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Mario Marret
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Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Avignon
Nom de naissance
Marius Marret
Pseudonyme
Marcel Rossignol et Toto
Nationalité
Française
Activité
Agent de renseignement, explorateur, cinéaste, psychanalyste
Autres informations
Organisation
A travaillé pour
Distinction
Films notables
Terre Adélie
Aptenodytes forsteri
À bientôt, j'espère

Marius Marret, dit Mario Marret, est un militant anarchiste, puis communiste, opérateur radio, agent de renseignement, explorateur polaire, cinéaste militant et psychanalyste français né à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le et mort à Avignon (Vaucluse) le .

Biographie

Origines et adolescence

Marius (dit Mario) Marret naît à Clermont-Ferrand le [1]. Fils d'un cantonnier alcoolique[2], il apprend la serrurerie et la ferronnerie d’art dans sa ville natale. À l'âge de seize ans, il fréquente les groupes anarchistes locaux, puis devient secrétaire à 18 ans du groupe clermontois de la Solidarité internationale antifasciste[1]. À la déclaration de guerre, un antifasciste italien lui conseille d'étudier la radio, selon lui l'arme de guerre la plus efficace contre Mussolini et Hitler.Il rejoint alors l'école Thouzet de radio, à Clermont-Ferrand[2].

Opérateur radio et agent de l'O.S.S.

Marret est recruté en 1941 au Groupement des contrôles radioélectriques (G.C.R.) d'Hauterive, près de Vichy, un service de repérage qui, bien que vichyste, fournit des informations à la Résistance. À la fin 1941, il gagne Alger où il travaille pour un temps pour un centre d'écoute militaire qui surveille les émissions clandestines de l'Abwehr effectuées depuis l'Algérie. L'Office of Strategic Services (O.S.S.) américain le recrute pour préparer l'opération Torch (débarquement de novembre 1942 en Afrique du Nord). L'Algérie libérée, il demande en avril 1943 à être infiltré en France[1].

Plaque commémorant le sort des internés de la prison Montluc. Marret y séjournera quatre mois, d'avril à août 1944.

Transféré à Londres, il suit une formation spécialeavant d'être parachuté dans le Puy-de-Dôme en août 1943. Il implante à Lyon un réseau de l'O.S.S., et, grâce à un poste émetteur, transmet pendant plusieurs mois vers Londres et Alger des informations sur les unités allemandes de la région[1].Le , Marret — alias Marcel Rossignol, alias Toto[2] — finit par se faire arrêter à Lyon avec plusieurs membres du réseau. Torturé et interné à la prison Montluc, il reconnaît être un agent nord-américain[1]. Le , alors qu'il est escorté par deux agents allemands qui viennent le prendre en charge pour une exécution prévue le même jour, il se libère d'une façon rocambolesque, se délivrant de ses menottes grâce à de petites clés cachées dans sa ceinture[2].

À la Libération, Marret rejoint la Direction générale des études et recherches, service de renseignement gaulliste qui devient le SDECE en décembre 1945[1].

Explorateur en terre Adélie

L’ex-espion aime le froid : c’est vers les Expéditions polaires françaises que se tourne Marret lorsque celles-ci sont créées par Paul-Émile Victor en 1947[3]. Il fait valoir son expérience d’opérateur radio et intègre la deuxième expédition antarctique française en terre Adélie (TA 2[4]) qui embarque à Brest en . Mais l'exceptionnelle extension de la banquise en cet été austral 1948-1949 ne permet pas à l'expédition d'atteindre la côte antarctique[5].

Manchots empereurs, dont l'étude motivera l'hivernage de 1952 à Pointe-Géologie.

En , Marret embarque à nouveau avec la mission TA 3. Un événement imprévu va cependant changer bien des choses : J.-A. Martin, second de l’expédition, succombe à une hémorragie cérébrale au large de l’Afrique du Sud. Or J.-A. Martin avait aussi la charge de réaliser un film : sa caméra va être entièrement démontée par Marret qui veut en comprendre le fonctionnement avant de l’utiliser[3]. La terre Adélie peut cette fois être atteinte, et la base de Port-Martin — ainsi nommée en hommage au disparu — y est établie. Début , Marret fait ainsi partie d'une équipe de onze personnes qui va passer un an dans un des endroits les plus isolés et les plus ventés du globe. Il joint à ses activités de radio et de responsable des sondages ionosphériques celle de cinéaste de l’expédition. C'est au cours de cet hivernage 1950 qu'est découverte, à 65 km à l'ouest de Port-Martin, dans l'archipel de Pointe-Géologie, une importante rookerie de manchots empereurs[6].

Marret ne peut se contenter d'un seul hivernage. En janvier 1952, il est de retour en terre Adélie avec la mission de relève TA 5 dirigée par René Garcia. Après un débarquement éclair de l'équipe Garcia à Port-Martin, le bateau appareille le surlendemain pour Pointe-Géologie : quatre personnes (dont un médecin, un ornithologue et un charpentier) doivent y hiverner sous la responsabilité de Marret dans une base annexe qu'il reste à construire de toutes pièces sur l'île des Pétrels. Mais, le , un incendie ravage Port-Martin[7]. Garcia abandonne toute idée d'hivernage, et fait rembarquer le jour même la totalité de son équipe ainsi que du matériel qui pourrait être utile dans la nouvelle base de Pointe-Géologie, où le bateau fait escale le lendemain[8]. Trois hommes de l'équipe Garcia (un mécanicien, un météorologue et un géodésien) se portent volontaires pour se joindre à l'équipe Marret[7].

La base de Pointe-Géologie (dite aussi « base Marret ») en 2013. En 1952, Marret et ses six compagnons y hiverneront un an coupés du monde.

Cet hivernage 1952, à sept dans une baraque prévue pour quatre, contribuera largement à vulgariser images, films et récits sur les manchots empereurs. Près de 250 km de la côte de terre Adélie sont aussi explorés. Victor, dans la préface du livre de Marret retraçant cette expérience hors du commun, ne s'y trompera pas :« Lorsqu'ils rentrèrent enFrance en 1953, ils avaient non seulement rempli leur mission, maisélargi le programme qui leur avait été initialement fixé, dans un esprit d'équipe courageux dont Mario Marret était le principal responsable[9]. »

De ces expéditions, Marret rapportera principalement deux courts métrages : Terre Adélie (1952), primé à la Biennale de Venise en 1954 ; et Aptenodytes forsteri (1955), primé au Festival de Cannes en 1953[3].

Cinéaste engagé

Pendant la guerre d'Algérie, Marret ne cache pas ses sympathies pour le F.L.N.. Il participe même à la création du Centre audiovisuel de Ben Aknoun, d'où sortiront, dans les premiers mois qui suivent l'indépendance, les tout premiers reportages de la télévision algérienne. Au début des années soixante, et avec l'appui de Fred Orain, le producteur de ses premiers courts métrages — et des premiers films de Jacques Tati —, Marret réalise également plusieurs films sur la décolonisation de l'Afrique portugaise et les maquis de la Guinée portugaise[3]. Installé dans la région d'Apt où il a fini par prendre racine, il est bien sûr l'un des premiers à se mobiliser dès 1965 contre l'implantation de missiles sur le plateau d'Albion tout proche[1].

L'ancienne usine Rhodiacéta de Besançon (en 2020), où Marker et Marret tourneront À bientôt, j'espère en 1967.

En , le cinéaste Chris Marker, une connaissance de Marret, est sollicité pour participer à l'animation culturelle de l'usine Rhodiacéta de Besançon, occupée et en grève depuis le mois précédent[10]. Marker entraîne Marret dans cette aventure, et tous deux co-réalisent le film À bientôt, j'espère, qui contribue à faire connaître, peu avant les événements de Mai 68, les mouvements de contestation naissants. Étonnamment, la télévision française diffuse le documentaire le . L'ambiance de parfaite égalité entre filmeurs et filmés aurait fait réagir le général de Gaulle qui se serait interrogé : «  Qu'est-ce que c'est que ces journalistes qui tutoient les ouvriers ? »

Cette expérience va déboucher sur la création du groupe Medvedkine, un collectif d'ouvriers et techniciens du cinéma mettant leur pratique en commun pour la création de films militants. Marret en fera partie, mais pas pour très longtemps : il préfère adhérer au Parti communiste, où il anime, entre 1968 et 1971, l'organisme de propagande audiovisuelle Dynadia[3]. Pendant la guerre du Vietnam, Marret, qui a été décoré de la Distinguished Service Cross pour ses activités pendant la guerre, retourne cette décoration aux autorités américaines en signe de protestation[1].

Psychanalyste

On ne sait si ce sont les liens d'exploration polaire avec le commandant Charcot, fils de Jean-Martin Charcot qui avait lui-même influencé Freud, qui poussent Marret vers la psychanalyse dans les années 1970. Là aussi autodidacte — comme pour l'étude de l'ionosphère, l'écriture ou le cinéma —, et ne se réclamant d'aucune école, il traite dans une roulotte installée dans un camping de Vitrolles les ouvriers de Fos-sur-Mer qui viennent le consulter. « Guérisseur de la parole », son cabinet ne désemplit pas, au grand dam des psychanalystes des environs. Survivant deux ans à un A.V.C. qui le laisse aphasique, Marret s'éteint à Avignon le 5 janvier 2000[3],[11].

Vie privée

Au début des années 1960, Marret rencontre Christa Geitner, alors étudiante, puis professeur d'allemand à l'université de Montpellier, avec laquelle il partage sa vie pendant une dizaine d'années. Leur correspondance 1961-1971 constitue le Fonds Mario Marret des Archives départementales de l'Hérault[1].

Postérité

Depuis 1955, le glacier Marret (en), un petit glacier de l'ouest de la terre Adélie situé entre le glacier du Français (en) et le glacier du Commandant Charcot (en), porte son nom[12].

Depuis la fin des années 1950, la base de Pointe-Géologie porte aussi le nom de « base Marret ». Celle-ci figure depuis 1983 dans la liste des sites et monuments historiques de l'Antarctique (SMH no 47).Des rénovations successives (1964, 1981, 1986, 1990, 2013 et 2014) n'ont pu empêcher sa fragilisation et les risques d'écroulement dus à l'énorme congère de neige qui se forme en hiver[13].

La base Marret a fait l'objet, en 1987 et 1997, de deux timbres émis par l’administration postale des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). En 2004, quatre ans après la mort de Marret, un timbre des TAAF le représentant portant des lunettes de glacier a commémoré son rôle dans l'exploration de la terre Adélie (0,45  multicolore).

Distinctions

Filmographie

Sauf mention contraire, les courts métrages listés ci-dessous sont en noir et blanc[14].

  • 1952 : Terre Adélie (28 min)
  • 1953 : Images d'un été (10 min - 16 mm - couleur)
  • 1955 : Aptenodytes Forsteri (14 min - 16 mm)
  • 1955 : Björn et Yfaut, chiens polaires (18 min - 35 mm)
  • 1955 : Le Ferronnier (13 min)
  • 1956 : SOS Altitude (17 min)
  • 1957 : Le Bourbonnais (17 min - couleur)
  • 1957 : Leçon de choses (11 min)
  • 1957 : Rio Cali (11 min)
  • 1957 : Terre d'énigmes (10 min - couleur)
  • 1958 : Le Vent, le Fer et la Terre (15 min - 16 mm)
  • 1958 : La Plus Grande Chasse (13 min)
  • 1959 : La Piste blanche (15 min)
  • 1960 : Allo ! Charcot... (15 min - 35 mm - couleur - co-réalisé avec Jacques Masson)
  • 1961 : Le Sang des autres (12 min)
  • 1964 : L'Enfant et la Pluie (18 min - 16 mm)
  • 1967 : À bientôt, j'espère (40 min - 16 mm - co-réalisé avec Chris Marker)
  • 1969 : Nous avons vingt ans (23 min)

Bibliographie

Liens externes

  • Nina Almberg et Assia Khalid, « Les quatre vies de Mario Marret » [audio], Collection témoignages, sur radiofrance.fr/franceculture, (consulté le ).
  • Terre Adélie [Court métrage N.B. sonore], Mario Marret (réalisation, écriture et image), Inge d'Esterno (montage), Michel Gudin (voix off), Jean Yatove (musique), Fred Orain et Armor-Films (production), Expéditions polaires françaises – Missions Paul-Émile Victor (participation) (, 28 minutes) Brest : cinematheque-bretagne.bzh. Consulté le .
  • Aptenodytes forsteri [Court métrage N.B. sonore], Mario Marret (réalisation, écriture et image), Jean Prévost (conseil scientifique), Robert Lion (son), Inge d'Esterno (montage), René Lebrun (voix off), Léon Ferreri (musique originale), Fred Orain et Armor-Films (production), Expéditions polaires françaises – Missions Paul-Émile Victor (participation) (, 14 minutes) Brest : cinematheque-bretagne.bzh. Consulté le .

Références

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