1951, le couple étant séparé depuis 1940 mais n'ayant jamais divorcé[8]. Elle gagne progressivement en influence au sein du Comité central de la Histadrout qui compose une forme de gouvernement de l'ombre, dans l'attente de la création de l'État d'Israël. En 1930, elle est une des fondatrices avec David Ben Gourion du parti Mapaï[9].
En 1938, elle est nommée « observateur juif de Palestine » à la conférence d'Évian, et en 1940 elle devient directrice du département politique de la Histadrout[10].
En 1946 le pouvoir britannique arrête de nombreux leaders politiques sionistes de Palestine, mais Golda Meir y échappe et prend alors en charge l'organisation. Elle négocie avec les Britanniques tout en restant en contact avec le mouvement de guérilla.
Le Golda Meir est parmi les 24 personnalités (et une des deux femmes) qui signent la déclaration d'indépendance de l'État d'Israël. Le lendemain Golda Meir reçoit le premier passeport israélien édité pour se rendre aux États-Unis et y collecter des fonds[11].
À son retour elle devient la première ambassadrice israélienne en Union soviétique, poste qu'elle quitte en 1949 pour rejoindre la Knesset, le parlement israélien, où elle siégera jusqu'en 1974.
De 1949 à 1956 elle est ministre du Travail. En 1956 elle reçoit le portefeuille des Affaires étrangères dans le gouvernement de David Ben Gourion, qui dit d'elle qu'elle est « le seul homme de son cabinet ». Il lui fait changer son nom de famille pour un nom hébreu, Meir (abréviation de son nom marital Meirson), qui désigne un « éclat brillant »[12].
En 1965 elle quitte le gouvernement, fatiguée par l'exercice de ses responsabilités. Elle est rapidement rappelée aux affaires pour prendre la fonction de secrétaire générale du parti travailliste pendant huit mois, avant de se retirer à nouveau le .
À la mort soudaine de Levi Eshkol le le parti la choisit pour devenir Première ministre.
L'état d'esprit des Israéliens pendant le mandat de Golda Meir est une confiance totale, notamment liée à la victoire écrasante et aux conquêtes de la guerre des Six Jours de 1967. Golda Meir n'a jamais jugé nécessaire de rechercher des compromis avec les Palestiniens. À ce sujet, on lui attribue ces phrases qui auraient été prononcées lors de conférences en 1957 et 1969 : « Quand la paix viendra, nous pourrons sans doute un jour pardonner aux Arabes d'avoir tué nos fils. Mais il nous sera beaucoup plus difficile de leur pardonner de nous avoir contraints à tuer les leurs ». « La paix viendra quand les Arabes aimeront leurs enfants plus qu'ils ne nous haïssent »[13]. L'authenticité de ces propos a toutefois été mise en cause par une enquête fouillée du quotidien israélien Haaretz en 2015[14].
Elle nie l'existence d'un peuple palestinien en affirmant le : « Il n’y a jamais rien eu de tel puisque les Palestiniens n’ont jamais existé » ; ainsi que le : « Comment pourrions-nous rendre les territoires occupés ? Il n’y a personne à qui les rendre »[15]. Golda Meir exprime son point de vue lors d'un entretien télévisé avec le journaliste Edwin Newman sur NBC News en 1973[16] : il n'y a jamais eu d'État palestinien, c'est la Société des Nations qui a découpé artificiellement la Syrie en mandat français (Syrie et Liban actuels) et mandat anglais, et les Britanniques, qui découpèrent ensuite leur territoire entre rive droite (Transjordanie) et rive gauche (Palestine) du Jourdain[17]. Selon Golda Meir, les Arabes de Palestine ne diffèrent en aucun point (religieux, culturel, ethnique, historique) des Arabes de Jordanie, la distinction venant du découpage britannique de 1922. L’argument est donc qu'un « peuple palestinien » est une invention politique destinée à contester la souveraineté d'Israël et que leur situation de réfugiés vient de la politique délibérée des États arabes de refuser leur intégration pour les instrumentaliser contre Israël[16].
Son mandat est marqué par des troubles au sein de la coalition au pouvoir et par un manque de direction. Cela se traduit par la mauvaise utilisation des informations transmises par le Mossad, qui permet le succès initial de l'attaque surprise par les armées arabes le jour du Yom Kippour en 1973. À l'issue de la guerre du Kippour Golda Meir démissionne le , et Yitzhak Rabin lui succède. Elle prend sa retraite politique et se retire principalement au kibboutz Revivim dans la maison de sa fille Sarah[18].
À l'automne 1978, elle est hospitalisée à l'hôpital Hadassah de Jérusalem, où elle meurt à l'âge de 80 ans d'un probable lymphome de faible malignité compliqué à la fin de métastases osseuses et hépatiques. Le diagnostic de maladie de Waldenström a été évoqué[19]. Sa disparition donne lieu à plusieurs hommages de personnalités politiques à l'international[20].
Le Golda Meir est inhumée dans le carré des « Grands de la nation » du mont Herzl à Jérusalem[21].
En 1977 Anne Bancroft joue le rôle de la femme politique dans la pièce Golda de William Gibson. En 2003 l'actrice américaine Tovah Feldshuh retrace sa trajectoire politique dans Golda's Balcony (en), seconde pièce de Gibson sur la vie de Meir. Ce one-woman show est controversé, Gibson y suggérant que Golda Meir aurait envisagé d'utiliser des armes nucléaires pendant la guerre du Kippour, ce qui aurait pu déclencher une Troisième Guerre mondiale.
En 2019 Tovah Feldshuh interprète son rôle dans Golda's Balcony réalisé par Scott Schwartz. En 2023 Helen Mirren joue le rôle du Premier ministre dans le biopic Golda de Guy Nattiv (en)[22].
Golda Meir, La Maison de mon père, traduit de l'hébreu par Pierre Lurçat, Paris-Jérusalem, Éditions l'Éléphant, coll. « La Bibliothèque sioniste », 95 p., 2022.
(en) Menahem Meir (trad. Ma mère Golda Meir : évocation de la vie d'un fils avec Golda Meir), My Mother Golda Meir : A Son's Evocation of Life With Golda Meir, Arbor House Pub Co, (ISBN978-0-8779-5415-6).
Sarah Frydman, Les Deux Piliers d'Israël : Golda Meir et Menahem Begin, Éditions du Rocher, , 273 p. (ISBN978-2-2680-3960-2).
(en) Francine Klagsbrun (en) (trad. Lionne : Golda Meir et la nation d'Israël), Lioness : Golda Meir and the Nation of Israel, Schocken; Reprint édition, , 864 p. (ISBN978-0-8052-1193-1).
Claude-Catherine Kiejman, Golda Meir, une vie pour Israël, Tallandier, coll. « Poche », , 352 p. (ISBN979-1-0210-5196-6).
Golda Meir et Pierre Lurçat (Sous la direction de, Traduction), La maison de mon père : Fragments autobiographiques, Independently published, , 95 p. (ISBN979-8-7964-2823-8).
(en) Charles River Editors (trad. Golda Meir : La vie et l'héritage de la seule femme à avoir été Premier ministre d'Israël), Golda Meir : The Life and Legacy of the Only Woman to Serve as Israel’s Prime Minister, Independently published, , 119 p. (ISBN979-8-4286-5861-3).
(en) Pnina Lahav (trad. La seule femme dans la pièce : Golda Meir et son chemin vers le pouvoir), The Only Woman in the Room : Golda Meir and Her Path to Power, Princeton University Press, , 376 p. (ISBN978-0-6912-0174-0).
(en) Jean F. Blashfield, Golda Meir, Marshall Cavendish, .
Une femme forte, qui a participé à la création de l'État, la matriarche d'Israël... Francine Klagsbrun (en) propose une nouvelle perspective sur la vie de l'ex-chef du gouvernement (4 août 2018).