Fatima Ouassak

essayiste et militante française

Fatima Ouassak, née en dans la région du Rif (Maroc), est une essayiste, conférencière, consultante en politiques publiques, et militante écologiste, féministe et antiraciste française, d'origine marocaine. Elle est cofondatrice du collectif Front de mères, syndicat de parents dans les quartiers populaires. Son livre La puissance des mères reçoit le prix du public de l'essai féministe en 2021.

Fatima Ouassak
Fatima Ouassak en 2019.
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Biographie

Origines, études et vie privée

Fatima Ouassak naît dans la région du Rif, au nord du Maroc. En , à l'âge d'un an, elle quitte le Maroc avec sa famille, pour rejoindre son père en France[1]. Elle grandit à Lille-Sud et étudie à l'Institut d'études politiques de Lille ; elle devient autrice et militante[2],[3].

Mère de deux enfants, elle réside à Bagnolet, dans le département de Seine-Saint-Denis[4].

Militantisme

Front des mères

En , Fatima Ouassak fonde le syndicat Front de mères[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11] avec la blogueuse Diariatou Kebe[8]. Elle en est porte-parole, avec Goundo Diawara.

Aux origines de ce projet, le collectif Ensemble pour les Enfants de Bagnolet (EEB), également créé à l’initiative de Fatima Ouassak, habitante de la commune, aux côtés de six autres mères qui se joignent à elle, dans le but de promouvoir une cantine végétarienne à l’école[12]. Militante écologiste préoccupée par les enjeux liés à l'alimentation, aux risques industriels et à la pollution de l'air, elle mène, avec cette association dont elle est la présidente, une lutte pour obtenir une alternative végétarienne dans les cantines, qui conduit à sa mise en place dans la ville de Bagnolet[13],[14],[15],[16].

En tant que porte-parole de Front de mères, elle est à l'initiative, avec Alternatiba, de la création du premier lieu consacré à l'écologie populaire, Verdragon, maison de l'écologie populaire[17], ouvert en janvier 2021 et officiellement inauguré le , situé à la limite entre Bagnolet et Montreuil en Seine-Saint-Denis, en face du parc des Guilands, dans le quartier populaire de La Noue. Dans cet espace sont menés des projets et des actions en lien avec l'alimentation, les risques industriels, la pollution de l'air, la parentalité, la maternité, la lutte contre les violences sexuelles.

Réseau Classe/Genre/Race

Elle est également présidente de l'organisation féministe Réseau Classe/Genre/Race, créée sur la base d'un livret rédigé par ses soins et publié par l'Ifar en , intitulé Discriminations Classe/Genre/Race, repères pour comprendre et agir contre les discriminations que subissent les femmes issues de l'immigration post-coloniale. Trois mille exemplaires de ce livret sont distribués gratuitement aux travailleurs sociaux, militants, universitaires et acteurs institutionnels, notamment à l'occasion d'une série de conférences et formations proposées par Fatima Ouassak dans les villes de Lille, Paris, Marseille, Bordeaux et Lyon[2],[5],[7],[18].

Conseil national de la Nouvelle Résistance (CNNR)

Elle est membre du Conseil national de la nouvelle résistance (CNNR), fondé en , par Denis Robert, Gilles Perret et Gérard Mordillat.

Tribunes

En avril 2022, elle co-signe l'appel du journal Elle intitulé « Marine Le Pen à l’Élysée ? Pour nous, c’est non ! »[19].

Œuvres

La Puissance des mères

En , elle publie son premier essai aux éditions La Découverte, intitulé La Puissance des mères, pour un nouveau sujet révolutionnaire[20],[21],[22],[23],[24],[25],[26]. L'ouvrage obtient le prix de l'essai féministe[27] du magazine Causette le .

Contributions

Elle contribue également à des ouvrages collectifs qui appellent à la convergence des luttes : en tant que membre du Conseil national de la nouvelle résistance, dans l'ouvrage Résistons ensemble. Plaidoyer pour des jours heureux ; en tant qu'écoféministe, dans le recueil Après la pluie. Horizons écoféministes ; en tant que féministe, dans le recueil de récits Féminismes dans le monde, 23 récits d'une révolution planétaire. Dans L’Écologie du XXIe siècle, dirigé par Hervé Kempf, elle fait partie de « Celles et ceux qui vont changer le monde », aux côtés de Corinne Morel Darleux, Pablo Servigne, Jon Palais ou encore Claire Nouvian.

Aux côtés de quatorze autres féministes[28], elle contribue à l'ouvrage Sororité dirigé par Chloé Delaume, publié en . Son texte porte sur l'un de ses sujets de prédilection, la lutte des mères contre la pédocriminalité. C'est le sujet également de l'entrée qu'elle a rédigée dans l'ouvrage Feu, abécédaire des féminismes présents[29] dirigé par la philosophe Elsa Dorlin publié en octobre 2021, puisqu'elle y traite des « mères ».

Pour une écologie pirate

En mars 2023, elle publie Pour une écologie pirate : Et nous serons libres[30],[31]. Dans cet ouvrage, elle s’interroge sur l’élargissement nécessaire d’un front social écologiste et invite à repenser la place des habitants des quartiers populaires dans ces luttes. Elle propose de remettre au centre du jeu politique des modes de domination peu interrogés, ou invisibilisés, dans le champ écologiste. Quand les mouvements majoritaires prônent une écologie « de masse et citoyenne », « universelle et inclusive », l’autrice interroge les rapports de pouvoir entre races, entre État français et descendants de l’immigration postcoloniale[32].

Critiques

Des organes de presse critiquent ses actions et engagements et la qualifient d'« indigéniste »[33],[34],[8],[35],[36]. Elle objecte que c'est un « terme d'extrême-droite », fréquemment employé « pour disqualifier et diaboliser le discours antiraciste ou émanant des quartiers populaires ». Toutefois, le qualificatif « indigéniste » est « pertinent » en l'occurrence, estime la philosophe Marylin Maeso. Celle-ci ajoute que le manifeste du Front des mères est « un pamphlet aux relents complotistes » car ce texte prétend que l'institution scolaire est « intrinsèquement raciste » au motif que le non-remplacement et le manque de formation des enseignants « dans les lycées à forte mixité sociale » dévoileraient une stratégie délibérée à l'encontre des enfants d'immigrés[8].

Fatima Ouassak a été, pendant un temps, proche du parti des Indigènes de la République[37],[8],[2] avant de le quitter en 2012, trouvant ses membres « trop théoriques », d'après un Bagnoletais cité par Marianne[33]. Selon Le Figaro, elle serait connue pour ses positions hostiles aux institutions républicaines : « C’est une communautariste qui avance déguisée. Elle prétend, par exemple, vouloir le bien des enfants en militant pour l'alternative végétarienne dans les cantines scolaires, mais en réalité elle veut répondre à des revendications religieuses de la population musulmane[38]. » En outre, selon Marianne, elle décrit « la société française comme une société "préfasciste" dans laquelle "les enfants racisés sont aliénés, victimes de violences psychiques"[39]. »

Publications

Participations

  • « Être écologiste, c'est fondamentalement être anticapitaliste », dans Hervé Kempf, L'Écologie au XXIe siècle, Reporterre & Le Seuil, , 224 p. (EAN 9782021443264)
  • « Pour une politique intersectionnelle en France : du réseau Classe/Genre/Race au Front de mères », dans Pauline Delage et Fanny Gallot, Féminismes dans le monde, Éditions Textuel,
  • « Des dragons à la reconquête du territoire », dans Solène Ducrétot et Alice Jehan, Après la pluie, Tana, , 224 p. (ISBN 979-1030103489)
  • « Luttons contre les violences policières, défendons nos libertés fondamentales », dans Collectif, Résistons ensemble - Plaidoyer pour des jours heureux, Florent Massot, , 264 p. (ISBN 2380352895)
  • « Protégeons nos enfants, ensemble ! », dans Chloé Delaume, Sororité, éditions du Seuil, coll. « Points », , 224 p. (ISBN 978-2757888940)
  • « Mères », dans Elsa Dorlin, Feu ! Abécédaire des féminismes présents, Libertalia, , 734 p. (ISBN 9782377292233)
  • « Résister à la démobilisation », dans Antonio Delfini, Julien Talpin, Janoé Vulbeau, Démobiliser les quartiers - Enquêtes sur les pratiques de gouvernement en milieu populaire, Presses universitaires du Septentrion, 21 octobre 2021, 284 p. (ISBN 978-2-7574-3358-4)
  • « Liberté de circuler, droit de respirer. Pour une écologie populaire », dans Philippe Boursier, Clémence Guimont, Écologies - Le vivant et le social, La Découverte, 12 janvier 2023, 624 p. (ISBN 9782348076886)

Articles

  • « Entendez-vous la parole des femmes vivant dans les quartiers populaires ? », Les Cahiers du développement social urbain, vol. 68, no 2,‎ , p. 16-17 (DOI 10.3917/cdsu.068.0016, lire en ligne)
  • « Quartiers populaires, conscientisation écologique et libération », Après-demain, vol. 53 « NF », no 1,‎ , p. 27-28 (DOI 10.3917/apdem.053.0027, lire en ligne)
  • « Femmes des quartiers populaires et Covid-19 : premières réflexions », Les Cahiers du développement social urbain, vol. 72 « Inégalités et Covid-19 : double peine pour les quartiers populaires », no 2,‎ , p. 15-17 (lire en ligne)
  • « Un projet écologiste du point de vue des quartiers populaires », Revue Dard/Dard, vol. 6 « Fin du monde/Fin de mois - La transition avec les milieux populaires », 2021/2, p. 26 à 37[41]
  • « Mères », Revue Ballast, 3 juin 2022[42]
  • « One Piece - Et nous serons libres », Revue Ballast, 17 mars 2023[43]
  • « Les conditions d'émergence d'un projet écologiste depuis les quartiers populaires », Les Cahiers du développement social urbain, vol. 77 « Crise environnementale et sociale : les quartiers populaires relèvent le défi », no 1, 2023, p. 22-23[44]

Notes et références

Voir aussi

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Interviews (vidéo, radio, etc.)

Liens externes