Pierre Bergounioux

écrivain français

Pierre Bergounioux né en à Brive-la-Gaillarde en Corrèze est un enseignant, écrivain, auteur de récits et essayiste français. Il appartient à la génération de l'après-guerre, génération charnière, témoin des derniers moments d'un monde rural avant le développement des transports, le désenclavement des régions, l'ouverture et le basculement vers la modernité[1]. Auteur prolifique, ses ouvrages d'essence autobiographique fouillent les détails de la vie quotidienne d'avant métamorphose et s'ouvrent sur la méditation philosophique, parfois sur des prises de position.

Pierre Bergougnioux
Paris, 30 novembre 2019
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Fratrie
Gabriel Bergounioux (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Directeur de thèse
Influencé par
Distinctions
Œuvres principales

Biographie

Jeunesse et études

Pierre Bergounioux naît à Brive-la-Gaillarde, en France (département de la Corrèze). Après des études au lycée Georges-Cabanis, il entre en classes préparatoires littéraires (khâgne) au lycée Gay-Lussac de Limoges, puis à Bordeaux, avant d'intégrer l'École normale supérieure de Saint-Cloud[2]. Il vit la révolution culturelle des années et Mai 68.

Il est reçu à l'agrégation de lettres modernes. En 1979, il soutient une thèse de doctorat sous la direction de Roland Barthes, intitulée « Flaubert et l'autre : communication littéraire et dialectique intersubjective »[3].

Parcours professionnel

Après l'adoption de la loi Haby, il fait carrière dans des collèges du premier cycle de l'enseignement secondaire.

En 1984 est publié son premier roman, Catherine.

Entre 2007 et 2014, il dispense des cours à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris sous l'intitulé « Histoire de la création littéraire »[4],[5]. Il enseigne également à l'Institut d'études politiques de Paris[6].

Il pratique aussi les arts plastiques comme sculpteur[5] ; prenant son matériau chez un ferrailleur corrézien, il intervient peu sur les objets de récupération qu'il soude et patine. Jean-Paul Michel, avec lequel il est ami depuis les années au lycée Georges-Cabanis, lui a consacré un livre, « La deuxième fois », Pierre Bergounioux sculpteur[7] ; en 2013, Henry Colomer tourne un film intitulé Vies métalliques, témoignage de sa créativité plastique.

Bergounioux a également une passion pour l’entomologie[5] — qu’il a évoquée dans Le Grand Sylvain[8] —, et qu'il pratique lorsqu'il séjourne en Corrèze, ainsi qu'en témoigne le film de Geoffrey Lachassagne La Capture (2014)[9].

Œuvre

Yves Reboul, maître de conférences à l'université de Toulouse-Le Mirail, spécialiste de littérature moderne et rédacteur en chef de la revue Littératures souligne en 2009 que Pierre Bergounioux est devenu une figure majeure des lettres françaises avec des ouvrages qui se sont imposés ; certains mieux que d'autres tels La Toussaint, Miette ou La Mort de Brune[10].

Dans sa présentation, Yves Reboul précise que, si l'œuvre de Bergounioux est certes une sorte de témoignage sur la ruralité disparue, au contact de laquelle il a vécu dans l'enfance, elle ne peut être réduite à cela. Michel P. Schmitt ajoute qu'elle n'a « rien du passéisme de la littérature régionaliste qu'a produite la Corrèze[2]. » L'œuvre tient souvent de l'essai philosophique. « La mémoire rurale, collective ou familiale certes passionne Bergounioux parce qu'il y retrouve ses origines mais aussi parce qu'elle lui ouvre le champ de la réflexion et est prétexte à la méditation sur la modernité » dans l'histoire des sociétés. Il est en cela plus proche des historiens de l'histoire sociale que de la tradition littéraire romanesque.

Bergounioux plus qu'un romancier est plutôt un philosophe qui écrit des romans. Sa littérature est conçue comme une forme de connaissance (théorisée dans La Cécité d’Homère et dans l'anthologie Bréviaire de littérature à l'usage des vivants). Il entend, après Edmund Husserl, éprouver le monde comme phénomène subjectif[2]. Pour Mathilde Barraband « la vertu profondément réaliste des récits de P. Bergounioux réside moins dans leur tentative pour imiter le réel, que dans leur effort pour le rendre connaissable, [...] il ne s’agit jamais simplement de se comprendre soi, pour son bénéfice personnel, mais de saisir à travers soi une vérité générale »[11].

« La Corrèze et le Limousin jouent dans l'œuvre un rôle réel et fantasmatique comme le comté de Jefferson (Mississippi) » aura compté dans l'œuvre de William Faulkner. Dans ses récits se mêlent, narration, pente réflexive et remémoration, mais les caractères du roman y font défaut. « La phrase est ample, parfois complexe, toujours pleine de sens »[10]. Michel P. Schmitt, quant à lui, écrit que « Pierre Bergounioux fait surgir un bloc de mots, compact et fluide, rugueux et poli, ordonné et déraisonnable[2] » et Jean-Pierre Richard que « jamais la pureté mallarméenne ne fut si bien comprise[12]. »

L'œuvre — poursuit Yves Reboul — est diverse et abondante se développant dans des textes généralement courts et d'une très grande tenue. « La première partie de l'œuvre qui porte la mention roman a [au final] moins retenu l'attention que l'autre versant » des textes réflexifs ou spéculatifs qui parlent des liens entre l'art et la mort, de la situation historique de l'homme contemporain qui ne saurait récupérer le passé et se trouve voué au morcellement qui commande un travail de l’écriture, de l'emprise du lieu d’origine inlassablement interrogé, scruté, fouillé pour son propre compte, mais aussi au nom d'une communauté (qui n'apparaissait pas sur les cartes). Il y a également la définition de la position de l'écrivain, qu'éprouve l’érudit qui sait que « tout a déjà été dit », car la filiation passe par les ascendants et par les bibliothèques[13].

Les textes énoncent des hypothèses et des points de vue précis sur le moment historico-culturel qui est le sien et sur tel champ social connu de lui comme l'école et s’aventurent même dans l'enquête ethnographique (Les Forges de Syam). À quoi s’ajoute le goût de l’entretien[10].

Prises de position

Dans un livre d'entretiens paru en octobre 2006, ironiquement intitulé École : mission accomplie, Bergounioux a mené une réflexion sur l'école. À la suite de Pierre Bourdieu dans Les Héritiers et La Reproduction[14], il y fait l'amer constat de l'échec du collège unique, dont le fonctionnement non seulement ne réduit pas les inégalités, mais accentue chez les élèves les plus faibles l'humiliation et le pressentiment qu'ils ont de l'infériorité de leur condition sociale. « Au lieu des avantages escomptés, ils [les élèves] en ont retiré d’assez médiocres profits, et le sentiment d’indignité qui en est la modalité subjective. L’expérience est héréditaire. Quiconque passe en sixième, à 11 ans, sans être familiarisé avec les valeurs et les usages de l'école, est condamné à s'entendre notifier chaque jour, plusieurs fois par jour, son insuffisance, sa médiocrité[15]. »

« La seule façon de ne pas faire violence aux enfants serait de les juger par rapport à eux-mêmes, d'évaluer la distance qu'ils ont parcourue entre l'état où nous les avons trouvés au sortir de l'univers familial et celui auquel ils se sont élevés sous l'effet de notre enseignement. Mais cela reviendrait à reconnaître publiquement l'injustice de notre société, à en tirer les conséquences, qui sont révolutionnaires, rien de moins, et jamais nous n'avons été aussi loin de le faire. »

En 2017, il est cosignataire d'un appel publié dans le blog de Mediapart intitulé « Faire gagner la gauche passe par le vote Mélenchon »[16].

Publications

Récits

Carnets de notes

  • Carnet de notes. 1980-1990, Verdier (2006)
  • Carnet de notes. 1991-2000, Verdier (2007)[37]
  • Carnet de notes. 2001-2010, Verdier (2011)[38],[39]
  • Carnet de notes. 2011-2015, Verdier (2016)[40]
  • Carnet de notes. 2016-2020, Verdier (2021)

Essais

Autres publications

Récompenses

Prix littéraires

Distinction

Expositions (sélection)

Annexes

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Bibliographie critique

Filmographie

Radio

Liens externes

Notes et références

  • Theodorebalamoral.com
    Contient des contributions de Pierre d’Almeida, Bernard Baillaud, Gabriel Bergounioux, Thierry Bouchard, Denis Borel, Lionel Bourg, Yves Charnet, Jean-Luc Fougeray, Alain Galan, Christian Garcin, Gil Jouanard, Paul Martin, Jean-Paul Michel, Jean-Claude Pinson, Jacques Réda, Jean Roudaut, John Taylor et Dominique Viart. Contient également un texte inédit de Pierre Bergounioux (« Jours de juillet »), un entretien avec Thierry Bouchard, une bibliographie complète et des repères biographiques.
  • Voir sur Madelen.ina.fr (consulter en ligne).
  • Voir sur Lahuit.com (présentation en ligne).
  • Pierre Bergounioux y tient son propre rôle, au même titre que d'autres écrivains : Juan Goytisolo, Mahmoud Darwich, etc.
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