Le village est noté comme pittoresque par l’Atlas historique de la Provence (1969)[2]. Son emplacement laisse penser à une origine antique : il est situé sur la crête d'une colline, avec au nord une bonne visibilité sur la plaine, et au sud le Luberon, qui constitue une protection naturelle.[réf. nécessaire]
Le territoire communal est inclus dans la Réserve naturelle géologique du Luberon[4]. Parmi les 28 sites du Cénozoïque (ère tertiaire) du parc[5], le site numéro 20, les Cayols, d'une superficie de 19,46 ha[6], se situe dans la partie sud du territoire communal.
L'altitude varie de 386 mètres au nord à 721 mètres au sud. Le village se situe en limite sud du massif du Luberon, sur un versant général orienté vers le nord, mais perché sur une crête (dont l'altitude varie de 677 à 573 mètres) entre deux ruisseaux[7], au sein de la vallée de Reillanne[8].
Le terroir de la commune est situé sur l’ubac du Luberon.
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 11,6 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 17 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 837 mm, avec 6,3 jours de précipitations en janvier et 3,2 jours en juillet[9]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « La Bastide des Jourdans », sur la commune de La Bastide-des-Jourdans à 7 km à vol d'oiseau[11], est de 13,5 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 698,1 mm. La température maximale relevée sur cette station est de 42,4 °C, atteinte le ; la température minimale est de −12,3 °C, atteinte le [Note 1],[12],[13].
Aucune des 200 communes du département n'est en zone de risque sismique nul. Le canton de Reillanne auquel appartient Montjustin est en zone 1b (sismicité faible) selon la classification déterministe de 1991, basée sur les séismes historiques[16], et en zone 4 (risque moyen) selon la classification probabiliste EC8 de 2011[17]. La commune de Montjustin est également exposée à trois autres risques naturels[17] :
feu de forêt,
mouvement de terrain : la commune est presque entièrement concernée par un aléa moyen à fort[18].
La commune de Montjustin est de plus exposée à un risque d’origine technologique, celui de transport de matières dangereuses par route[19]. La départementale RD900 (ancienne route nationale 100) qui passe en bordure de la commune, et en surplomb, peut être empruntée par les transports routiers de marchandises dangereuses[20].
Au , Montjustin est catégorisée commune rurale à habitat très dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[22].Elle est située hors unité urbaine[23]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Manosque, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[23]. Cette aire, qui regroupe 30 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[24],[25].
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (68,9 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (68,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (50,6 %), terres arables (23,6 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (18,3 %), zones agricoles hétérogènes (4,2 %), prairies (3,3 %)[26].
L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Le nom du village tel qu’il apparaît pour la première fois dans les textes en 1022 (in territorio montis justini), est formé de l’occitanmont et d’un nom de personne[27].
La colline Saint-Laurent, immédiatement à l'ouest du village, tire son nom d'une chapelle des Xe et XIIe siècles disparue, dont les fouilles ont retrouvé le mur nord[28].
La crête de Montjustin était occupée par un oppidum à l’époque de l’indépendance gauloise. Le site du village est occupé sous l’Empire romain, à partir du IIIe siècle[29].
Alors que le sud-est de la Gaule était une terre burgonde, le roi des OstrogothsThéodoric le Grand fait la conquête de la région entre la Durance, le Rhône et l’Isère en 510. La commune dépend donc brièvement à nouveau de l’Italie, jusqu’en 526. En effet, pour se réconcilier avec le roi burgonde Gondemar III, la régente ostrogothe Amalasonthe lui rend ce territoire[30].
Le , les accords de Meyrargues sont signés entre Guillaume de Sabran et Raymond Bérenger IV de Provence, au sujet du comté de Forcalquier qu'ils se disputaient. Le sud du comté de Forcalquier est attribué à Guillaume de Sabran, de la Durance à Forcalquier non-incluse ; le nord jusqu'au Buëch allant à Raimond Bérenger. Mais le castrum de Montjustin constitua une enclave attribuée à Raymond Bérenger[32].
L’orientation en ubac du terroir exploité par la communauté n’est pas des plus favorables, pour l’agriculture comme pour l’élevage. Au XIVe siècle, la communauté de Montjustin signe un contrat de dépaissance réciproque, permettant aux habitants de Montjustin de mener leurs troupeaux sur certains pâturages de Reillanne, orientés à l’adret, aux périodes où les prés de Montjustin n’étaient pas suffisamment herbus pour nourrir les moutons, avec réciprocité[33].
En 1589, le duc de La Valette, à qui les habitants avaient refusé une halte (ou le passage) dans la cité, enlève la place après trois assauts ; la population est alors massacrée ou pendue et le village rasé[35],[36].
Cet épisode est à l'origine d'un proverbe : « Si fau rendre Montjustin, si rendet ». Cet appel s'adressait à toute la Provence « Provence, tu peux te rendre, Montjustin s’est rendu », signifiant qu'à l'impossible nul n'est tenu[37].
Comme de nombreuses communes du département, Montjustin se dote d’une école bien avant les lois Ferry : en 1863, elle en possède déjà une qui dispense une instruction primaire aux garçons, au chef-lieu[38]. Aucune instruction n’est donnée aux filles : ni la loi Falloux (1851), qui impose l’ouverture d’une école de filles aux communes de plus de 800 habitants[39], ni la première loi Duruy (1867), qui abaisse ce seuil à 500 habitants, ne concernent Montjustin[40], et ce n’est qu’avec les lois Ferry que les filles de la commune sont régulièrement scolarisées.
Se dépeuplant progressivement après la Seconde Guerre mondiale, le village est découvert par Lucien Jacques, poète, qui passa par ce village où vivait le berger Justin Nègre qu'il avait connu lors des Rencontres du Contadour. L'installation de Lucien Jacques fut suivie de celle des cousins de Giono, les Fiorio[41], qui furent à l'origine de la renaissance agricole du village (lire la biographie de Serge FiorioPour saluer Fiorio, La Carde éditeur, 2011). Les amis de Giono, de Lucien Jacques et de Serge Fiorio qui s'installèrent à Montjustin dans les années 1950 ont fait de ce petit village perdu dans le Luberon un lieu exceptionnellement riche en intellectuels et en artistes : voir, plus bas, la liste des personnalités liées à la commune.
Jusqu’au milieu du XXe siècle, la vigne était cultivée à Montjustin. Le vin produit, de qualité médiocre, était destiné à l’autoconsommation. Cette culture est aujourd’hui abandonnée[42].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1765. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[48]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[49].
L’histoire démographique de Montjustin, après la saignée des XIVe et XVe siècles et le long mouvement de croissance jusqu’au début du XIXe siècle, est marquée par une période d’« étale » où la population reste relativement stable à un niveau élevé. Cette période dure de 1821 à 1856. L’exode rural provoque ensuite un mouvement de recul démographique de longue durée. En 1911, la commune enregistre la perte de la moitié de sa population du maximum historique de 1856[52]. Le mouvement de recul se poursuit jusqu’aux années 1960. Depuis, la population est stabilisée entre 40 et 60 habitants.
La population de la commune est relativement âgée.En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 20,4 %, soit en dessous de la moyenne départementale (29,2 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 37,2 % la même année, alors qu'il est de 33,4 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 30 hommes pour 29 femmes, soit un taux de 50,85 % d'hommes, légèrement supérieur au taux départemental (48,62 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[53]
Les élèves de Montjustin sont scolarisés à Reillanne (circonscription académique de Manosque)[55]. Un service de car scolaire est mis en place par le département[56].
En 2009, la population active s’élevait à 21 personnes, dont 2 chômeurs[59]. Ces travailleurs sont une petite majorité à être salariés (onze contre neuf indépendants)[60] et travaillent majoritairement hors de la commune (douze contre huit)[60].
Fin 2010, le secteur primaire (agriculture, sylviculture, pêche) comptait sept établissements actifs au sens de l’Insee (exploitants non-professionnels inclus) et aucun emploi salarié[61]. Le nombre d’exploitations professionnelles, selon l’enquête Agreste du ministère de l’Agriculture, est très faible et couvert par le secret statistique en 2010. Il était de six en 2000[62], de huit en 1988[63]. Actuellement, ces exploitants sont essentiellement des élevages ovins, les arboriculteurs ayant disparu[62]. De 1988 à 2000, la surface agricole utile (SAU) avait augmenté, de 276 à 313 ha[63].
La culture de l’olivier est pratiquée dans la commune depuis des siècles, tout en étant limitée à des surfaces restreintes. La terroir de la commune se situe en effet à la limite altitudinale de l’arbre, qui ne peut que difficilement être exploité au-delà des 650 mètres[64]. De la même façon, l’autre culture symbolique des régions méditerranéennes, la vigne n’est plus cultivée pour une production commerciale dans la commune[42].
Une fromagerie, spécialisée dans le fromage de brebis, est installée à Montjustin[65].
Fin 2010, le secteur tertiaire (commerces, services) comptait trois établissements, auxquels s’ajoutent l’unique établissement du secteur administratif, qui emploie l’unique salarié travaillant dans la commune[61].
D'après l’Observatoire départemental du tourisme, la fonction touristique est d’une importance limitée pour la commune, avec entre un et cinq touristes accueillis par habitant[66]. Les capacités d'hébergement étant très faibles[67] et consistent en quelques meublés labellisés[68] et d’autres non-labellisés[69]. Les résidences secondaires apportent un petit complément à la capacité d’accueil[70] : au nombre de 16, elles représentent 36 % des logements[71],[72].
Les milieux naturels occupent 67 % des sols du territoire communal soit 690,79 ha. La zone de nature et de silence couvre une superficie de 515 ha[6]. Les collines de Montjustin sont incluses dans la ZNIEFF intercommunale 930012367 - « Versant nord-est du massif du Luberon - forêts domaniales de Pélissier et de Montfuron - collines de Montjustin », qui s'étend sur 11 communes[75]. Les habitats de cette zone sont des forêts de chênes verts et des falaises calcaires.
Jean d'Ailhaud (né à Lourmarin en 1674, mort en 1756 à Aix-en-Provence) médecin chirurgien, devenu baron de Castellet, seigneur de Vitrolles et de Montjustin, il fut conseiller et secrétaire du roi Louis XV, il est l'inventeur de la célèbre poudre purgative d'Ailhaud, et son fils, Jean-Gaspard d'Ailhaud (mort en 1800), auteur de sept livres défendant les travaux de son père.
Charles Tillon, y avait une maison de famille qu'il restaura de 1952 à 1962.
Les photographes et époux Henri Cartier-Bresson et Martine Franck sont inhumés à Montjustin. Cartier-Bresson y termina ses jours, dans sa maison située en contrebas du village[76].