Maria Fischer
Maria Fischer (ou Marie Fischer), née le à Sankt Pölten (Autriche-Hongrie) et morte le à Vienne (Autriche)[1] est une ouvrière textile autrichienne et une résistante trotskyste à l'austrofascisme et au nazisme.
Biographie
Jeunesse
Maria Fischer est la troisième fille du bourrelier Johann Fischer (20 septembre 1867 à Untersiegendorf[2] - 24 février 1905, Sankt Pölten[3]) et d'Antonia Fischer (ou Antonie Fischer ) [1],[4] née Kronigel (10 mai 1864, Kleinreichenbach[2],[5] - 21 mars 1928, Vienne[3],[6]).
Après avoir terminé la Volkschule (école primaire), Maria Fischer apprend le métier de renvideuse de soie[7] et est ouvrière dans diverses entreprises ainsi qu'à domicile[8],[9].
Elle déménage de Sankt Pölten à Vienne, où elle, sa mère et sa sœur Antonie vivent dans un appartement dans le quartier de Penzing à partir de 1916[10].
En 1916, elle devient membre du Parti social-démocrate d'Autriche et rejoint un syndicat[11]. Le 23 septembre 1918, elle donne naissance à son fils unique Karl Fischer, qu'elle surnomme Kegel, un terme médiéval pour enfant illégitime. Ce nom est ensuite utilisé par Karl Fischer comme alias dans la clandestinité[11],[12].
Résistance, persécution, emprisonnement et libération (1935-1945)
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/b/be/Schutzhaftbefehl_Maria_Fischer_-_Original.jpg/220px-Schutzhaftbefehl_Maria_Fischer_-_Original.jpg)
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4c/Maria_Fischer%2C_Gestapo-Bild%2C_Stapo-Leitstelle_Wien%2C_IV-43._Nr._7963%2C_April_1943.jpg/220px-Maria_Fischer%2C_Gestapo-Bild%2C_Stapo-Leitstelle_Wien%2C_IV-43._Nr._7963%2C_April_1943.jpg)
Maria Fischer entre en contact avec les Revolutionären Kommunisten Österreichs (RKÖ, Communistes révolutionnaires d'Autriche) par l'intermédiaire de son fils vers 1935 puis en devient membre[13] et met son appartement à Vienne à leur disposition comme secrétariat pour leurs activités clandestines[11].
Son fils Karl est arrêté début novembre 1936[12] pour ses activités trotskystes. Il est jugé en août 1937 par le tribunal régional des affaires pénales de Vienne et le 23 septembre 1937 par la Cour suprême à Vienne pour haute trahison et condamné à cinq ans de prison[14]. Il est libéré à la suite de l'amnistie de février 1938[15]. Il émigre ensuite via la Suisse en Belgique et en France d'où il rejoint la résistance[16],[17]. Arrêté en France en 1943, il est confié à la Gestapo en 1944 puis déporté au camp de concentration de Buchenwald[18].
Après l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne, Maria Fischer rejoint un groupe de résistant trotskiste dénommé Gegen den Strom (À contre-courant), pour lequel elle met de nouveau son appartement à disposition. Cet entourage l'appelle affectueusement « tante Mitzi ». Elle prend le nom de code Netz pour son travail clandestin[13],[11].
En parallèle, elle travaille pour la société viennoise Hans Amfaldern[19]. Le 27 janvier 1941, l'administration du travail du Reich pour la zone économique Vienne-Niederdonau la condamne à une amende de 8 Reichsmarks pour refuser de travailler un dimanche[20].
Elle quitte l'Église catholique le 27 janvier 1942[1].
En avril 1943, le groupe de résistants Gegen den Strom est identifié par la Gestapo. Lors d'une perquisition au domicile de Maria Fischer, la Gestapo trouve une machine à écrire, du papier et d'autres ustensiles pour la production de dépliants qu'elle avait cachés[11]. Elle est arrêtée par la Gestapo le 14 avril 1943[21]. Le 13 mai 1943, le RHSA l'emprisonne par Schutzhaft (détention de sûreté) pour « activité de trahison »[22]. Elle est accusée d'avoir soutenu l'organisation Gegen den Strom et d'avoir imprimé leur journal dans son appartement. Dans ces journaux, des positions internationalistes et défaitistes du groupe sont avancées[11].
Le 10 décembre 1943, elle est jugée pour haute trahison par le Volksgerichtshof (tribunal du peuple) de Vienne qui la condamne à cinq ans de prison[21],[23],[24].
Comme le montrent les documents restants de Maria Fischer, son emprisonnement se tient dans diverses prisons de Vienne[25].
Puis elle est déportée via Brno et Breslau vers la prison pour femmes de Jawor où elle arrive le 10 avril 1944[26],[27] et reste jusqu'à fin janvier 1945[28]. À la suite de l'invasion soviétique de la ville de Jawor, elle est deplacée vers la prison pour femmes de Leipzig-Kleinmeusdorf en février 1945[11],[29]. Le 18 avril 1945, elle est libérée par l'armée américaine[11],[29],[30].
Après 1945
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d6/1._Schreiben_Maria_Fischers_an_Karl_Fischer%2C_26._April_1955.jpg/220px-1._Schreiben_Maria_Fischers_an_Karl_Fischer%2C_26._April_1955.jpg)
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/7/73/Karl_und_Maria_Fischer_1955.jpg/220px-Karl_und_Maria_Fischer_1955.jpg)
Après sa sortie de la prison pour femmes de Leipzig-Kleinmeusdorf, elle marche vers Linz où elle est découverte par hasard en tenue de détenue par son fils Karl, précédemment libéré du camp de concentration de Buchenwald[11]. Son fils la recueille dans son appartement de Linz[31].
Le 22 janvier 1947, Karl Fischer est kidnappé sur un pont de Linz, alors sur la ligne de démarcation soviéto-américaine, par les services secrets soviétiques NKVD [32],[33] et condamné à quinze ans de goulag pour espionnage présumé[11],[34],[35].
Après l'enlèvement de son fils, elle revient dans son ancien appartement à Vienne et ne travaille que pendant une courte période jusqu'à ce qu'elle reçoive (selon ses propres termes) une « retraite adéquate »[36].
Maria Fischer n'apprend le sort de son fils que très tardivement[37] et n'a pu le contacter par écrit qu'au printemps 1955 malgré de multiples demandes d'autorisation d'échanger des lettres[38].
Le 20 juin 1955, elle retrouve à Wiener Neustadt son fils rapatrié d'Union soviétique dans le cadre de la conclusion du traité d'État autrichien[39],[23].
Maria Fischer meurt le 6 février 1962 après un accident vasculaire cérébral à Vienne[40]. Comme son fils Karl un an plus tard, elle est enterrée au cimetière du sud-ouest de Vienne le 15 février 1962[41] puis tous deux transférés à Ilz le 25 mars 1991 dans le cimetière local[12],[42].
Hommage
Galerie de documents
- Amende de l'administration du travail du Reich pour la zone économique Vienne-Niederdonau contre Maria Fischer, 27 janvier 1941, page 1
- Amende de l'administration du travail du Reich pour la zone économique Vienne-Niederdonau contre Maria Fischer, 27 janvier 1941, page 2
- Carte d'identité du Reich allemand de Maria Fischer, 5 octobre 1942
- Carte d'enregistrement de Maria Fischer en tant que détenue à la prison pour femmes de Jauer
- En-tête d'une lettre de Maria Fischer de la prison pour femmes de Jauer, écrite sur un formulaire sur de la papeterie de la prison, 30 avril 1944
- Certificat de décharge de Maria Fischer, prison pour femmes de Leipzig-Kleinmeusdorf, 20 avril 1945, recto
- Certificat de libération de Maria Fischer, prison pour femmes de Leipzig-Kleinmeusdorf, 20 avril 1945, verso
- Lettre de Karl Fischer à l'occasion du 49e anniversaire de sa mère Maria, 29 juillet 1946
Bibliographie
- Cécile Denis : Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionary Communists et trotskystes . Thèse de doctorat réalisée sous la direction d'Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l'université Bordeaux-Montaigne (thèse à l' Université de Bordeaux-Montaigne ), Bordeaux 2018. (français)
- Roland Fischer : Fischer Maria (Marie) ; Seidenwinderin et combattant de la résistance. Dans : Ilse Korotin (éd.) : BiografıA. Lexique des femmes autrichiennes. Tome 1 : A-H. Böhlau, Vienne / Cologne / Weimar 2016, (ISBN 978-3-205-79590-2), p. 832-834.
- Association historique du bourg d'Ilz et de ses environs (éd. ) : Résistance aux dictatures en Autriche et en Europe au 1er La moitié du 20e Century - et qu'est-ce que cela a à voir avec Ilz ! - Partie 1 : Maria Fischer (résistante, 1897-1962). Dans : Historia Illenz . Journal de l'Association historique de la Communauté du marché d'Ilz et environs, no 12, tome 3, Ilz 2020, p. 1 et p. 6-9.
- Association historique du bourg d'Ilz et de ses environs (éd. ) : Résistance aux dictatures en Autriche et en Europe au 1er La moitié du 20e Century - et qu'est-ce que cela a à voir avec Ilz ! - Partie 2 : Karl Fischer (résistant, 1918-1963). Dans : Historia Illenz . Journal de l'Association historique de la Communauté du marché d'Ilz et de ses environs, no 13, tome 4, Ilz 2020, p. 1 et p. 6-8.
- Association historique du bourg d'Ilz et de ses environs (éd. ) : Résistance aux dictatures en Autriche et en Europe au 1er La moitié du 20e Century - et qu'est-ce que cela a à voir avec Ilz ! - Partie 3 : Karl Fischer (résistant, 1918-1963). Dans : Historia Illenz . Journal de l'Association historique de la communauté du marché d'Ilz et de ses environs, no 14, volume 4, Ilz 2020, p. 1 et p. 3-5.
- Fritz Keller : Dans le Goulag depuis l'Est et l'Ouest. Karl Fischer. Ouvrier et révolutionnaire. ISP-Verlag, Francfort-sur-le-Main 1980, (ISBN 3-88332-046-3) .
- Fritz Keller : Le Trotskysme en Autriche de 1934 à 1945 . Dans : Cahier Léon Trotsky no 5, Paris janvier-Mars 1980. (Français)
- Fritz Keller : Quelques biographies de militants de l'Opposition autrichienne . Dans : Cahier Léon Trotsky no 5, Paris janvier-Mars 1980. (Français)
- Georg Scheuer : Seuls les imbéciles ne craignent rien. Scènes de la guerre de Trente Ans, 1915-1945. Maison d'édition de critique sociale, Vienne 1991, (ISBN 3-85115-133-X) .
Voir aussi
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Cécile Denis : Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionary Communists et trotskystes . Thèse de doctorat réalisée sous la direction d'Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l'université Bordeaux-Montaigne (thèse à l' Université de Bordeaux-Montaigne ), Bordeaux 2018.
- Roland Fischer : Fischer Maria, renvideuse de soie et résistante . Dans : biografia.sabiado.at, site Internet de l' Institut des sciences et des arts de Vienne.
- Christine Kanzler : Fischer, Maria (Marie) ; Nom de code : Netz, Seidenwinderin et combattante de la résistance, page du projet de module "biografiA" Femmes autrichiennes en résistance à l'Institut des sciences et des arts de Vienne.
- Fritz Keller : Le Trotskyism in Austria août 2017 dans Internet Archive ) (anglais).
Références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Maria Fischer (Widerstandskämpferin, 1897) » (voir la liste des auteurs).