Léon Bonnat

peintre, graveur et collectionneur d'art français (1833–1922)

Léon Bonnat, né le à Bayonne et mort le à Monchy-Saint-Éloi, est un peintre, graveur et collectionneur d'art français.

Léon Bonnat
Léon Bonnat peignant le portrait d'Alfred Roll en 1918, photographie de l'agence de presse Meurisse.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Léon Joseph Florentin BonnatVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Mouvement
Maîtres
Genres artistiques
Distinctions
Prix de Rome ()
Grand-croix de l'ordre d'Alphonse XII ()
Ordre Pour le Mérite pour les sciences et arts (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 1097-1099, 3 pièces, -)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Isaac Dignus Fransen van de Putte (1822-1902) (d), Armand Fallières (d), Intérieur de la chapelle Sixtine (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Vue de la sépulture.

Il est grand-croix de la Légion d'honneur[2].

Biographie

Les débuts

Originaire de Bayonne, Léon Joseph Florentin Bonnat vit entre 1846 et 1853 à Madrid, où son père Joseph Bonnat est libraire et où il étudie la peinture auprès de José de Madrazo y Agudo et de Federico de Madrazo. Il arrive à Paris en 1854, et devient l'élève de Léon Cogniet à l'École des beaux-arts. Sa Résurrection de Lazare lui vaut un deuxième prix au prix de Rome en 1857.

L’étude des maîtres espagnols au musée du Prado a fait que sa peinture soit à l’avant-garde de la peinture française dans les années 1850, opposant le néo-classicisme et utilisant une palette de tons terreux et de fonds neutres, ainsi qu’un coup de pinceau lâche et déterminé.

Il fait un long séjour un voyage en Italie au début des années 1860, où il fait partie du groupe des Caldarrosti avec Jean-Jacques Henner et Edgar Degas[3]. Il visite l'Orient et voyage en Grèce et au Moyen-Orient à la fin des années 1870.

Le portraitiste

À son retour, il se consacre aux scènes de genre et plus particulièrement au portrait.

On lui doit ainsi environ 200 portraits de personnalités de son temps, parmi lesquels ceux de Louis Pasteur, Alexandre Dumas (fils), Henri Germain, Victor Hugo, Dominique Ingres, Joseph-Nicolas Robert-Fleury, Hippolyte Taine, Sosthènes II de La Rochefoucauld duc de Doudeauville et son épouse Marie princesse de Ligne, de leur fils Armand de La Rochefoucauld, Pierre Puvis de Chavannes[4], et parmi les personnalités politiques, ceux de Léon Gambetta, Jules Ferry, Armand Fallières, Adolphe Thiers, Jules Grévy, Émile Loubet, le duc d'Aumale[5] ou Ernest Renan.

Dans son autoportrait du musée du Prado, on peut voir comment sa peinture a évolué vers des formes plus audacieuses, en grattant le pinceau et en utilisant la spatule, avec un colorisme étendu, ce qui lui valut d'être considéré comme un peintre académique.

Portraitiste à succès, il est comblé d'honneur et devient membre de l'Académie en 1881[3].

Les sujets religieux

Martyre de Saint-Denis (1880), Paris, Panthéon.

La peinture religieuse de l'époque n'était pas toujours d'une dévotion suffisamment canonique aux yeux de l'Église ou de l'administration qui pourvoyait aux ornements du culte. Bonnat fait partie des rares élus qui parviennent à concilier le Salon et l'autel. Son Saint Vincent de Paul prenant la place d'un galérien, grand succès au Salon de 1866, est conservé à Paris à l'église Saint-Nicolas-des-Champs. Ce tableau à sensation, aux effets anatomiques musclés, rappelle l'Espagne[6].

Il est l'auteur du Martyre de Saint-Denis, peinture murale de 1880 au Panthéon de Paris.

Le professeur

Léon Bonnat est nommé chef d'atelier de peinture de 1888 à 1905, à l'École des beaux-arts de Paris, où il forme de nombreux élèves dont Henri de Toulouse-Lautrec, Raoul Dufy, Charles Bernier, Léon Cassel et Othon Friesz[3].

Selon les élèves qui ont traversé ses salles de classe, c'est un excellent professeur. Comme tous les professeurs de l'École, il est chargé d'instiller la liberté d'interprétation et la liberté d'exécution. Il leur fait connaître la peinture espagnole et recommande le voyage à Madrid pour visiter le musée du Prado. Il introduit ainsi « la manière de peindre à l'espagnole », ce qui influencera l'évolution de la peinture française.

Il est élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d'honneur le [2].

Entre 1900 et 1922, il dirige les Musées nationaux.

Directeur de l'École des beaux-arts en 1905 en remplacement de Paul Dubois décédé, il le restera jusqu'à sa mort.

Il meurt à Monchy-Saint-Éloi en 1922[7], léguant une importante collection de peintures, de dessins et de sculptures au musée Bonnat-Helleu à Bayonne. Il est inhumé au cimetière Saint-Étienne de Bayonne.

Réception critique

Théophile Gautier rédige une dizaine de critiques sur les tableaux de Bonnat dans Le Moniteur universel. Il dira de ses Paysans napolitains qu'ils sont une « petite merveille[9] ». Il figure ainsi parmi les premiers exposants de la Société nationale des beaux-arts en 1863.

La critique cependant n'a pas toujours épargné Bonnat, qui se plaint dans une lettre à Théophile Gautier du  : « on me maltraite fort cette année[10] ». Il fait allusion à la réception d’Antigone conduisant Œdipe aveugle, dont le réalisme semble vulgaire aux critiques habitués aux représentations d'une Grèce classique idéalisée.

Mais il a ses défenseurs, comme Théodore Véron qui voit paradoxalement en lui une des « têtes du mouvement réaliste », et loue à propos d'un Christ « cette dramatique interprétation du Sauveur […] [qui] troubla la plupart des esprits bornés aux sempiternels clichés. Ce fut une révolte générale contre cette insurrection de la pensée libre[11] ».

La dominante brune des toiles de Bonnat a fait l'objet de nombreuses plaisanteries scatologiques chez ses détracteurs, notamment de la part d'Alphonse Allais dans ses chroniques[12].

Collections publiques

États-Unis

  • New York, Metropolitan Museum of Art :
    • Aigle liant un lièvre, dit aussi An Eagle catching an Hare, 1898, gravure[13] ;
    • Jeune fille romaine à la fontaine, dit aussi Roman Girl at a Fountain, 1875, huile sur toile[14] ;
    • La Lutte de Jacob, dit aussi Jacob Fighting with the Angel, 1876, gravure[15] ;
    • Pays basque, Saint-Jean-de-Luz, dit aussi Basque Country, Saint Jean de Luz, 1898-99, gravure[16] ;
    • Paysanne égyptienne et son enfant, dit aussi An Egyptian Peasant Woman and Her Child, 1869-70, huile sur toile[17] ;
    • Portrait de John Taylor Johnston (1820-1893), 1880, huile sur toile[18].

France

Grèce

Italie

Élèves

Expositions

Entre le et le est organisée au musée basque et de l'histoire de Bayonne l'exposition « Léon Bonnat, peintre il y a cent ans ». Il s'agit de la première exposition monographique qui lui est consacrée depuis 1924[35],[36].

Hommages

Distinction

Notes et références

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit.
  • Vincent Ducourau et Arlette Sérullaz, Dessins français du XIXe siècle du musée Bonnat à Bayonne, Paris, Réunion des musées nationaux, 1979. — Catalogue de l'exposition au musée Bonnat-Helleu.
  • Marcel Pays, « Léon Bonnat, peintre et collectionneur », L'Art et les Artistes, tome IV, 1921-1922, pp. 129-143 (lire en ligne).
  • Les dessins de la collection Léon Bonnat au musée de Bayonne, Paris, Presses universitaires de France, 1925-1926, 90 p. (lire en ligne).
  • Guy Saigne, Léon Bonnat, le portraitiste de la IIIe République (catalogue raisonné des portraits), Paris, Mare et Martin, , 704 p. (ISBN 979-10-92054-75-0, présentation en ligne)
  • Guy Saigne, Léon Bonnat - Au-delà des portraits - Catalogue raisonné, vol. 2 : Peinture religieuse et décorative, scènes de genre italiennes et orientalistes, travaux d'apprentissage, Paris, Mare&Martin, , 332 p. (ISBN 978-2-36222-297-9, présentation en ligne)
  • Étienne Rousseau-Plotto, Doux pays, le roman de Léon Bonnat, Bayonne, Atlantica, 2022, 220 p. (ISBN 978-2-7588-0575-5).
  • René Cuzacq, Léon Bonnat, l'homme et l'artiste, 1941.

Iconographie

Liens externes