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Fondation |
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Présidente | Ana María Hernández Salgar (en) (depuis ) ![]() |
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La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (en anglais : Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, IPBES) est un groupe international d'experts sur la biodiversité. Il est présidé depuis par Ana María Hernández Salgar (en)[1].
Pluridisciplinaire, l'IPBES a pour premières missions d'assister les gouvernements, de renforcer les moyens des pays émergents sur les questions de biodiversité, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU).
Ce mécanisme d'interface et de coordination sur la biodiversité résulte d'une initiative lancée en 2005 par l'ONU. Annoncé en 2010, ce « GIEC de la biodiversité »[2] a officiellement été créé le par 94 gouvernements. Il a tenu sa première réunion début 2013.
Chaque État membre des Nations unies peut y participer et les délégués souhaitent aussi une « participation active de la société civile » au processus[3]. En 2023, 140 États en étaient membres[4].
L'IPBES, sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) joue un rôle d'interface et de vulgarisation scientifique entre l'expertise scientifique et les gouvernements sur les questions traitant de la biodiversité et des services écosystémiques. Cette interface science-politique a pour objectifs la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité, sous-tendant le bien-être humain sur le long terme et le développement durable.
Elle cherche aussi à renforcer les capacités des pays, notamment dans les pays émergents et ceux en voie de développement. La Plateforme vient appuyer les activités se déroulant dans le cadre des accords multilatéraux concernant la biodiversité comme la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) ou encore la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).
Au-delà de l’interface science-politique, le travail scientifique de l’IPBES concerne également la société au sens large, telles les ONG et le secteur privé. La Plateforme a ainsi développé plusieurs façons d’engager ces acteurs impliqués sur les questions de biodiversité.
La Plateforme vise également à catalyser les fonds d'aides aux évaluations de la connaissance sur la biodiversité, et à identifier les lacunes principales des connaissances existantes. Ces travaux peuvent servir à orienter la recherche scientifique vers les besoins de connaissances identifiés par les décideurs politiques.
C'est en quelque sorte le pendant du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour la biodiversité ; Ces deux structures seront d'ailleurs amenées à travailler conjointement, car il existe des liens structurels et fonctionnels entre biodiversité et climat, et changement climatique et puits de carbone.
La structure et les procédures de l'IPBES sont largement inspirées de celles du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
La Plénière est l'organe décisionnel de l'IPBES. Elle est composée de l'ensemble des États membres des Nations unies qui ont rejoint la Plateforme, et d'observateurs. Les observateurs peuvent être des représentants d'accords multilatéraux pour l'environnement (par exemple, la Convention sur la diversité biologique ou la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification), des organisations scientifiques, des ONG, des représentants du secteur privé ou encore des représentants des communautés autochtones et locales, qui traitent des sujets abordés par la Plateforme.
La Plénière se réunit une fois par an.
Le Bureau est composé de 10 membres (2 représentants pour chaque région des Nations-Unies), soit 1 président, 4 vice-présidents et 5 autres membres. Le Bureau supervise les tâches administratives et financières de la Plateforme.
La présidente actuelle de l'IPBES est Ana María Hernández Salgar. Elle a succédé en à Robert Watson, élu lors de la quatrième plénière de l'IPBES[5] et ancien Président du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Il succédait à Zakri Abdoul Hamid, premier président de l'IPBES entre 2013 et 2016[6].
Identité | Période | Durée | |
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Début | Fin | ||
Zakri Abdoul Hamid[7] (né en ) | 3 ans, 1 mois et 3 jours | ||
Robert Watson (né en ) | 3 ans, 2 mois et 7 jours | ||
Ana María Hernández Salgar (en) (née en ) |
Le Groupe d’experts multidisciplinaire (GEM) est composé de 25 membres (5 par région des Nations unies), scientifiques issus d’une large diversité de disciplines, des sciences biologiques aux sciences économiques et sociales. Les membres ont un mandat de 2 ans. Le GEM supervise les questions scientifiques et techniques et procède également à la sélection des experts qui composent les différents groupes de travail de l'IPBES[8]. Il joue donc un rôle central dans la mise en œuvre du programme de travail de l'IPBES.
Du au , une consultation menée sous l'égide des Nations unies, de l'IHDP, du gouvernement japonais et de Diversitas avait été menée afin de définir les critères de choix des scientifiques pour le GEM (découpage régional, équilibre entre disciplines scientifiques, évitement des conflits d'intérêts, etc.). 136 pays avaient répondu à cette consultation[9].
Selon la FRB, « la question régionale s’est invitée fermement dans les négociations : la plupart des pays s’accorde sur le fait que l’équilibre régional au sein des organes de gouvernance devrait se baser sur un découpage prenant en compte la biogéographie. Toutefois, cette approche nécessitant une réflexion plus approfondie prenant en compte plusieurs facteurs (nombre de pays par région, population, richesse en biodiversité), les pays se dirigeraient vers une solution provisoire basée sur le découpage des Nations-Unies pour commencer le travail plus rapidement »[3].
Dans un premier temps, en raison du manque de dispositif mondial existant basé sur les échelles biogéographiques et écopaysagères, il avait été décidé en 2012 par les délégués réunis à Panama City de commencer avec un Groupe d'experts multidisciplinaire intérimaire, dont les membres avaient été nommés pour la première plénière de l’IPBES (début 2013).
Début 2016, les membres du GEM sont[10] :
Le Secrétariat de l'IPBES est localisé à Bonn, en Allemagne, à la Cité des Nations unies. Il assure le fonctionnement général de l'IPBES au quotidien et apporte un soutien technique aux groupes d'experts et équipes spéciales qui travaillent à la mise en œuvre du programme de travail. La Secrétaire exécutive actuelle est la française Anne Larigauderie.
(En [17])
La France a soutenu officiellement la création de l'IPBES depuis 2005.
Le cadre conceptuel analytique de l'IPBES a été adopté lors de la deuxième session plénière de l'IPBES (IPBES 2), en . Il sert de référence aux travaux de la Plateforme, décrivant différentes visions de la nature complexe de la biodiversité, des services écosystémiques, du bien-être humain, et des relations entre ces différents éléments. L'adoption d'un cadre conceptuel permet d'arrêter une terminologie commune, indispensable dans le cadre de travaux d'une ampleur telle que ceux de l'IPBES[24].
Le programme de travail 2014-2018, adopté lui aussi lors de l'IPBES 2, comporte 4 grands objectifs[4] :
À ce jour, près d'un millier d'experts ont été sélectionnés afin de former des groupes qui travaillent à la préparation des « livrables »[4], dont 39 français[25]. Les experts sont nommés par les États membres de l'IPBES et les parties prenantes (par exemple, des ONG ou des instituts de recherche), dans la limite où les experts nommés par les parties prenantes ne peuvent pas représenter plus de 20 % du groupe[26]. Les équipes spéciales travaillent sur des questions transversales (couvertes par l'objectif 1 du programme de travail). Elles produisent des documents sur demande de la Plénière et conseillent les autres groupes pour en ce qui concerne leur champ d'expertise. La durée de leur mandat peut varier ; il est néanmoins prévu que les 3 équipes spéciales formées à ce jour opèrent jusqu'à la fin du programme de travail actuel. Les groupes d'experts sont formés une fois que la Plénière donne son accord pour le lancement de la préparation d'un livrable, et notamment les évaluations IPBES. Son mandat varie selon l'ampleur du travail demandé. Les équipes et groupes d'experts actuels sont les suivants :
Les évaluations suivantes sont prévues dans le cadre du programme de travail 2014-2018 et feront l'objet d'appels à nomination d'experts auprès des gouvernements et des parties prenantes concernés :
Du au , la plateforme se réunit à Paris pour publier le premier rapport d'évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques[27]. Ce rapport basé sur 15 000 études scientifiques et rapports gouvernementaux[28]. Publié le , il lance une alerte majeure concernant la perte de biodiversité, affirmant que « la santé des écosystèmes dont nous dépendons, comme toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais » et que « un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance »[29],[30].
Dans ce rapport d'évaluation, les auteurs classent, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directement responsables des changements qui affectent la nature, et ayant les plus forts impacts à l’échelle mondiale. Ces cinq facteurs sont, par ordre décroissant de responsabilité : (1) les changements d’usage des terres et de la mer ; (2) l’exploitation directe de certains organismes ; (3) le changement climatique ; (4) la pollution ; et (5) les espèces exotiques envahissantes[31]. Le changement climatique, pour l'instant troisième cause de destruction de la biodiversité, deviendrait la deuxième, puis la première s'il continue à s'aggraver[32].
Depuis 1970, la croissance démographique (la population mondiale est passée de 3,7 à 7,6 milliards) et le développement technologique ont poussé à la hausse la production agricole et de bioénergie. Ceci a causé la perte d'écosystèmes intacts, principalement dans les tropiques, où se trouve la plus grande biodiversité de la planète. Entre 1980 et 2000, environ 100 millions d'hectares de forêts tropicales ont été perdues dans le monde, principalement à cause de l'augmentation de l'élevage du bétail en Amérique latine (environ 42 millions d'hectares) et des plantations en Asie du Sud-Est (7,5 millions d'hectares), dont 80 % sont destinées à l'huile de palme. Ceci a causé une diminution d'au moins 20 % dans l'abondance moyenne des espèces locales depuis 1900, et aurait affecté la répartition de 47 % des mammifères terrestres non volants ainsi que d'un quart des oiseaux menacés[27].
Même avec un changement climatique modéré (1,5 à 2 degrés Celsius d'augmentation de température) la plupart des espèces verront une diminution de la superficie de leur habitat. Le rapport estime qu'avec une augmentation des températures de 2 °C, 5 % des espèces seront en voie d'extinction. Avec un réchauffement de 4,3 °C, ce pourcentage augmente à 16 % des espèces.
Au moins un quart de la superficie terrestre mondiale (28 %) est détenu traditionnellement, géré, exploité et occupé par les peuples autochtones. Ces zones comprennent environ 40 % des aires officiellement protégées et 37 % en zones dites "vierges" qui ont donc subi très peu d'interventions humaines[27].
La nature gérée par les peuples autochtones et les communautés locales se dégrade moins rapidement, comparativement à d'autres territoires. Cependant, 72 % des indicateurs locaux développés et utilisés par les peuples autochtones et les communautés locales font état de la détérioration de la nature et des contributions apportées par la nature qui leur permettent de subsister[27].
Parmi les 8 millions d’espèces animales répertoriées (dont 5,5 millions sont des insectes), jusqu’à 1 million seraient menacées d’extinction, dont 40 % des amphibiens, 33 % des espèces des récifs coralliens, 33 % des mammifères marins, 10 % des insectes. Les races domestiques ne sont pas épargnées, puisque 560 races de mammifères domestiques (soit 10 %) ont disparu, et 1000 supplémentaires sont menacées. Le taux actuel de disparition des espèces est des dizaines ou des centaines de fois supérieur à la moyenne des 10 derniers millions d’années, faisant de la période actuelle la sixième extinction de masse de l’histoire du vivant[27].
L'érosion de la biodiversité est aussi un symptôme de maux qui touchent la santé humaine. Par exemple, 300 à 400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets industriels sont déversés tous les ans dans les eaux mondiales. De plus, la nature inspire la recherche médicale : 70 % des médicaments anticancéreux sont inspirés par la nature. La diminution de la biodiversité entraîne la perte de molécules utiles ou potentiellement utiles à l'homme[27].
Plus de 55 % de la zone océanique est exploitée par la pêche industrielle. 90 % des pêcheurs professionnels (30 millions de personnes) à petite échelle sont responsables de 50 % des prises mondiales. Depuis 1870, 50 % des récifs coralliens ont disparu.
En 2015, 33 % des stocks de poissons marins en 2015 étaient exploités à un niveau biologiquement non durable ; 60 % étaient exploités au maximum et 7 % étaient sous-exploités .
La diminution prévue de la biomasse de poissons d'ici la fin du siècle, dans les scénarios de réchauffement climatique, est estimée entre 3 et 25 % selon les prévisions basses et hautes[27].
L’industrie forestière emploie environ 13 millions de personnes dans le monde. Depuis les années 1990 la forêt a diminué de 50 % (excluant celles gérées pour fournir du bois ou pour extraction agricole). Les forêts de mangrove ont perdu plus de 75 % de leur superficie[27].
L'IPBES a publié (en anglais seulement) le 29 octobre 2020 un rapport élaboré à la suite d'un atelier en ligne, dans le contexte de la crise sanitaire mondiale. Le résumé exécutif (en anglais seulement) de ce rapport a été traduit par des citoyens et mis en accès libre ici.