Utilisateur:Hugo Rota/Ottavio Bertotti Scamozzi

Ses parents sont Antonio Bertotti et Vittoria Scabora. Le père, barbier, initie son fils à sa modeste profession. Il trouvera ensuite protection en la personne de l'architecte érudit et amateur, le marquis Mario Capra, qui le fait éduquer et instruire.

Il a ainsi pu participer à la compétition pour l'héritage de Vincenzo Scamozzi : cet héritage qui, selon la disposition du testateur, devait servir à un jeune homme de Vicence "surtout pour bien dessiner, afin de pouvoir ensuite s'orienter avec plus de profit vers l'architecture". Bertotti obtint la "jouissance viagère"^[3], également grâce à l'appui du marquis Capra : et à partir de ce moment, conformément à un ordre précis, il ajouta le nom de Scamozzi à son patronyme.^[1]

Le soir du 21 septembre 1786 il rencontre Goethe à Vicence . Le poète allemand, dans son Voyage en Italie, rappelle comment Bertotti, "artiste habile et passionné", lui a donné "quelques indications, se montrant heureux de l'intérêt" que lui, l'étranger, y portait, à tel point que le 22 septembre suivant (Journal du voyage en Italie pour Mme von Stein) Goethe s'exclame : "Si je devais obéir à mon désir, je resterais ici un mois, je prendrais un cours rapide d'architecture avec le vieux Scamozzi et puis je partirais, complètement en paix avec moi-même".

A Vicence, il a vécu près du Teatro Olimpico dans une maison qui lui a été concédée en tant que "gardien" du théâtre lui-même.

Son premier maître en architecture est Domenico Cerato (it) (1715-92), un spécialiste des modules palladiens et scamozziens. Très vite, cependant, il se libère des enseignements limités de ce dernier, entrant en relation avec Temanza, une figure de la plus haute importance dans la veine néoclassique vénitienne.

Bertotti atteint les cercles intellectuels italiens et européens de l'époque dès la publication de ce guide de Vicence sous forme de dialogue, intitulé Il forestiere istruito delle cose più rare di architettura e di alcune pitture della città di Vicenza, publié à Vicence en 1761 (autres éditions en 1780 et 1804). Les 26 plaques de cuivre, qui reproduisent des édifices de Palladio et de Scamozzi, sont accompagnées de mesures précises exprimées en pieds de Vicence et en pieds anglais. Il eut un très large écho en Italie et à l'étranger. Mais son entreprise la plus passionnante est sans aucun doute l'édition monumentale des Fabbriche ed i disegni di Andrea Palladio, publiée à Vicence en quatre volumes, de 1776 à 1783 (I en 1776; II en 1778; III en 1781; IV en 1783), sous la direction de Francesco Modena. Pour imprimer ses livres, l'architecte a utilisé les maigres ressources financières du legs Scamozzi, s'aidant d'une souscription publique.

Bertotti émet deux observations : dans le Traité de Palladio de 1570, les chiffres indiquant les mesures des bâtiments et de leurs parties ne correspondent pas toujours aux figures auxquels ils sont apposés, et que les différences entre les dessins et les bâtiments exécutés sont très notables. Quant à la première difficulté, il la résout par une patiente collation de toutes les éditions des Quattro Libri qui se sont succédé de 1570 jusqu'au milieu du XVIIIe siècle : et isole ainsi, en triant soigneusement, le projet qui semble le plus fiable. Pour répondre à la deuxième difficulté, la procédure devient encore plus subtile. Tout d'abord, il entreprend et achève l'énorme entreprise de relever scrupuleusement les mesures de ce que Palladio a exécuté. Ensuite, il établit une comparaison entre les bâtiments réalisés et les projets relatifs : et il souligne toutes les différences qui peuvent être constatées de cette manière. Il entreprend alors un travail critique pour distinguer lesquelles de ces mutations, de l'exécution par rapport au projet initial, sont acceptables, dans la mesure où elles ont été clairement voulues par le concepteur lui-même. Lesquelles, au contraire, sont à rejeter comme des modifications arbitraires ayant eu lieu après le projet. En tenant compte de ce qui peut être accepté, et en répudiant les éléments fallacieux, on saisit, selon Bertotti " l'impression caractéristique spéciale ", la véritable essence de l'"invention" de Palladio : un "médium" donc, une abstraction séparée par un fil de logique entre le projet, antérieur, et l'exécution, postérieure et déformée par des compromis ou des abus.

Et c'est précisément ce "médium", et pas autre chose, qui est le véritable "contenu", qui se réalise visuellement dans les dessins de Bertotti. Le résultat est un Palladio discipliné dans le cadre de lois proportionnelles strictes. La nécessité clarificatrice des Lumières actionne ainsi, à travers les pages et les dessins du vicentin, l'un des monuments les plus significatifs de sa méthodologie critique : et prépare le texte sûr pour la future interprétation "néoclassique" de Palladio. 

Outre la conservation de sa puissante édition palladienne, il a également exercé l'activité de bâtisseur. Sa carrière commence (1758) avec l'arc de triomphe (en bois, provisoire) érigé sur la Piazza dei Signori à Vicence pour le cardinalat de l'évêque de la ville, Marino Priuli : une chose plutôt banale et modeste. En 1760, il adapte, sur un bâtiment préexistant, le Palazzo Trissino inachevé à Sandrigo.

En 1770, après avoir fait écho, dans la petite villa Muzzi de Riello, à l'édifice palladien de la famille Cerato à Montecchio Precalcino (l'édifice de 1770 fut ensuite complètement modifié en 1856), nous avons l'un des tests les plus exigeants de l'architecte Bertotti Scamozzi, le palais Folco à Vicence. Suivront, toujours dans cette ville, la façade de l'église de S. Faustino (1774), la Casa Muzzi sur l'actuelle Piazza Matteotti (1776), la loggia Sperotti sur le pont de Furo et le Palazzo Braghetta sur le Corso (1780), dont la façade peut être comparée à certaines réalisations de Piermarini.

En 1789, il est à Casale Monferrato où il agrandit le palais Gozzano di Treville, en arrangeant aussi la façade; et il continue la construction interrompue de la maison Pallio di Rinco. À Turin, le palais Morozzo della Rocca lui est attribué.

• A. Tiranti, Le fabbriche e i disegni di Andrea Palladio, raccolti ed illustrati da Ottavio Bertotti Scamozzi, 1796, Vicence, ed. de 1968, Londres.
• Le fabbriche e i disegni di Andrea Palladio e le terme., éd. de 1845, éditeur Giovanni Decamilli (Gênes)
• Le terme dei Romani: disegnate da Andrea Palladio e ripubblicate con l'aggiunta di alcune osservazioni da Ottavio Bertotti Scamozzi giusta l'esemplare del Lord Conte di Burlingthon, imprimé à Londres en 1732.
• L'origine dell'Accademia Olimpica di Vicenza con una breve descrizione del suo teatro, Vicence 1842. Conseil. par Gaetano Longo.
• The buildings and the designs of Andrea Palladio.. Publié en 1976, La Roccia, Trento
• Il forestiere istruito delle cose più rare di architettura, e di alcune pitture della città di Vicenza. Nella Stamperia di Giovambattista Vendramini Mosca ..., 1761. Republié en 1965 par la municipalité de Vicence

• Andrea Palladio
• Palladianisme

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