Grand Prix automobile d'Italie 1950

course automobile

Le Grand Prix automobile d'Italie 1950 (21° Gran Premio d'Italia), disputé le sur le circuit de Monza, est la septième épreuve du championnat du monde de Formule 1.

Grand Prix d'Italie 1950
Tracé de la course
Données de course
Nombre de tours80
Longueur du circuit6,3 km
Distance de course504 km
Conditions de course
Météotemps chaud, ensoleillé au départ, couvert par la suite
Affluenceenviron 70 000 spectateurs
Résultats
Vainqueur Drapeau de l'Italie Giuseppe Farina,
Alfa Romeo,
h 51 min 17 s 4
(vitesse moyenne : 176,543 km/h)
Pole position Drapeau de l'Argentine Juan Manuel Fangio,
Alfa Romeo,
min 58 s 3
(vitesse moyenne : 191,716 km/h)
Record du tour en course Drapeau de l'Argentine Juan Manuel Fangio,
Alfa Romeo,
min 0 s 0
(vitesse moyenne : 189,000 km/h)

Contexte avant le Grand Prix

Le championnat du monde

Le pilote argentin Juan Manuel Fangio, en tête du championnat avant la dernière épreuve.

Septième et dernière épreuve du championnat, ce Grand Prix se dispute deux mois après la précédente, le Grand Prix de France. Entre-temps se sont déroulées des épreuves hors championnat, comme le Grand Prix de Bari, le Grand Prix des Nations (à Genève) et le Grand Prix de Pescara dominés, à l'image de cette saison, par les Alfa Romeo 158, ainsi que le Grand Prix d'Albi et celui des Pays-Bas, tous deux remportés par la Talbot de Louis Rosier en l'absence des Alfetta[1].
Les trois pilotes Alfa Romeo peuvent prétendre au titre mondial. Fort de ses trois victoires, en tête avec vingt-six points, Juan Manuel Fangio est le mieux placé pour l'emporter : une seconde place à Monza lui suffit, voire une troisième s'il établit également le meilleur tour en course, quels que soient les résultats de ses coéquipiers. Giuseppe Farina, troisième du championnat avec vingt-deux points et deux victoires, peut également espérer le titre si Fangio connaît des soucis.Les chances de Luigi Fagioli, actuel second avec vingt-quatre points (quatre secondes places), sont bien moindres : il ne compte aucune victoire, et seule une première place ici lui permettrait d'améliorer son total, les quatre meilleurs résultats étant retenus. Il doit donc à la fois l'emporter, établir le meilleur tour en course, que Fangio ne marque le moindre point et que Farina ne fasse mieux que troisième. Au vu des résultats récents des voitures milanaises, c'est fort peu probable, et la presse spécialisée s'accorde à dire que le titre va se jouer entre Fangio et Farina.

Le circuit

Vue aérienne de l'autodrome de Monza.

Utilisé pour la première fois à l'occasion du Grand Prix d'Italie 1922, l'autodrome de Monza fut très endommagé au cours de la seconde guerre mondiale. Totalement rénové en 1948[2], il développe 6,3 km et se caractérise par une piste très large (jusque vingt-quatre mètres devant les tribunes), de longues lignes droites et des courbes rapides, autorisant des moyennes élevées : 188,2 km/h réalisés en course par Consalvo Sanesi, sur Alfa Romeo, en 1948, actuel record du circuit.

Monoplaces en lice

Première apparition en championnat du monde de Formule 1 pour la Ferrari 375 F1.
  • Alfa Romeo 158 "Usine"

Pour son Grand Prix national, l'équipe milanaise a engagé cinq monoplaces : trois pour les pilotes titulaires Giuseppe Farina, Juan Manuel Fangio et Luigi Fagioli, auxquels sont adjoints Consalvo Sanesi, pilote essayeur de la marque, et Piero Taruffi. Beaucoup d'essais et de développements ont été effectués en préparation de cette course, Alfa Romeo craignant les performances de la nouvelle Ferrari, qui s'est montrée très menaçante lors du Grand Prix des Nations. Farina et Fangio bénéficient de la dernière évolution moteur, l'augmentation de la pression de suralimentation permettant d'atteindre une puissance de l'ordre de 375 chevaux[3].

  • Ferrari 375 F1 "Usine"

La Scuderia Ferrari aligne ici sa nouvelle monoplace à moteur V12 atmosphérique, déjà vue à Genève au Grand Prix des Nations (hors championnat) en version 4,1 litres (modèle 340), désormais dans sa version 4,5 litres développant 330 chevaux. Deux voitures sont engagées pour Alberto Ascari et l'ancien motard Dorino Serafini, qui remplace Luigi Villoresi victime d'une sortie de route à Genève et souffrant de multiples fractures. La Scuderia souhaitait confier cette seconde voiture à Raymond Sommer, mais le pilote français étant déjà inscrit sur Talbot, les organisateurs ne l'ont pas permis[4]. L'écurie avait également inscrit une 125 F1 pour Giovanni Bracco, mais cette voiture n'est pas présente. Aux côtés des pilotes "Usine", on retrouve Peter Whitehead sur sa 125 F1 privée, ainsi qu'une étonnante Ferrari à moteur six cylindres Jaguar sur châssis 166, engagée par Clemente Biondetti.

La Talbot-Lago T26C de Rosier (ici lors de sa victoire au dernier Grand Prix des Pays-Bas, hors championnat).
  • Maserati 4CLT "Usine"

En plus des deux 4CLT/48 officielles de Louis Chiron et Franco Rol, la firme italienne est représentée par la Scuderia Milano, la Scuderia Ambrosiana, ainsi que par Enrico Platé qui aligne deux voitures pour Bira et Toulo de Graffenried. On trouve également le pilote allemand Paul Pietsch, qui effectue son retour en course au volant d'une Maserati-Milano.

  • Simca-Gordini T15 "Usine"

Deux T15 (4 cylindres, 1 500 cm3, compresseur basse pression) ont été amenées par l'équipe Gordini, pour Maurice Trintignant et Robert Manzon. Pour l'anecdote, le "patron" (Amédée Gordini) ne peut assister à ce Grand Prix : alors qu'il se rend à Monza au volant de son coupé Simca Huit Sport (affûté par ses soins), il est victime d'un accident en tentant de doubler un camion par la droite; il faisait alors la course avec André Simon, qui se rendait également au circuit. Légèrement blessé, le Sorcier passe ce week-end à l'hôpital. C'est son fils Aldo qui dirige l'équipe[4].

  • Talbot-Lago T26C

La marque de Suresnes ne participe pas officiellement à cette course, mais la marque est tout de même représentée par six pilotes privés, dont Louis Rosier et Raymond Sommer, auteurs de belles prestations cette saison. Enrico Platé avait initialement inscrit ses "Platé Spécial", d'antiques Talbot monoplaces 1500 modifiées, finalement absentes.

  • ERA

Le pilote britannique Cuth Harrison a engagé son ERA Type B personnelle.

Coureurs inscrits

Liste des pilotes inscrits[5],[6]
no PiloteÉcurieConstructeurModèleN° châssisMoteurPneumatiques
2 Johnny ClaesÉcurie BelgeTalbot-LagoTalbot-Lago T26C110 011Talbot L6D
4 Franco RolOfficine Alfieri MaseratiMaseratiMaserati 4CLT/481604Maserati L4sP
6 Louis ChironOfficine Alfieri MaseratiMaseratiMaserati 4CLT/481606Maserati L4sP
8 Peter WhiteheadPrivéFerrariFerrari 12510CFerrari V12sD
10 Giuseppe FarinaAlfa Romeo SpAAlfa Romeo Alfa Romeo 158 (moteur 159)Alfa Romeo L8sP
12 Raymond SommerprivéTalbot-LagoTalbot-Lago T26C110 009Talbot L6D
14 Giovanni BraccoScuderia FerrariFerrariFerrari 125Ferrari V12sP
16 Alberto AscariScuderia FerrariFerrariFerrari 375 F1375/2Ferrari V12P
18 Juan Manuel FangioAlfa Romeo SpAAlfa Romeo Alfa Romeo 158 (moteur 159)Alfa Romeo L8sP
20 Luigi De FilippisPrivéMaseratiMaserati 4CLT/48Maserati L4sP
22 Clemente BiondettiPrivéFerrariFerrari 166S22C Jaguar L6P
24 Philippe ÉtancelinPrivéTalbot-LagoTalbot-Lago T26C-DA110 008Talbot L6D
26 Reg ParnellScuderia Ambrosiana MaseratiMaserati 4CLT/481596Maserati L4sD
28 Paul PietschPrivéMaseratiMaserati 4CLT/481612Maserati L4sD
30 Prince BiraEnrico PlatéMaseratiMaserati 4CLT/481598Maserati L4sP
32 Cuth HarrisonPrivéERAERA CR8CERA L6sD
34 Luigi PlatéEnrico PlatéTalbotTalbot Platé SpecialTalbot L8sD
36 Luigi FagioliAlfa Romeo SpAAlfa RomeoAlfa Romeo 158Alfa Romeo L8sP
38 Emmanuel de GraffenriedEnrico PlatéMaseratiMaserati 4CLT/481601Maserati L4sP
40 Guy MairessePrivéTalbot-LagoTalbot-Lago T26C110 002Talbot L6D
42 Maurice TrintignantEquipe GordiniSimca-GordiniSimca Gordini T1522-GCGordini L4sE
44 Robert ManzonEquipe GordiniSimca-GordiniSimca Gordini T1514-GCGordini L4sE
46 Consalvo SanesiSA Alfa RomeoAlfa RomeoAlfa Romeo 158Alfa Romeo L8sP
48 Dorino SerafiniScuderia FerrariFerrariFerrari 375 F1375/1Ferrari V12P
50 David MurrayScuderia Ambrosiana MaseratiMaserati 4CLT/481593Maserati L4sD
52 Felice BonettoScuderia MilanoMaseratiMaserati Milano 4CLT/50-Maserati L4sP
56 Pierre LeveghPrivéTalbot-Lago Talbot-Lago T26C-DA110 005Talbot L6D
58 Louis RosierÉcurie RosierTalbot-Lago Talbot-Lago T26C-DA110 001Talbot L6D
60 Piero TaruffiAlfa Romeo SpAAlfa RomeoAlfa Romeo 158Alfa Romeo L8sP
62 Gianfranco ComottiScuderia MilanoMaseratiMaserati Milano 4CLT/501611Maserati L4sP
64 Henri LouveauÉcurie RosierTalbot-LagoTalbot-Lago T26C-GS110 055Talbot L6D
66 Franco BordoniEnrico PlatéTalbotTalbot Platé SpecialTalbot L8sD

Qualifications

Pour la première fois depuis 1946, la suprématie des Alfetta est remise en cause, avec les débuts de la nouvelle Ferrari 375 F1. Malgré les 375 chevaux dont il dispose, Juan Manuel Fangio a fort à faire pour rester devant Alberto Ascari qui réalise des temps similaires sur la dernière née de la Scuderia Ferrari. C'est d'ailleurs Ascari qui, le premier, descend sous la barre des deux minutes lors de la séance du vendredi. Après avoir beaucoup tourné, Fangio parvient à réaliser le meilleur temps en 1 min 58 s 6, devançant son adversaire de 2/10. Le lendemain, le pilote argentin améliore, tournant en 1 min 58 s 3, Ascari s'étant rapproché à 1/10 seulement. Ces deux pilotes ont largement dominé les essais, aucun autre n'est parvenu à tourner en moins de deux minutes. Les cinq Alfa Romeo et les deux Ferrari d'usine s'emparent des sept premières places sur la grille. Derrière les deux équipes favorites, c'est Raymond Sommer, sur sa Talbot personnelle, qui obtient la huitième position, à dix secondes tout de même du temps de Fangio. À noter la prestation plus qu'honorable des deux Simca-Gordini, qualifiées en troisième ligne malgré leur faible puissance.

Résultats des qualifications
Pos.no PiloteÉcurieTempsÉcart
118 Juan Manuel FangioAlfa Romeomin 58 s 3-
216 Alberto AscariFerrari1 min 58 s 4+ 0 s 1
310 Giuseppe FarinaAlfa Romeo2 min 00 s 1+ 1 s 8
446 Consalvo SanesiAlfa Romeo2 min 00 s 2+ 1 s 9
536 Luigi FagioliAlfa Romeo2 min 04 s 0+ 5 s 7
648 Dorino SerafiniFerrari2 min 05 s 1+ 6 s 8
760 Piero TaruffiAlfa Romeo2 min 05 s 4+ 7 s 1
812 Raymond SommerTalbot-Lago2 min 08 s 3+ 10 s 0
94 Franco RolMaserati2 min 10 s 0+ 11 s 7
1044 Robert ManzonSimca-Gordini2 min 12 s 2+ 13 s 9
1140 Guy MairesseTalbot-Lago2 min 13 s 1+ 14 s 8
1242 Maurice TrintignantSimca-Gordini2 min 13 s 2+ 14 s 9
1358 Louis RosierTalbot-Lago2 min 13 s 2+ 14 s 9
1464 Henri LouveauTalbot-Lago2 min 13 s 4+ 15 s 1
1530 Prince BiraMaserati2 min 14 s 0+ 15 s 7
1624 Philippe ÉtancelinTalbot-Lago2 min 14 s 2+ 15 s 9
1738 Emmanuel de GraffenriedMaserati2 min 14 s 4+ 16 s 1
188 Peter WhiteheadFerrari2 min 16 s 1+ 17 s 8
196 Louis ChironMaserati2 min 17 s 1+ 18 s 8
2056 Pierre LeveghTalbot-Lago2 min 17 s 1+ 18 s 8
2132 Cuth HarrisonERA2 min 18 s 2+ 19 s 9
222 Johnny ClaesTalbot-Lago2 min 18 s 3+ 20 s 0
2352 Felice BonettoMaserati2 min 19 s 4+ 21 s 1
2450 David MurrayMaserati2 min 22 s 0+ 23 s 7
2522 Clemente BiondettiFerrari-Jaguar2 min 30 s 3+ 32 s 0
2662 Gianfranco ComottiMaserati2 min 33 s 3+ 35 s 0
2728 Paul PietschMaserati3 min 00 s 2+ 1 min 01 s 9

Grille de départ du Grand Prix

Les monoplaces sur la grille de départ du Grand Prix d'Italie 1950.
Grille de départ du Grand Prix et résultats des qualifications[7]
1re lignePos. 1Pos. 2Pos. 3Pos. 4

Fangio
Alfa Romeo
1 min 58 s 3

Ascari
Ferrari
1 min 58 s 4

Farina
Alfa Romeo
2 min 00 s 1

Sanesi
Alfa Romeo
2 min 00 s 2
2e lignePos. 5Pos. 6Pos. 7Pos. 8

Fagioli
Alfa Romeo
2 min 04 s 0

Serafini
Ferrari
2 min 05 s 1

Taruffi
Alfa Romeo
2 min 05 s 4

Sommer
Talbot-Lago
2 min 08 s 3
3e lignePos. 9Pos. 10Pos. 11Pos. 12

Rol
Maserati
2 min 10 s 0

Manzon
Simca-Gordini
2 min 12 s 2

Mairesse
Talbot-Lago
2 min 13 s 1

Trintignant
Simca-Gordini
2 min 13 s 2
4e lignePos. 13Pos. 14Pos. 15Pos. 16

Rosier
Talbot-Lago
2 min 13 s 2

Louveau
Talbot-Lago
2 min 13 s 4

Bira
Maserati
2 min 14 s 0

Étancelin
Talbot-Lago
2 min 14 s 2
5e lignePos. 17Pos. 18Pos. 19Pos. 20

De Graffenried
Maserati
2 min 14 s 4

P. Whitehead
Ferrari
2 min 16 s 1

Chiron
Maserati
2 min 17 s 1

Levegh
Talbot-Lago
2 min 17 s 1
6e lignePos. 21Pos. 22Pos. 23Pos. 24

Harrison
ERA
2 min 18 s 2

Claes
Talbot-Lago
2 min 18 s 3
Emplacement
vide

Murray
Maserati
2 min 22 s 0
7e lignePos. 25Pos. 26Pos. 27
Biondetti
Ferrari-Jaguar
2 min 30 s 3
Comotti
Maserati
2 min 33 s 3
Emplacement
vide
Pietsch
Maserati
3 min 00 s 2
  • Une place en sixième ligne est restée vacante à la suite du forfait de Bonetto, sur Maserati, qualifié vingt-troisième.
  • Qualifié vingt-septième et dernier, son coéquipier Paul Pietsch est présent sur la grille de départ, à droite sur la dernière ligne, laissant un emplacement vide à sa gauche. Moteur cassé, il ne pourra s'élancer.

Déroulement de la course

Les Alfa Romeo vont devoir ravitailler deux fois, alors que les nouvelles Ferrari à moteur atmosphérique n'auront qu'un seul arrêt à effectuer, tout comme les Maserati. Les Talbot, quant à elles, ont une autonomie suffisante pour la distance de l'épreuve. Temps chaud et ensoleillé au départ, couvert par la suite. 70 000 spectateurs assistent à la course[8].

Le moteur de la Maserati de Paul Pietsch casse sur la grille de départ, le pilote allemand n'a pu parcourir le moindre mètre à l'occasion de son retour en Grand Prix. De la première ligne s'envolent les trois Alfa Romeo, Farina prenant immédiatement la tête devant Fangio et Sanesi, distançant légèrement la Ferrari d'Ascari, quatrième à l'abord de la Curva Grande. Mais le pilote milanais refait rapidement son retard, déborde Sanesi puis Fangio, et termine ce premier tour dans les roues de Farina. Pendant treize tours, Ascari tient le rythme du leader, avant de le déborder au quatorzième. Pour la première fois depuis 1946, l'Alfetta a trouvé une concurrente à sa hauteur. La Ferrari se maintient deux tours en tête avant de laisser repasser Farina, Ascari attendant sagement le ravitaillement de l'Alfa Romeo pour reprendre l'avantage. Derrière les deux hommes de tête, Fangio (qui à 189 km/h de moyenne lors du septième tour a battu le record officiel du circuit) se maintient prudemment troisième, position devant lui assurer le titre mondial.

Giuseppe Farina enlève le premier championnat du monde de Formule 1 sur Alfa Romeo Alfetta.

Coup de théâtre au vingt-deuxième tour, lorsque Ascari doit abandonner sa voiture au bord de la piste, victime d'un bris de soupape. Fangio est désormais second, mais deux tours plus tard il doit également renoncer sur problème de boîte de vitesses. À cet instant le titre de champion du monde bascule sur les épaules de Farina, toujours en tête devant les deux autres Alfetta de Taruffi et Fagioli. Dépité, le pilote argentin rejoint son stand. Lorsque Taruffi s'arrête pour son premier ravitaillement, l'écurie milanaise propose alors à Fangio de repartir à sa place : il peut encore être titré s'il termine second derrière Farina et recordman du tour. C'est un geste chevaleresque de la part d'Alfa Romeo, qui fait passer l'intérêt sportif avant l'intérêt national de consacrer un pilote italien (d'ailleurs, à ce moment, une partie du public manifeste nettement son hostilité[7]). Touché par la proposition de son équipe, Fangio repart et assure sa seconde place, jusqu'au trente-cinquième tour où il doit à nouveau abandonner, moteur cassé.

Dès lors, Farina, qui possède plus de deux minutes d'avance sur son coéquipier Fagioli et la Ferrari de Serafini, ralentit considérablement l'allure. Sommer et Étancelin, auteurs d'une course très régulière, sont désormais quatrième et cinquième sur leurs Talbot. Au quarante-huitième tour, Ascari reprend la voiture de Serafini, alors troisième, se lançant à la poursuite des deux Alfa Romeo[9]. Retrouvant la seconde position lors du second ravitaillement de Fagioli, il effectue une belle fin de course, et conserve sa place jusque l'arrivée. Farina, vainqueur, est sacré champion du monde, le premier dans l'histoire de la formule 1. Victime de problèmes de boîte de vitesses au quarante-neuvième tour, Sommer n'est pas récompensé de sa belle performance, et c'est Rosier qui termine finalement quatrième, après avoir dépassé Étancelin, cinquième.

Classements intermédiaires

Classements intermédiaires des monoplaces aux premier, dixième, quinzième, vingtième, vingt-cinquième, trentième, quarantième, cinquantième et soixantième tours[10].

Classement de la course

Classement de la course
Pos.no PiloteVoitureToursDistanceTemps/AbandonGrillePoints
110 Giuseppe FarinaAlfa Romeo80504,000 kmh 51 min 17 s 438
248 Dorino Serafini
Alberto Ascari
Ferrari80504,000 kmh 52 min 36 s 0 (+ min 18 s 6)63
3
336 Luigi FagioliAlfa Romeo80504,000 kmh 52 min 53 s 0 (+ min 52 s 654
458 Louis RosierTalbot-Lago75472,500 kmh 52 min 33 s 2 (+ 5 tours)133
524 Philippe ÉtancelinTalbot-Lago75472,500 kmh 53 min 0 s 0 (+ 5 tours)162
638 Emmanuel de GraffenriedMaserati72453,600 kmh 51 min 53 s 2 (+ 8 tours)17 
78 Peter WhiteheadFerrari72472,500 kmh 53 min 2 s 8 (+ 8 tours)18 
Abd.50 David MurrayMaserati56352,800 kmBoîte de vitesses24 
Abd.32 Cuth HarrisonERA51321,300 kmRadiateur21 
Abd.12 Raymond SommerTalbot-Lago48302,400 kmBoîte de vitesses8 
Abd.40 Guy MairesseTalbot-Lago42264,600 kmDurite d'huile11 
Abd.4 Franco RolMaserati39245,700 kmMoteur9 
Abd.60 Piero Taruffi
Juan Manuel Fangio
Alfa Romeo34214,200 kmMoteur7 
Abd.56 Pierre LeveghTalbot-Lago29182,700 kmBoîte de vitesses20 
Abd.18 Juan Manuel FangioAlfa Romeo23144,900 kmBoîte de vitesses11
Abd.2 Johnny ClaesTalbot-Lago22138,600 kmSurchauffe moteur22
Abd.16 Alberto AscariFerrari21132,300 kmMoteur2
Abd.22 Clemente BiondettiFerrari-Jaguar17107,100 kmMoteur25
Abd.64 Henri LouveauTalbot-Lago16100,800 kmFreins16
Abd.62 Gianfranco ComottiMaserati1594,500 kmMoteur26
Abd.42 Maurice TrintignantSimca-Gordini1381,900 kmDurit d'eau12
Abd.6 Louis ChironMaserati1381,900 kmPression d'huile19
Abd.46 Consalvo SanesiAlfa Romeo1169,300 kmMoteur4
Abd.44 Robert ManzonSimca-Gordini744,100 kmTransmission10
Abd.30 Prince BiraMaserati16,300 kmMoteur15
Abd.28 Paul PietschMaserati00,000 kmMoteur27
Abd.52 Felice BonettoMaserati00,000 kmNon partant23

Légende :

  • Abd. = Abandon
  • Np = Non partant

Pole position et record du tour

(De nombreuses sources écrites, principalement anglaises, mentionnent un temps de min 58 s 6 pour la pole position, occultant les améliorations réalisées par Fangio et Ascari lors de la dernière séance d'essais.)

Tours en tête

Classement final du championnat

Giuseppa Farina, premier champion du monde de Formule 1.
Classement des pilotes
Pos.PiloteÉcuriePoints
GBR

MON

500

SUI

BEL

FRA

ITA
1 Giuseppe FarinaAlfa Romeo309*--9*4*-8
2 Juan Manuel FangioAlfa Romeo27-9*--89*1*
3 Luigi FagioliAlfa Romeo24 (28)6--666(4)
4 Louis RosierTalbot-Lago132--44-3
5 Alberto AscariFerrari11-6--2-3
6 Johnnie ParsonsKurtis Kraft9--9*----
7 Bill HollandDeidt6--6----
8 Prince BiraMaserati5-2-3---
9 Reg ParnellAlfa Romeo44------
Louis ChironMaserati4-4-----
Mauri RoseDeidt4--4----
Peter WhiteheadFerrari4-----4-
13 Dorino SerafiniFerrari3------3
Yves Giraud-CabantousTalbot-Lago33------
Raymond SommerFerrari3-3-----
Cecil GreenKurtis Kraft3--3----
Robert ManzonSimca-Gordini3-----3-
Philippe ÉtancelinTalbot-Lago3-----12
19 Felice BonettoMaserati2---2---
20 Joie ChitwoodKurtis Kraft1--1----
Tony BettenhausenKurtis Kraft1--1----
Eugène ChaboudTalbot-Lago1-----1-
  • attribution des points : 8, 6, 4, 3, 2 respectivement aux cinq premiers de chaque épreuve et 1 point supplémentaire pour le pilote ayant accompli le meilleur tour en course (signalé par un astérisque)
  • Seuls les quatre meilleurs résultats sont comptabilisés. Luigi Fagioli doit donc décompter les quatre points acquis en Italie, totalisant vingt-quatre points effectifs pour vingt-huit points marqués.
  • Le règlement permet aux pilotes de se relayer sur une même voiture, les points éventuellement acquis étant alors partagés. Joie Chitwood et Tony Bettenhausen marquent chacun un point pour leur cinquième place à Indianapolis, Philippe Étancelin et Eugène Chaboud marquent chacun un point pour leur cinquième place en France, Dorino Serafini et Alberto Ascari marquent chacun trois points pour leur deuxième place en Italie.

À noter

  • 3e victoire en championnat du monde pour Giuseppe Farina.
  • 6e victoire en championnat du monde pour Alfa Romeo en tant que constructeur.
  • 6e victoire en championnat du monde pour Alfa Romeo en tant que motoriste.
  • À l'issue de cette course, Giuseppe Farina est Champion du Monde des pilotes.

Notes et références


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