Bédarrides est une commune française, située dans le département de Vaucluse en régionProvence-Alpes-Côte d'Azur, chef-lieu du canton du même nom. Elle se situe au confluent de sept rivières du bassin est du Rhône, parmi lesquelles l'Ouvèze et la Sorgue ce qui fait de Bédarrides une ville très inondable. Ses habitants s'appellent les Bédarridais.
La position de carrefour et de confluence de Bédarrides en a fait un centre agricole et de commerce de relative importance entre Avignon, Orange et Carpentras au Moyen Âge, puis sous l'Ancien Régime.
Après avoir subi un déclin relatif de son rôle et de sa population à l'époque moderne, Bédarrides est aujourd'hui un bourg fondu dans la zone d'attraction avignonnaise.
Le nom officiel de la commune, défini par le Code officiel géographique de l'INSEE, est Bédarrides. Toutefois, il est également usage, d'une appellation (sans caractère officiel) « Bédarrides-en-Provence », que l'on retrouve d'ailleurs traduite dans une appellation provençale/occitaneBedarrida-en-Provença / Bedarrido-en-Prouvènço.
Tous les autres cantons du département de Vaucluse sont classés en zone Ia (risque très faible). Ce zonage correspond à une sismicité ne se traduisant qu'exceptionnellement par la destruction de bâtiments[1].
En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen et se trouve dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 h/an), un été chaud (21,5 °C) avec un air très sec ; sec en toutes saisons, des vents forts (fréquence de 40 à 50 % de vents > 5 m/s) et peu de brouillards[3].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,2 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 18,1 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 694 mm, avec 5,7 jours de précipitations en janvier et 2,8 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Pujaut », sur la commune de Pujaut à 11 km à vol d'oiseau[4], est de 14,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 672,8 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 41,6 °C, atteinte le ; la température minimale est de −10,3 °C, atteinte le [Note 1],[5],[6].
Au , Bédarrides est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[9].Elle appartient à l'unité urbaine d'Avignon[Note 2], une agglomération inter-régionale regroupant 59 communes, dont elle est une commune de la banlieue[Note 3],[10],[11]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction d'Avignon, dont elle est une commune de la couronne[Note 4],[11]. Cette aire, qui regroupe 48 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[12],[13].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (84,7 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (84,6 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (54,6 %), cultures permanentes (17,6 %), zones urbanisées (12,9 %), zones agricoles hétérogènes (12,5 %), forêts (2,2 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (0,2 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,1 %)[14]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Bédarrides devrait son nom au nom latin Bitturritae, deux tours construites près de la grande place du village après la victoire des Romains sur les Allobroges (bataille de Vindalium, 120 av. J.-C.). Elles devinrent ensuite une villa nommée Villa Bittorita.
Les premiers habitants seraient les Voconces et les Cavares.
En 912, la villa Bittorita est donnée à l'évêque Rémi par l'empereur Louis III l'Aveugle. À compter de cette date, elle fut sous l'égide des évêques d'Avignon. En 1210, l'évêque d'Avignon accorda une charte à la bourgeoisie locale afin qu'elle puisse elle-même élaborer les règlements communaux. La ville de Bédarrides voyait le jour.
Charles IV, troisième fils de Philippe le Bel, après la mort de son frère Philippe, est couronné à Reims par l’archevêque Raymond de Courtenay, le . Considérant que son Trésor est parti trop vide, il n’hésite pas à poursuivre la politique de son père et fait expulser les juifs de France afin de récupérer leurs biens. Jean XXII trouve la mesure excellente et, pour ne pas être en reste, il fait de même avec les juifs d’Avignon et du Comtat Venaissin qui se réfugient en Dauphiné et en Savoie. Pour parfaire l’expulsion, le pape juge utile et nécessaire de faire jeter à bas la synagogue de Bédarrides ainsi que celles de Bollène, Carpentras, Le Thor, Malaucène, Monteux et Pernes. Ce fut la seconde expulsion des juifs du Comtat[15],[16]. La première avait été décidée le , par Mathias de Chiéti – dit Matthieu de Chéate – recteur du Comtat Venaissin, qui les accusait de pratiquer l’usure. La ville de Bédarrides fut le siège d'une forte communauté israélite qui a subsisté jusqu'en 1694.
L'église Saint-Laurent de Bédarrides où Avignonnais et Comtadins votèrent le leur rattachement à la France.
En 1709, les habitants de Bédarrides souffrent d'un hiver très rude.
L'Assemblée Nationale, par deux fois les 27 août et , avait refusé de décréter l'annexion d'Avignon et du Comtat Venaissin[17]. Les « patriotes » des deux États pontificaux élurent leurs représentants qui se rassemblèrent à Bédarrides, dans l'église Saint-Laurent, le et ils votèrent leur rattachement à la France[18] à une forte majorité puisque le décompte des mandats s'éleva à 101 046 voix favorables sur un total de 152 919[19].
Cet acte est considéré comme le premier exprimant le « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Le 14 septembre, mise devant le fait accompli, la Constituante proclama que les États d'Avignon et du Comtat faisaient désormais « partie intégrante de l'Empire français »[20].
Le 4 décembre 1851, insurrection des républicains qui, à cause du prince Louis-Napoléon qui veut imposer son pouvoir, s'emparèrent de la mairie et s'y installent. Étienne Daillan (1808-1859), dit le Docteur Daillan, médecin et maire de Bédarrides (1848-1849), fut le seul officier municipal de Vaucluse à s'opposer au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851[21]. La répression fut féroce et le docteur Daillan, sorti de prison, passa en procès à Lyon avec Alphonse Gent[22].
L'Ouvèze et la Sorgues, les deux principales rivières de la ville sont en crue également en 1992. Sur la place de la mairie et de l'église, une plaque rappelle que les eaux ont atteint deux mètres, soit le premier étage des habitations.
Le 16 avril 2010 [2] et le 14 janvier 2015 [3], l'ancienne usine Canissimo située au nord de la commune, est en proie aux flammes et menace de s'écrouler sur elle-même. Par chance, les pompiers dévoués et courageux ont empêché les flammes de se propager, et de causer plus de dégâts. Aujourd'hui, les toits sont tombés, mais les murs d'enceinte tiennent toujours.
Comme le montrent les résultats des dernières élections présidentielles, en 2012, 2017 et 2022, Bédarrides est une commune dont les habitants sont majoritairement placés à droite, voire à l'extrême droite de l'échiquier politique national. La plupart des maires de Bédarrides ont une étiquette DVD à l'exemple d'André Tort, de son fils, Christian Tort, ou de Jean Bérard, congratulé par Marine Le Pen après les élections municipales de 2020. [4]
La commune est incluse dans la zone de protection Natura 2000 « l'Ouvèze et le Toulourenc », sous l'égide du ministère de l'Écologie, de la DREAL Provence-Alpes-Côte-d'Azur, et du MNHN(Service du patrimoine naturel)[28].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[29]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[30].
En 2021, la commune comptait 5 410 habitants[Note 5], en augmentation de 7,11 % par rapport à 2015 (Vaucluse : +1,26 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
Située dans la plaine du Comtat Venaissin, avec sa situation à proximité d'Avignon et de son riche patrimoine, de Carpentras et du mont Ventoux, avec la présence de la Sorgue, la commune voit le tourisme occuper directement ou indirectement une place non négligeable de son économie.
Le pont à l'origine de celui-ci était effectivement romain, mais il fut emporté par une importante crue en 1620. Un pont en bois fut alors établi, mais celui-ci aussi fut emporté par une nouvelle crue en août 1622 qui emporta une arche, le rendant inutilisable. Un bac à traille fut installé, mais comme il fut insuffisant, le pont en pierre d'origine fut reconstruit. Les travaux durèrent sept années (1640-1647). Aujourd'hui, il est encore utilisé pour le passage de l'Ouvèze en voiture.
Cette église fut érigée sur l'emplacement d'une ancienne église romane, existante depuis fort longtemps et tombant en ruine.Les travaux commencèrent en 1677 et se poursuivirent jusqu'en 1684. Elle fut inaugurée la veille de Noël.Elle fut sujette depuis à de nombreuses modifications.Pour commencer, le clocher ne fut terminé qu'en 1689.Ensuite, en 1714, l'église fut dallée. En 1719, une balustrade y fut construite ainsi que deux bénitiers en 1725.À l'intérieur, un total de huit chapelles ont été faites.
Le château d'eau
Un cimetière était installé autrefois à l'emplacement de ce château d'eau. Il fut déplacé pour se conformer à la loi selon laquelle les cimetières doivent être construits en dehors de l'enceinte de la ville. Ainsi en 1745, commença la construction du Château d'eau et cinq fontaines sont construites dans le village, pour remplacer les deux anciens points d'eau qui étaient diamétralement opposés l'un de l'autre. En 1856, la construction de la ligne de chemin de fer Lyon - Méditerranée perturbe le captage de l'eau. En début d'année 1858, Bédarrides rencontra un vrai problème d'eau et les 1 847 habitants à cette époque n'avait que très rarement accès à de l'eau potable. En mai 1858, un homme d'art trouva une importante source au quartier de la Souvine, et la signala au maire de l'époque. La décision de capter l'eau puis d'en faire une fontaine publique est prise. Le 1er Aout 1864, elle fut signée. Depuis, et ce jusqu'à il y a une trentaine d'années, c'était le Château d'eau qui alimentait tout le village.
La Porte du 04 Septembre
La Porte du 04 Septembre, anciennement "porte d'Avignon" servait de point de passage des commerçants dans l'enceinte du village. En effet, Bédarrides était autrefois entourée de remparts qui suivaient, à quelques exceptions près, le contour actuel du village. Autour de ces remparts, se trouvait un large et profond fossé, où ruisselaient les eaux calmes de la Seille. Certains fragments de remparts sont, encore aujourd'hui, visibles, comme ils le sont à la Porte du Vieux Moulin, qui est l'entrée au nord de Bédarrides, passant au-dessus de la Seille. Ainsi, pour enjamber ce fossé, ont été mis des pont-levis, reliés à de grandes et hautes portes, qui défendaient l'enceinte. Comme par exemple la porte de l'Eglise, celle du 04 Septembre, le Poustarlon et la porte du Gourmelaire, aujourd'hui Porte du Comtat Venaissin, qui ne fut construite que plus tard.
Outre le fait d'être un point de passage commercial, la porte du 04 Septembre renferme de petites histoires. Durant la Révolution Française, un révolutionnaire visiblement très enthousiaste, peut-être même trop, décida de se hisser en haut de la Porte du 04 Septembre, pour la démolir avec un pic ! Cet acte complètement délirant, rend les Bédarridais assistant à ce spectacle d'escalade, à la fois, stupéfaits, admiratifs, et inquiets. Une inquiétude justifiée. En effet, perdant l'équilibre, notre escaladeur révolutionnaire, tomba quatre mètres plus bas. Gravement blessé, il déclara mourir heureux car il le faisait pour la Liberté.
Le Poustarlon
Le Poustarlon fait partie de ces hautes portes évoquées plus tôt. Elle donne accès à la Rue Vacquerie, dont une partie est aujourd'hui renommée Rue de la Liberté. Jadis, le Poustarlon était surmonté d'une imposante tour de pierre, qui fut détruite en 1772, la porte fut élargie, et une toiture venait couvrir l'édifice. La façade extramuros est décorée de l'écusson des archevêques d'Avignon. Cet écusson, dans lequel figurent des armes, fut gratté durant la Révolution française, et un révolutionnaire grava au-dessus de l'écusson : « Porte de la Liberté ». Cette inscription est encore visible aujourd'hui, mais difficilement.
Marius Chouvet, surnommé "Lulu" est un des membres fondateurs de la "Foire aux Chevaux", festivité phare de Bédarrides, organisée tous les jeudis de l'Ascension.
Jean Antoine de Cambacérès, père de Jean Jacques Régis de Cambacérès, s'est marié avec l'une de ses conquêtes à l'église de Bédarrides.
Le roman feuilleton Cronicas dei tèrras luenchas (en français Chroniques des terres lointaines) de Theò Bajon, voit l'histoire d'un jeune homme (dans un Comtat Venaissin ayant survécu à la Révolution française et à l'annexion de la France) à la recherche de ses ancêtres, partir pour de mystérieuses terres lointaines et de grandes aventures. La mère du héros vit à Bédarrides, et plusieurs scènes du roman se déroulent en ce village, et même lorsque le héros se retrouve loin de chez lui, des allusions à Bédarrides et au Comtat Venaissin sont faites[35].
Les ouvrages utilisés pour rédiger l'article sont indiqués par .
Jules Courtet, Dictionnaire géographique, géologique, historique, archéologique et biographique des communes du département de Vaucluse, Avignon, Seguin Ainé, (1re éd. 1857), 400 p. (lire en ligne)
Joseph Girard, Avignon. Histoire et Monuments, Éd. Dominique Seguin, Avignon, 1924.
Joseph Girard, Évocation du vieil Avignon, 1958 ; ré-édité Éd. de Minuit, Paris, 2000 (ISBN2-7073-1353-X)
Marc Maynègre, De la Porte Limbert au Portail Peint, histoire et anecdotes d’un vieux quartier d’Avignon, Sorgues, 1991, p. 178 à 197 (ISBN2-9505549-0-3)