Théo Van Rysselberghe

peintre belge

Théo Van Rysselberghe[2], né à Gand le et mort à Saint-Clair au Lavandou (Var) le , est un peintre belge, connu pour avoir été l'un des principaux représentants du divisionnisme en Belgique.

Théo Van Rysselberghe
Théo Van Rysselberghe, Autoportrait (1916),
localisation inconnue.
Naissance
Décès
Période d'activité
Nom de naissance
Théophile Van Rysselberghe
Nationalité
Activité
Formation
Maître
Mouvement
Fratrie
Conjoint
Enfant
Élisabeth Van Rysselberghe (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 11105-12276, 43 pièces, -)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales

Acquis aux idées anarchistes, ami intime d’Élisée Reclus et de Paul Signac, il donne des dessins à la presse libertaire dont Les Temps nouveaux de Jean Grave de 1897 à 1911[3].

Biographie

Théo Van Rysselberghe ou Théophile Van Rysselberghe de son nom de baptême est le fils de Jean-Baptiste Van Rysselberghe, menuisier, et de Mélanie Rommens[4], de la famille Van Rysselberghe. Il est le frère de Charles Van Rysselberghe et Octave Van Rysselberghe, tous les deux architectes. Il épouse Maria Monnom en 1889. Ils ont une fille, Élisabeth (née en 1890), qui est la mère de Catherine, l'unique enfant d'André Gide. Elle a neuf ans lorsque ses parents deviennent des proches d'André Gide. Un double coup de cœur réciproque s'établit entre Maria et Gide d'une part, et entre Élisabeth et le même Gide d'autre part[5].

Après ses études à l'Académie des beaux-arts de Gand et à l'Académie de Bruxelles sous la direction de Jean-François Portaels et de Léon Herbo, Théo Van Rysselberghe participe à une exposition au Salon de Bruxelles pour la première fois en 1881. Vers 1886-1887, il découvre l'œuvre de Georges Seurat en compagnie d'Émile Verhaeren. Ami d'Octave Maus, il est un des membres fondateurs en 1883 du groupe bruxellois d'avant-garde Les Vingt. À la fin du XIXe siècle, le pointillisme de ses peintures fait place à une composition à larges touches allongées. Comme Georges Seurat et Paul Signac, il réalisa de nombreux paysages marins. Il a aussi réalisé des gravures qui sont moins connues.

Voyages au Maroc

L'année suivante, il voyage (en suivant les traces de Jean-François Portaels) en Espagne et au Maroc avec son ami Frantz Charlet et le peintre asturien Dario de Regoyos. Il admirait tout particulièrement les « vieux maîtres » au musée du Prado. À Séville, ils rencontrent Constantin Meunier, et son fils Charles, dit Karl, qui peignait une copie de la Descente de la Croix de Pedro de Campaña. De ce voyage en Espagne, il ramène les portraits suivants : Femme espagnole (1881) et La Sévillane (1882). Il reste quatre mois à Tanger, pour y pratiquer le dessin et la peinture des scènes pittoresques de la rue, de la kasbah et des souks : Cordonnier de la rue arabe (1882), Garçon arabe (1882), Repos de garde (1883).

Il y retourne à deux reprises, en 1883-1884 puis en 1887-1888.

Retour en Belgique

De retour en Belgique, il montre environ trente œuvres de son voyage au Cercle Artistique Littéraire et à Gand. Elles rencontrent un succès instantané, en particulier Les Fumeurs de kif, Le Vendeur d'oranges et un Paysage marin du détroit (soleil couchant), Tanger (1882). En , il expose ces scènes de la vie quotidienne méditerranéenne au salon de L'Essor à Bruxelles devant un public enthousiaste. À cette même époque, il se lie d'amitié avec l'écrivain et poète Émile Verhaeren qu'il allait plus tard représenter à plusieurs reprises. En , van Rysselberghe se rend à Haarlem afin d'étudier la lumière dans les œuvres de Frans Hals. Le rendu précis de la lumière continue à occuper son esprit. Là, il a également rencontré le peintre américain William Merritt Chase.

En 1894, il encourage Camille Pissarro à le rejoindre à Bruxelles[6]. Pissarro comptait y séjourner trois ou quatre mois, mais son départ est précipité en raison des représailles gouvernementales après l'assassinat du président de la République Sadi Carnot. Il était connu comme sympathisant anarchiste, et se retrouva parmi les centaines de suspects[7]. Il fuit la France le 24 juin 1894 avec sa femme et son fils Félix.

Retour en France

Il peint alors ses premières œuvres pointillistes sur le modèle de Georges Seurat. Il fait ensuite partie du groupe La Libre Esthétique pour lequel il exécute une affiche (1896). Il s'installe à Paris en 1898 au 59, rue Scheffer, qu'il quitte en 1901 pour s'installer à la villa Aublet au 44, rue Laugier, dont l'architecte Louis Bonnier (1856-1946) réalise l'installation. En 1913, il fait construire à Auteuil un hôtel particulier au 14, rue Claude-Lorrain par Auguste Perret[8].

Son amitié avec Paul Signac porte aussi sur les idées anarchistes. Il participe à la presse libertaire et notamment régulièrement au journal Les Temps nouveaux de Jean Grave, à qui il donne des œuvres de 1897 à 1911. Il fréquente le géographe Élisée Reclus et le peintre Camille Pissarro, ainsi que Camille Platteel (1854-1943), amie de sa famille depuis de longue date, et maîtresse de Félix Fénéon[9]. En 1899, il réalise la couverture de La Morale anarchiste de Pierre Kropotkine[10],[11].

Provence

À la fin des années 1890, il s'établit en Provence à Saint-Clair[12] près du Lavandou et retourne vers une certaine forme de classicisme.

Sa fille Élisabeth, après avoir eu une fille, Catherine, avec André Gide, épouse en 1931 le romancier dunkerquois Pierre Herbart.

Ses principaux thèmes

Il peint de nombreux portraits qu'il consacre essentiellement à ses proches, dont celui d’Alice Sèthe[13]. Ce dernier met en valeur le décor, peint avec précision, ce qui contraste avec la volonté synthétique des pointillistes français[14]. Ses personnages n'ont pas l'« hiératisme » de ceux de Seurat comme le souligne Émile Verhaeren[15].

Outre le post-impressionnisme, le peintre sera également influencé par le japonisme, admirateur, en particulier d'Hiroshige. Ses paysages maritimes se simplifient, contrastant avec le luxe de détails de ses portraits[16].

Il a peint un certain nombre de groupes de nus féminins dont il fait son thème de prédilection à partir de 1910 : L'Heure embrasée (1897), Baigneuse autour d'un rocher (1910), Baigneuses à Cavalière (1910). Il peint également quelques nus isolés (Nageuse au repos : 1922, L'Ablution ou Vénus accroupie : 1922). L'érotisme ne semble cependant peu présent, du moins pour l'écrivain André Gide qui parle à ce propos de « nus hygiéniques »[17]. Cette période voit la transition entre l'influence post-impressionnisme et une tendance vers le classicisme.

Théo van Rysselberghe a également illustré des livres, comme le recueil de textes d'Émile Verhaeren, l'Almanach en 1895, dessinant lettrines, arabesques et illustrations. Il décore ainsi certains catalogues d'exposition du groupe des XX.

Œuvres dans les collections publiques

En Belgique

En France

  • Caen, musée des Beaux-Arts
    • Femme nue assise, vers 1900-1910, huile sur toile[18]
  • Grenoble, musée de Grenoble
    • Femme au peignoir rose, 1910, huile sur toile marouflée sur carton[19]
    • Plage de Cavalaire, 1910, huile sur bois[20]
  • Paris, musée d'Orsay
    • L'Entrée du port de Roscoff, 1889, huile sur toile[21]
    • Jeune femme près d'une fenêtre, dessinant, 1890, crayon Conté sur papier[22]
    • L'Homme à la barre, 1892, huile sur toile[23]
    • Portrait d'Alexandre Charpentier devant son chevalet, vers 1893-1901, sanguine brun foncé sur papier vergé collé sur carton[24]
    • Portrait de Félix Fénéon, 1903, fusain et sanguine sur papier vélin[25]
    • Deux femmes au piano, 1904, fusain sur papier[26]
    • Portrait d’Élisée Reclus, 1907, pastel sur papier gris collé en plein[27]
    • Étude de femme nue, 1913, huile sur toile[28]
    • Émile Verhaeren, 1915, huile sur toile[29]
    • Portrait d'homme, 1920, crayon noir sur papier[30]
    • Bateaux à Volendam, s.d., encre noire sur papier[31]
    • Portrait de deux femmes, s.d., crayon noir sur papier calque contrecollé[32]
  • Saint-Denis, musée Léon-Dierx
  • Saint-Germain-en-Laye, musée Maurice Denis
    • Portrait d'Alice Sèthe, 1888, huile sur toile[34]
    • Portrait de Marthe Denis au miroir, 1907, huile sur toile[35]
    • Portrait de Madame Auguste Perret, 1911, huile sur carton[36], dépôt du musée d'Orsay
    • Portrait d'Auguste Perret, 1914, huile sur toile[37],[38], dépôt du musée d'Orsay
  • Saint-Tropez, musée de l'Annonciade

Aux Pays-Bas

En Suisse

Irma Sèthe (1894).

En Italie

  • Uffizi Florence
  • Musée d'art moderne Rome

Aux États-Unis

En Allemagne

  • Musée de Weimar (l'Heure Embrasée, œuvre majeure)
  • Walraf-Richartz Museum, (3 van Rysselberghe et Heymans donné pour un van Rysselberghe))
  • Musée de Dresde (la belle Juliette)
  • Musée de Folkwang (le port de Boulogne la nuit)
  • Musée de Bremen (1)

Galerie

Annexes

Bibliographie

  • « La villa Théo dans la lumière », Revue du Conseil départemental du Var, n°4, hiver 2017-2018.
  • Robert Hoozee et Helke Lauwaert, Théo van Rysselbergue néo-impressionniste, Pandora éditions, 1993.
  • Ronald Feltkamp, Théo van Rysselberghe 1862-1926, catalogue raisonné, Paris, Les éditions de l'amateur, Bruxelles, Éditions Racine, 2003.
  • Ronald Feltkamp, Théo van Rysselberghe : monographie, Bruxelles, Éditions Racine, 2003.
  • Théo van Rysselbergue, Belgian Art Research Institute, Bozar Books, Mercatorfonds, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, 2006.

Iconographie

Articles connexes

Notes et références

Liens externes

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