Ragondin

espèce de rongeur semi-aquatique, famille des Echimyidae
(Redirigé depuis Myocastor coypus)

Myocastor coypus

Le Ragondin Écouter (Myocastor coypus), est une espèce de rongeurs à répartition cosmopolite, appartenant à la famille des Echimyidae[1] , quand il n'est pas encore classé à part dans la famille des Myocastoridae[2].

Ce mammifère semi-aquatique, originaire d'Amérique du Sud, s'est naturalisé en Amérique du Nord, en Europe, en Asie, en Afrique de l'Est au XIXe siècle pour l'exploitation de sa fourrure bon marché[3]. Tous les individus présents dans ces régions proviennent à l'origine d'évasions ou de lâchers volontaires.

En Europe, le ragondin est inscrit depuis 2016 dans la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne[4]. Cela signifie que cette espèce ne peut pas être importée, élevée, transportée, commercialisée, ou libérée intentionnellement dans la nature, et ce nulle part dans l’Union européenne[5].

Dénominations

  • Nom vulgaire accepté, recommandé ou typique en français : Ragondin - ragondine [6],[7],[8],[9],[10],[11], qui s'écrivait « rat gondin » jusqu'en 1869[11].
  • Noms scientifiques : myopotame (qui signifie en grec « le rat du fleuve »)[7] , myocastor[7],[12],
  • Noms vernaculaires locaux (langage courant): nutria[6],[7],[8] (dans les pays russophones et en Argentine), coypou[7] (en Amérique latine sauf Argentine), racconda[7]
  • Noms se référant improprement à d'autres espèces non apparentées (lièvres, loutres, castors): lièvre des marais[13],[14], castor du Chili[7], castor des marais[7], loutre d'Amérique[12]

Description

  • Masse moyenne : 5-9 kg, en moyenne 7 kg
  • Taille : un corps de 40 à 60 cm et une queue de 25 à 45 cm.

De mœurs à tendance crépusculaire et nocturne, il peut avoir une activité diurne non négligeable.

Le froid est un facteur limitant et les hivers rigoureux lui sont fatals. L'organisme du ragondin n'est pas adapté au gel comme celui du castor. Lors d'hivers rigoureux, de nombreux ragondins ont la queue qui gèle, ce qui dégénère en gangrène mortelle.

Le ragondin est reconnaissable à ses quatre grandes incisives rouge-orange.

Il est plus gros que le rat musqué et sa queue a une section arrondie plutôt qu'ovale. Sa queue se différencie également de celle des castors, qui ont une large queue plate.

La présence en nombre du ragondin limite la croissance des rats musqués, réputés plus nocifs que les ragondins[15].

Habitat et comportement

Habitat

Le ragondin est un animal préférant vivre dans les milieux aquatiques d'eau douce, parfois saumâtre. Aux rivières et fleuves d'Amérique du Sud d'où il provient s'ajoutent désormais tous les réseaux hydrauliques constituant son nouvel habitat dans les pays où il a été introduit : fossés et canaux reliant les marais.

Il creuse un terrier de 6 à 7 m le long des berges. Ce terrier possède en général plusieurs entrées, dont une subaquatique. Dans certaines régions à très forte densité de ragondins, et lorsqu'il a à sa disposition un vaste réseau de fossés et canaux, les terriers du ragondin participent à la déstabilisation des berges artificielles. Par la quantité de terre exportée dans l'eau à chaque terrier creusé, le ragondin provoque également l'accélération du comblement des fossés et canaux.Il arrive qu'il utilise les terriers déjà creusés par le rat musqué, avec qui il entre en concurrence. Il peut également construire des huttes de feuillages.

Régime alimentaire

Rongeur herbivore, son régime alimentaire est normalement constitué de céréales, de racines, d'herbes, de glands ou autres. Néanmoins, il s'adapte très vite aux ressources disponibles sur son territoire. Il consomme ainsi une grande quantité de Poacées, notamment des céréales comme le maïs et le blé. Majoritairement herbivore, le ragondin peut toutefois manger des moules d'eau douce et des écrevisses. Il s’alimente de graminées toute l’année. En été, il mange également des pousses de carex, des roseaux, des potamots, des rubaniers ou des sagittaires. En automne, le régime est aussi composé de fruits (nénuphars par exemple), alors qu’en hiver il consomme également des tubercules et des rhizomes. Il peut parfois manger des mollusques d’eau douce.

Reproduction

Dans son habitat naturel, le ragondin atteint sa maturité sexuelle vers six mois, mais est mature dès deux à quatre mois en captivité. Les mâles sont actifs sexuellement toute l'année. La femelle a deux ou trois portées par an de cinq ou sept petits en moyenne. Elle les allaite pendant sept à huit semaines. Fait particulier, ses mamelles sont déportées vers les flancs au lieu d'être placées sous le ventre comme chez la plupart des mammifères, ce qui lui permet de nager avec ses petits accrochés aux tétines.

Classification

Ce rongeur longtemps considéré comme seul représentant de la famille des Myocastoridae, fait partie des Echimyidae, ou « rats épineux », la famille de rats ayant le plus grand nombre d'espèces. Il a été parfois classé dans la sous-famille des Myocastorinés, qui malgré son nom n'est pas apparentée au castor.

Interaction écologique

Prédateurs

Dans leur environnement d'origine, les populations de ragondins sont régulées naturellement par leurs prédateurs, comme les caïmans et le puma.

Dans les pays où il a été introduit, le ragondin n'a aucun prédateur naturel, tout du moins à l'état adulte. Les jeunes ragondins sont parfois les proies de mammifères prédateurs comme la fouine, le renard, ou des oiseaux comme le busard des roseaux, la buse variable et la chouette effraie.

Nuisances liées au ragondin

Le ragondin, par son mode de vie et sa qualité d'espèce envahissante, influence et transforme considérablement son habitat, et est classé parmi les nuisibles dans plusieurs pays européens, dont la France.

Il est accusé en particulier de :

  • dégradation et mise à nu des berges favorisant leur érosion progressive ;
  • fragilisation des fondations d’ouvrages hydrauliques[16] par le réseau de galeries ;
  • dégâts causés aux cultures (céréales, maraîchage, écorçage dans les peupleraies…) ;
  • menace sur certaines espèces végétales (surtout aquatiques) à cause d’une surconsommation[17] ;
  • destruction des nids d'oiseaux aquatiques[18] ; des niches écologiques des espèces migratrices et espèces sédentaires comme le canard colvert et autre type d'oiseaux aquatiques[19].
  • possibilité de transmission de maladies telles que la douve du foie[20] ou la leptospirose[21].

Selon une étude publiée dans l'Ecological Society of America, le ragondin a été classé en tête des dix espèces exotiques les plus nuisibles d'Europe[22]. À ce titre, les ragondins sont également officiellement répertoriés par le projet européen Daisie (Delivering Alien Invasive Species Inventories for Europe) parmi les 922 espèces les plus envahissantes[23].

En Italie, entre 1995 et 2000, malgré un plan de lutte de 3 millions d'euros, les dégâts causés par l'animal aux berges et à l'agriculture ont été estimés à 11 millions d'euros[24].

En France, il est inscrit officiellement sur la liste des animaux susceptibles d'être classés nuisibles. Il est également sur la liste publiée par la Commission européenne dans le cadre du règlement relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes[25],[26]. Dans certaines régions, il a fait l'objet de plans de lutte collectifs, à l'échelle de dizaines de communes. Les méthodes de lutte contre le ragondin sont les mêmes que celles autorisées pour les autres espèces nuisibles : tir au fusil, tir à l'arc, piégeage, déterrage... La chasse du ragondin est autorisée toute l'année ainsi que les déterrages et le piégeage par des chasseurs ou des piégeurs agréés ce qui permet de limiter sa prolifération[27]. L'empoisonnement avec des appâts empoisonnés avec des anticoagulants, interdit depuis 2006[28], a été responsable d'importantes nuisances sur l'environnement, tuant d'autres animaux et représentant un risque sanitaire pour l'homme[29]. Ayant une nage similaire[30] au castor, il y a parfois confusion entre les deux espèces lors de ces plans de régulation[31].

À l’inverse, lorsque sa densité n'est pas trop importante, cette espèce joue un rôle positif dans l’entretien de la végétation des marais (roseaux, lentilles d’eau)[32].

Leptospirose

Le ragondin, à l'instar d'autres petits rongeurs, peut être porteur sain de bactéries du genre leptospira, dont certaines espèces transmise à l'homme ou d'autres mammifères provoque chez eux une maladie, la leptospirose [33].

Utilisation par l'homme

Ragondins piégés et tués dans le cadre d'un programme américain de contrôle de l'espèce. On les congèlera pour en tirer des données d’intérêt scientifique.

Outre sa chasse en tant que nuisible, le ragondin peut être chassé ou bien élevé pour la peau et la viande, sous réserve de détenir le certificat de capacité correspondant au même titre par exemple qu’un élevage de biches ou de sangliers[34]. Il peut se trouver sous forme de « paté de ragondin », produit en particulier en Vendée ou en Charente-Maritime[35].

Au XIXe siècle, sa fourrure était utilisée dans l'habillement et la chapellerie[36][Comment ?] mais a rencontré peu de succès[réf. nécessaire].

La compagnie américaine Marsh Dog, basée en Louisiane, utilise la viande de ragondin dans sa nourriture pour chiens[37].

Au Kirghizstan et en Ouzbékistan, le ragondin (Nutria en anglais, en langue locale, Нутрия) est élevé et vendu comme viande bon marché[réf. nécessaire].


Ragondins dans le milieu naturel, en Allemagne.

Répartition

Cet animal est originaire des régions tempérées de l'Amérique du sud. Cependant, il a été introduit pour sa fourrure dans de nombreuses autres régions, notamment l'Amérique du nord, l'Europe et le Japon. En France, l'INPN indique sa présence dans tous les départements métropolitains à l'exclusion de la Corse ainsi que du Pas-de-Calais, où sa présence est cependant suspectée quoique pas encore documentée[38] .

Présent dans seulement quelques départements français lors de son introduction, il a rapidement colonisé toute la France continentale. Il est maintenant présent dans toutes les régions du Sud de la France (et notamment dans le Lot-et-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard, Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Var…) et on le trouve également abondance dans certaines régions plus au nord : la Normandie (marais du Cotentin, vallée de la Seine), l'Île-de-France (canal de l'Ourcq, étangs de Vélizy[39], parc du Château de Versailles - Hameau de la Reine), le Centre, la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand-Est.

  • habitat natif
  • zone d'introduction

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Références taxinomiques

Liens externes

Notes et références