François II Franque est un architectefrançais né à Avignon (actuel département de Vaucluse) le [1] et mort à Paris le [2]. Issu d'une dynastie d'architectes provençaux, il s'établit à Paris après 1748. Il eut une importante clientèle et construisit dans toute la France.
Il fut admis comme élève à l'Académie de France à Rome en 1733, où il fut le camarade de Jacques-Germain Soufflot et s'associa à son relevé de la basilique Saint-Pierre. Son ami le peintre Claude Joseph Vernet, comme lui originaire d'Avignon, le rejoignit à Rome. Fort de sa position familiale, il savait que des travaux importants l'attendaient à son retour en Provence et il envisageait l'avenir avec optimisme. [...] Son insouciance étonnait le directeur de l'Académie[Note 1] qui écrivait au directeur des Bâtiments : « C'est un architecte de province qui dessine passablement, avec un génie très modéré. Je ne pense pas qu'il puisse faire carrière à Paris. »[3]
Jusque vers le milieu du XVIIIe siècle, l'œuvre de François II est souvent difficile à distinguer de celle de son père. Les relations épiscopales et monastiques familiales lui procurèrent des chantiers dans toute la France. Candidat à la première classe de l'Académie en 1767, il dressa à l'intention du marquis de Marigny une liste de 95 projets dont 80 réalisations dans laquelle il récupéra l'œuvre familiale depuis la date de son retour de Rome[4].
Franque était passé maître dans l'art de tirer parti d'un terrain aux contours irréguliers en distribuant des suites où les espaces s'articulent de manière pittoresque et imprévue grâce au bon usage de la technique des rotules, perfectionnée pendant plusieurs siècles par l'école française, reposant sur l'utilisation de pièces circulaires.
Franque avait 80 ans lorsque la Révolution éclata et il était l'un des doyens de l'Académie royale, « qui achevait de se réunir, alors qu'elle se savait condamnée et attendait sa dissolution. Pour tromper l'inquiétude générale, Franque apportait à chaque séance un portefeuille et commentait à ses confrères les projets de son œuvre immense. »[6]
Église Notre-Dame des Pommiers, Beaucaire (Gard) : François II Franque s'est attribué la construction de cette église, « dont la façade est une des plus réussies de l'art classique »[3], mais qui est plus souvent donnée à son père Jean-Baptiste Franque.
Palais épiscopal (actuelle mairie), Viviers-sur-Rhône (Ardèche) : La construction fut menée de 1732 à 1737 par Jean-Baptiste Franque pour Mgr François-Renaud de Villeneuve, évêque de Viviers[7]. L'intervention de François II est mentionnée par Michel Gallet[8], peut-être sur d'autres bâtiments. Construit entre cour et jardin, il comporte une grande cour d'honneur de plan ovale. À l'intérieur, un salon à l'italienne, ouvert sur deux étages, est décoré de peintures murales en camaïeu de gris-vert. À la suite d'un échange avec l'évêché, l'édifice sert d'hôtel de ville depuis 1986.
Église abbatiale, Saint-Jean-d'Angély (Charente-Maritime) : Engagé en 1741 par les Bénédictins, le grandiose projet de reconstruction de l'abbatiale ne fut jamais achevé. « Le squelette de son portail et ses tours qui dominent la ville en font une des ruines modernes de la France. »[9]
Chapelle du collège de l'Arc, Dole (Jura), 1742 : transformation de la chapelle et construction du retable associant marbres de Sampans et Damparis et, peut-être, Audelange[10].
Séminaire Saint-Charles (actuel service d'archéologie du département de Vaucluse), no 4 rue Saint-Charles, Avignon (Vaucluse), 1749-1757 : Franque y collabora d'abord avec son père, puis il construisit la chapelle, le cloître et la façade sur la rue[12].
Hôtellerie de l'abbaye dominicaine (actuelle mairie), Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var) : Commencé en 1750 par Jean-Baptiste Franque[13]. « Sa cage d'escalier dramatique, le caractère de ses menuiseries et de ses ferronneries en font un chef-d'œuvre du rococo provençal ; c'est l'un des plus beaux édifices du midi de la France, qui en compte beaucoup, même si les chapiteauxdoriques des façades sont restés à l'état d'épannelage. »[5]
Palais épiscopal (actuelle préfecture), Carcassonne (Aude), 1760 : Construit pour Mgr de Bezons, évêque de Carcassonne, il se compose de trois corps de logis de style Louis XV encadrant une cour fermée. À l'est, la façade est agrémentée d'une terrasse d'où la vue sur le parc se prolongeait jusqu'au fossé et au mur d'enceinte de l'ancienne bastide aujourd'hui détruit[14].
Logis abbatial (actuelle mairie), Villers-Cotterêts (Aisne), 1763[Note 2] : Construit pour l'abbé prémontré Pierre Richard, élu en 1758, remarquable par l'ingéniosité avec laquelle l'architecte a tiré parti d'un terrain exigu, aux contours irréguliers, en intégrant des constructions existantes dans un nouvel ensemble. Ce bâtiment est reproduit dans le Cours de Blondel qui y voit « un exemple de ce que peuvent le génie et l'expérience »[15]. La construction coûta 60 000 livres. L'hôtel est bien préservé. Franque a créé une façade cintrée en fond de cour et évasé les ailes en retour. La façade principale est dotée d'un avant-corps orné de refends et sommé d'un fronton triangulaire. Un perron de cinq marches donne accès à un vestibule voûté précédant l'escalier qui a conservé une remarquable rampe en fer forgé desservant l’étage où se trouvent trois appartements. À gauche, on trouvait la salle à manger, et à droite, un salon de compagnie de 8,45 × 8,10 m, à pans coupés, qui a conservé de beaux dessus-de-porte peints encadrés de moulures dorées de style rocaille, notamment une scène de naufrage. Cette salle commandait sur la gauche un petit appartement pour un hôte de qualité, et à droite un appartement complet destiné à l'abbé. Ce dernier disposait notamment d'une vaste bibliothèque de 11,90 x 3,80 m. Les deux ailes plantées de biais qui encadrent la cour d'honneur ne comportent qu'un rez-de-chaussée. Toutes les fenêtres sont en arc segmentaire[16].
Prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Abbeville (Somme) : Les bâtiments réguliers médiévaux, en grande partie ruinés, furent totalement détruits en 1770 et remplacés par un ensemble (hôtel prioral et église) élevé selon les plans de François II Franque de 1773 à 1777. Le corps de logis est en brique et pierre. L'église est très dépouillée extérieurement, mais richement décorée à l'intérieur avec une voûte à caissons construite de 1774 à 1777[18].
Palais abbatial (actuel hôtel de ville), Lézat-sur-Lèze (Ariège), 1774 : Les bâtiments monacaux bénédictins furent reconstruits et le palais abbatial fut édifié par Franque[19].
Hôtel de Villeneuve-Martignan (actuel musée Calvet), Avignon (Vaucluse), 1741-1749 : Sur ce chantier de reconstruction à neuf d'un hôtel particulier, Franque fut le collaborateur de son père.
Ancien hôpital Sainte-Marthe (Université d'Avignon), Avignon (Vaucluse) : Franque collabora avec son père pour construire le portail central.
Hôtel Desmarets de Montdevergues, Avignon.
Hôtel Desmarets de Montdevergues (actuel conseil général de Vaucluse), Avignon (Vaucluse) : Hôtel édifié en 1710 par François I et Jean-Baptiste Franque, dont la façade a été refaite en 1737 par François II Franque[21].
Immeuble no 12 rue Guénégaud, Paris (6e arrondissement), 1758 : Immeuble construit par Franque pour lui-même. « Il est intact et très évocateur de l'habitation préhaussmanienne. Les fenêtres de sa cage d'escalier ménagent une vue sur le petit hôtel de Conti, caché derrière la Monnaie, qui est une œuvre peu connue de François Mansart. »[6]
Immeuble rue de la Verrerie, Paris (4e arrondissement), 1759 : « Les archives de Paris conservent une lettre de Franque, dans laquelle il sollicite la générosité de son client, le comte Félicité de Crillon, en faveur d'ouvriers qui s'étaient blessés pendant la construction d'un immeuble, rue de la Verrerie, en 1759. »[6]
Château de Sully, Sully (Saône-et-Loire) : Pour le marquis de Vianges, Franque édifia la longue façade nord et les perrons monumentaux qui descendent vers le parterre d'eau[5].
Château de Magnanville, Magnanville (Yvelines), 1750-1753 : Considéré comme le chef-d'œuvre de Franque, ce vaste château construit pour le Garde du Trésor royal, Charles Savalette (1683-1756), a été entièrement démoli au début du XIXe siècle. Selon Dezallier d'Argenville, il avait la forme d'un rectangle flanqué de deux pavillons. Il était entièrement construit en pierre de taille, à la différence du château de La Ferté-Vidame auquel il a parfois été comparé pour la magnificence et l'ampleur. Ses longues façades comportaient dix-neuf travées, comme la façade nord du château de Sully. Du côté de l'arrivée, l'avant-corps central était embrassé dans sa hauteur par quatre colonnes ioniques et couronné d'un fronton et d'une calotte portant une terrasse. Sur le jardin, des pilastres soutenaient au centre un attique et des vases. Un entablement régnait au même niveau tout autour de l'édifice. « L'ensemble témoignait d'une conception indépendante et annonciatrice du style Louis XVI. »[6]
Château d'Hauteville (Saint-Légier), à Saint-Légier-La Chiésaz, Canton de Vaud (Suisse), 1763-1767[22] : Franque donna les plans dont l'exécution a été suivie par un architecte local, Daniel-A. Girard (et non pas Donat Cochet souvent cité par erreur. Le peintre décorateur Claude-Pierre Cochet a réalisé le décor des façades (architectures feintes)[23].
Hôtel de Villefranche, Avignon (Vaucluse) : Projeté pour un beau-frère du marquis de Sade et gravé parmi les planches de l’Encyclopédie, assorti d'un commentaire élogieux de Blondel. Ce bâtiment est remarquable par l'ingéniosité avec laquelle l'architecte a tiré parti d'un terrain aux contours irréguliers : la ville d'Avignon racheta le vieil hôtel et fit construire à la place ses nouvelles boucheries et poissonneries, dont le dessin était dû à Jean-Baptiste Franque.
Cathédrale Saint-Jean-Baptiste, Alès (Gard) : Attribuée à François II Franque par Michel Gallet[27]. Franque donna en effet en 1764 des projets de reconstruction totale de l'édifice. Mais on se replia en définitive sur une solution moins onéreuse, et l'ancienne cathédrale d'Alès est aujourd'hui constituée d'une nef couverte d'ogives, élevée de 1633 à 1657, sur laquelle se greffent un chœur et un transept datant des années 1771 à 1780 sur des dessins de Jean-Antoine Giral[28].
H. Chobaut, « Études biographiques sur les Franque et les Brun, architectes », Mémoires de l'Académie de Vaucluse, , p. 125-146 (ISSN1149-7130, lire en ligne)
Émile Bonnel, « La chapelle Saint-Charles à Avignon », dans Congrès archéologique de France. Avignon et le Comtat Venaissin. 121e session. 1963, Société française d'archéologie, Paris, 1963, p. 110-118 (On trouve en appendice la lettre de François Fanque à l'Académie royale d'architecture dans laquelle il donne la liste de tous les bâtiments qu'il a projetés et construits jusqu'en 1767, soit 95 édifices projetés et 80 réalisés, p. 115-118).
Michel Gallet, Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique, Paris, Éditions Mengès, , 494 p. (ISBN2-85620-370-1).
Béatrice Vire-Gaillard, Les Franque. Une dynastie d'architectes avignonnais au XVIIIe siècle, Thèse Paris IV-Sorbonne 2011, 3 vol.
« Dessins de François Franque (1709-1794) », Bibliothèque numérique de l'Institut national d'histoire de l'art, sur inha.fr, Institut national d'histoire de l'art (consulté le )