Famille de Prudhomme de La Boussinière

La famille de Prudhomme de La Boussinière, anciennement Prudhomme, est originaire de Mareil-en-Champagne dans la Sarthe. Sa filiation suivie débute au XVIIe siècle.

Famille de Prudhomme de La Boussinière
Image illustrative de l’article Famille de Prudhomme de La Boussinière
Armes

BlasonnementD'azur à deux épées d'argent garnies d'or passées en sautoir, au chef d'argent chargé de trois merlettes de sable.
Devise« In Deo spes Mea »
PériodeXVIIe siècle - XXIe siècle
Pays ou province d’origineSarthe (Mareil-en-Champagne)
Fiefs tenusBrains, les Touches, les Grandes-Métairies, la Gravelle, Vauguyon, Saint-Christophe, Monceau, La Barberie, Mésimon, la Grande-Buchaille, le Grand Aulnay et autres lieux[ouv 1],[ouv 2].
DemeuresChâteau des Touches
Château de Bénéhard
Château de la Poulatière
Château du Tilleul
Manoir de Follet
Manoir du Tromeur
Manoir de Monceaux
Hôtel Prudhomme de La Boussinière
ChargesNotaire royal
Procureur du roi au Grenier à Sel
Échevin
Secrétaire du roi
Maire
Fonctions militairesLieutenant-colonel
Lieutenant
Contrôleur ordinaire des Guerres
Fonctions ecclésiastiquesÉvêque
Prêtre
Prieur
Récompenses militairesOrdre de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918 (France)
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
Croix de guerre 1939-1945
Médaille commémorative de la guerre 1870-1871
Preuves de noblesse
AutresSecrétaire du roi 1782-1790 [ouv 3] (non consensuel) ;
Lettres de noblesse 1825 (branche aînée)

Cette famille compte parmi ses membres plusieurs notaires royaux, un procureur du roi au grenier à sel de Loué, échevin et conseiller du roi à l'hôtel de ville du Mans, membre en 1787 de l'Assemblée provinciale consultative de la Généralité de Tours, un conseiller-secrétaire du roi auprès du parlement de Grenoble, deux députés à la Chambre ecclésiastique des décimes auprès de l'évêque d'Orléans, dont l'un sera nommé évêque constitutionnel de la Sarthe en 1791, une personnalité politique républicaine du Mans et trois membres de la Légion d'honneur.

La branche aînée obtint des lettres de noblesse du roi Charles X en 1825, à la fin de ce siècle elle compte deux fils, l'un mort sans descendance en 1885, l'autre laisse un fils naturel reconnu. Quant à la branche cadette, sa situation fait débat parmi les experts en droit nobiliaire.

Histoire

Situation géographique du département de la Sarthe en France.

Onomastique

Le patronyme Prudhomme est courant, il arrive au 804e rang des noms les plus portés, en particulier en Normandie et dans le Nord de la France, désignant un « homme sage », prudent[ouv 4]. Comme nom commun, il vient du bas latin prodis signifiant « profit, avantage », associé à homo, et apparaît dans la Chanson de Roland (1080) sous la forme prodom (prod hom) avec le sens de « homme de valeur »; au milieu du XIIIe siècle, époque de la formation des noms de famille, sa forme devient preudhome et désigne un « homme expert dans un métier ». En 1690, Furetière désigne « un artisan nommé pour assister les jurés d'un métier »[ouv 5],[ouv 6]. Louis IX (Saint Louis) sera surnommé "Le Prudhomme"[1].

Sous l'Ancien Régime

Vue de Mareil-en-Champagne
Panneau du lieu-dit de La Boussinière
Seigneurie de La Boussinière - Mareil en Champagne (72000)
Logis seigneurial de Monceaux - Saint Christophe en Champagne (72000)

La filiation suivie débute avec Jacques Prudhomme et Mathurine Luisné[EC 1], mentionnés dans l’acte de mariage de leur fils Guillaume Prudhomme qui épouse le Louise Houdebert[ouv 7]. Guillaume est « marchand et paroissien de Mareil-en-Champagne » (Sarthe) en 1674[ouv 7].

Guillaume Emmanuel Prudhomme, notaire à Mareil-en-Champagne

Guillaume Emmanuel Prudhomme (1674-1762), fils d'« honnête Guillaume Prudhomme »[EC 2], marchand à Mareil-en-Champagne[ouv 7], devient notaire royal dans la même paroisse et exerce son office pendant soixante ans[ouv 8]. Son épouse, née Marie Crié ou Cryé, décède en 1721[ouv 9].

Le couple a cinq enfants, deux filles et trois fils dont les deux premiers continuent dans le notariat : Louis qui se titre sieur du Perray lui succède dès 1748 dans sa charge notariale de Mareil-en-Champagne, et Joseph. Ces derniers ne laissent aucune trace de descendance connue. Pour illustrer l’avantage financier de leur office notarial, André Bouton dans le chapitre qu’il consacre aux Prudhomme notaires dans Le Maine XVIIe siècle et XVIIIe siècle précise que « les notaires de cette époque s’enrichissaient avec les biens de leurs débiteurs insolvables et, étant les seuls praticiens dans les paroisses trouvaient le moyen de payer fort peu d’impôts, surtout celui de la taille »[ouv 10].

Guillaume-Emmanuel sera sieur du Rocher en 1721[2], signe d'acquisition d'un fief et du début d’une ascension sociale. Cette ascension continue avec le troisième fils, René Prudhomme (1701-1788), sieur[ouv 11] ou seigneur de La Boussinière, seigneur des Touches, etc., à Brains près de Loué, procureur du grenier à sel de Loué[ouv 12], et qui est à l'origine de la famille actuelle.

René Prudhomme de la Boussinière, un bourgeois influent au Mans

Le château des Touches à Brains-Sur-Gée.
Blason au fronton du château des Touches.
À gauche sépulture de Jacques-Guillaume Prudhomme de la Boussinière (1728-1812) et à droite celle de son père René (1701-1788).

Né en 1701[3], dès 1719 René Prudhomme est qualifié de sieur de La Boussinière[ouv 13]. On le retrouve en activité dès 1713 comme signataire d'un acte de baptême au nom du parrain et de la marraine absents[ouv 14].

André Bouton écrit à son sujet « ayant un sens remarquable des affaires, il débuta dans la carrière en 1722, où il se titrait déjà de la Boussinière, comme greffier de la châtellenie de Loué et procureur du grenier à sel de cette petite ville »[ouv 10]. Il épouse Jeanne Bainville, fille du contrôleur du grenier à sel de Bonnétable qui a fait une belle fortune. Il achète ainsi plusieurs seigneuries, accédant ainsi à la classe des seigneurs propriétaires, propice à l'élévation sociale : « La propriété d'une seigneurie est une dignité sociale »[4],[ouv 15],[ouv 16]. Il installera un peu plus la famille dans son statut de famille de la « bourgeoisie riche et libérale qui aspirait à monter »[ouv 17].

Il vient habiter la paroisse de Gourdaine au Mans et devient procureur de la fabrique, il y fait bâtir vers 1740 un remarquable hôtel particulier[ouv 10].

René Prudhomme de la Boussinière est choisi en 1761 par le roi Louis XV pour être membre du bureau de la société royale d'agriculture du Mans nouvellement créé[ouv 18], il en devient directeur en 1775. Gérard Blanchard, de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe écrit à son sujet : « Sa réussite sociale est éclatante. […] Chargé du canton de Brûlon, au sein du [Bureau de la société royale d'agriculture du Mans], il présente des travaux sur les charrues et le sillonage des terres, sur la façon de fixer et de percevoir les dîmes, sur les dommages causés par les animaux aux cultures… »[web 1].

Ce qui attire l'attention sur René Prudhomme, et lui procure la reconnaissance des Manceaux, c'est le tour de force qu'il réalise lors de la famine de 1770[ouv 10]. Cette année-là, la disette frappe toute la province du Maine et le pain est très cher. Cette crise porte à 4000, le quart de la population totale, le nombre des pauvres de la ville du Mans[ouv 19]. René Prudhomme fut chargé par l'Intendant d'acheter à Nantes une provision de seigle ; il en fit charger quatre grandes gabares et utilisa une hausse extraordinaire de la rivière Sarthe pour amener sa cargaison jusqu'à Bouches-d'Huisne aux portes du Mans alors que la navigation ne dépassait jamais Malicorne, plus de 30 kilomètres plus bas[ouv 20].

En 1775, il devint échevin du Mans et directeur de la Société Royale d'Agriculture[5].

En 1778, il est alors conseiller du roi et devient contrôleur ordinaire des Guerres[ouv 21].

En décembre 1787, il est désigné député du tiers état de l'Assemblée provinciale consultative de la Généralité de Tours mise en place par le roi Louis XVI[web 1],[ouv 22].

Il meurt en 1788 dans son château des Touches[ouv 20] et il est enterré sur ses terres de Brains. Son fils Jacques fait graver sur son caveau : « Cy gist le corps de M. René Prudhomme de la Boussinière, seigneur des Brains, les Touches, les Grandes-Métairies, la Gravelle, Vauguyon, Saint-Christophe, Monceau, La Barberie, Mésimon, la Grande-Buchaille et autres lieux »[ouv 2]. Lors des partages entre les fils sa fortune est estimée à plus de 300 000 livres. À cette époque un ouvrier non nourri peut espérer gagner une livre par jour, et à la fin du XVIIIe siècle 100 000 livres est le prix d'un gros château avec 500 hectares de terres[ouv 23].

René Prudhomme de La Boussinière a trois fils : Jacques-Guillaume-René-François et Pierre, qui entrent dans les Ordres, et René François, qui occupera des fonctions juridico-administratives et poursuivra l'élévation sociale de la famille par l'acquisition de la charge anoblissante de conseiller-secrétaire du roi.

René François Prudhomme de la Boussinière, président en l'élection du Mans, subdélégué, magistrat

Le troisième fils de René Prudhomme est René François Prudhomme de La Boussinière (il porte le nom de Prudhomme des Touches lors de son mariage en 1765[ouv 24],[EC 3] et le nom Prudhomme de La Boussinière en 1789[EC 4]).

En 1753, il étudie au collège de l'Oratoire du Mans où il soutient une thèse en physique et une thèse en morale. Sa thèse de physique sera très applaudie[Bull 1].

Gaspard-César-Charles de Lescalopier, intendant de la généralité de Tours, le nomme président au siège de l'élection du Mans en 1761 et son subdélégué au Mans en 1764[Bull 2],[ouv 25],[web 1]. Il sera toujours à ce poste en 1789[ouv 26].

L’historien Paul Bois écrit « Il existe des cas gênants où la précision même des documents ne peut faire foi. C'est ainsi qu'un acte est passé en 1775 à Brains-sur-Gée (bureau de Crannes) au nom de « Prudhomme de La Boussinière, bourgeois du Mans, seigneur des Touches en Brains ». Or ledit Prudhomme figurera sur la liste des nobles pour les élections aux États généraux. Noblesse officiellement acquise dans l'intervalle ou usurpée ? Peu importe. En tout cas noblesse de fait sinon de droit (…) aussi a-t-il paru correct de porter ledit Prudhomme de la Boussinière parmi les acheteurs nobles »[ouv 27].

Le parlement de Grenoble.

Cette nomination sur la liste des nobles s'explique grâce à l'historien André Bouton qui dit au sujet de René François : « il se fait anoblir en 1782 en achetant une charge honorifique de secrétaire du roi »[ouv 10].

D'après les archives, René François Prudhomme est effectivement pourvu le 16 octobre 1782 de l’office de « conseiller secrétaire du roi, Maison Couronne de France en la chancellerie près le parlement de Grenoble au lieu de Charles-Pierre Cureau, sieur de Roullée »[ouv 28],[ouv 29]. Il prête serment au Mans le 24 octobre 1782[ouv 30].

Le magistrat et homme politique René Négrier de la Crochardière[Bull 3], dans son manuscrit inédit Observations sur la ville du Mans et la province du Maine rédigé entre 1798 et 1816, liste René François Prudhomme de la Boussinière (et ses deux fils) dans ce qu'il appelle « les anoblis à prix d'argent » de la ville du Mans dans un chapitre dédié à « la noblesse qui existe dans la ville du Mans »[ouv 31],[ouv 32],[web 2].

En juin 1789, René François Prudhomme de La Boussinière se présente comme « René François Prudhomme, écuyer, conseiller du roi, son président en l’élection et subdélégué de l’intendant de Tours pour la ville et élection du Mans »[ouv 33].

De son mariage le à Saint-Pierre-du-Lorouër, il eut deux fils qui ont assuré la descendance familiale jusqu’à nos jours : René-Jean-François Prudhomme de La Boussinière (1766-1863) qui après avoir émigré en Angleterre trouva une place chez un négociant de Londres (ou des environs) dont il épousa la fille en 1801[ouv 34],[ouv 35] ; et Jacques-François Prudhomme de La Boussinière (1773-1853)[ouv 35].

A noter que l'orthographe du nom de Françoise, épouse de René François, varie. Il est écrit comme "Le Febvre" sur son acte de mariage[EC 3] alors qu'un acte de 1789 la mentionne comme "Françoise-Jeanne Lefèvre, épouse de messire René François Prudhomme de La Boussinière, écuyer, conseiller du roi (...)"[6].

Certains auteurs l'écrivent Lefebvre ou Lefèbvre[ouv 24],[ouv 36], tandis que les auteurs de l'"Armorial de la Sarthe" (1942) indiquent dans les pages sur la famille Le Febvre de La Croix : "Jean Le Febvre de la Croix, écuyer, Sgr de Follet et des Exemples, à Saint-Pierre-du-Lorouër, contrôleur ordinaire des guerres [en] 1765, marié à Françoise-Jeanne Fouchard, dont Françoise-Jeanne-Marie, 1745-1809, mariée en 1765 à René François Prudhomme de la Boussinière, écuyer, président au siège de l'Election, conseiller-secrétaire du Roi, décédé en 1800 à sa terre de Follet."[7].

Sous la Révolution française

Deux frères ecclésiastiques que la Révolution oppose

Mgr Jacques-Guillaume-René-François Prudhomme de la Boussinière (1728-1812).

Jacques-Guillaume-René-François, curé du Crucifix et docteur à la Sorbonne, a étudié au collège de l'Oratoire du Mans, et a soutenu en 1744 une thèse en logique et une thèse en métaphysique. En 1745 il soutient une thèse de morale et une thèse de philosophie, avec éloges[Bull 1]. Il entrera comme professeur de philosophie au collège de Laon en 1752, et sera ordonné diacre cette même année, puis comme prêtre en 1757[8].

Il est élu évêque constitutionnel de la Sarthe, son ordination épiscopale se déroulera à Paris le . Il démissionne en 1793 lors de l'instauration du Culte de la Raison et de l'Être suprême et se démet officiellement le .

Acte d'abdication de Mgr Jacques-Guilllaume-René-François Prudhomme

Pierre est religieux à Saint-Vincent au Mans en 1750, en 1771 il devient prieur de Noyers en Touraine puis à Saint-Calais en 1774 et à Vendôme en 1781. Refusant la Constitution civile du clergé il sera incarcéré à Angers en 1792, déporté en Espagne et débarqué à La Corogne le , il achève sa vie en exil à Saint-Jacques-de-Compostelle le . Il s'était complètement désolidarisé de son frère[ouv 37].

Jacques-Guillaume-René-François et Pierre Prudhomme de La Boussinière figurent parmi les sept députés à la Chambre ecclésiastique de l'évêque d'Orléans[ouv 38].

En 1791, après l’émigration de Mgr de Jouffroy-Gonsans, évêque du Mans, Jacques-René-Guillaume Prudhomme de La Boussinière, curé du Crucifix, est élu évêque constitutionnel du Mans[ouv 39].

En 1792, le sous-prieur Pierre-Jacques Prudhomme de La Boussinière, frère de l'évêque constitutionnel, est lui incarcéré à Angers et déporté en Espagne où il meurt en 1798[ouv 40].

Etat des biens de la famille

Sous la Révolution les Prudhomme de La Boussinière achètent 75 hectares de biens d’église[ouv 39].

Le fils aîné de René-François Prudhomme de la Boussinière, alors propriétaire du château du Follet, fuit la Révolution et émigrera de nuit en Angleterre. Son père refuse de reconnaître pour sienne la voiture qu'il avait envoyé de Paris. Il obtient un certificat attestant qu’il « a dans toutes les occasions donné des preuves du plus pur civisme, agissant et s’expliquant de la manière la plus prononcée en faveur de la Révolution ». « Sur un avoir de 153 000 livres, la nation lui prend 39 000 livres dont un quart de bien nationaux achetée en 1791 et 1792, à sa femme 60 000 livres sur un avoir de 141 000 livres »[ouv 41].

Ainsi à l'époque de la Révolution la totalité des biens de René-François Prudhomme de la Boussinière est estimée à 294 000 livres. Le gouvernement lui en saisira 99 000[ouv 19].

Une somme de 1912 livres lui sera rendue plus tard car il « a fait tous ses efforts pour empêcher l’émigration de son fils, et un autre fils sert la République et s’est toujours bien conduit »[ouv 42]. En effet, pendant la Révolution « René-Jean-François (sic) Prudhomme de la Boussinière eut un fils qui émigre de nuit en Angleterre ce qui provoque le pillage de la maison du subdélégué et la disparition de ses titres »[ouv 10].

Depuis le XIXe siècle

Au XIXe siècle cette famille poursuit son ascension sociale : le fils aîné de la famille reçut des lettres de noblesse en 1825[9], mais elle compte également des alliances nobles, des officiers, et une personnalité au sein du département de la Sarthe en la personne d'Édouard Prudhomme de La Boussinière (1811-1902).

Statue d'Édouard Prudhomme de La Boussinière.

René-Jean-François Prudhomme de La Boussinière (1766-1863), fils du secrétaire du roi et auteur de la branche aînée, sera le maire de la commune de Moncé-en-Belin[10] et reçut des lettres de noblesse du roi Charles X en date du [ouv 36],[9] . Il a lui aussi deux fils : le premier mourra sans postérité en 1885, tandis que le second, décédé en 1886, laissera un fils naturel reconnu, d'où postérité[ouv 35].

Sur le statut social de Jacques-François Prudhomme de La Boussinière (1773-1853), deuxième fils du secrétaire du roi et auteur de la branche cadette, également subsistante de nos jours, les auteurs sont divisés. Ainsi, le statut de cette branche fait l'objet d'interprétations différentes : soit noble[ouv 43],[ouv 44],[ouv 45],[ouv 46], soit de "noblesse inachevée" par suite d’une charge de secrétaire du roi à la fin du XVIIIe siècle[ouv 47],[ouv 48]. En effet, il n'y a pas de consensus quant aux conditions de transmissibilité de la noblesse pour les charges de secrétaire du roi supprimées par la Révolution française[a],[b]. De fait, René François Prudhomme de La Boussinière avait acheté en 1782 une charge anoblissante de secrétaire du roi et l'Assemblée nationale a supprimé la noblesse par décret signé par le roi Louis XVI le puis les charges anciennement anoblissantes par décret du 27 Avril 1791[11].

Dans les faits, au XIXe siècle, l’ancien Juge d’Armes de la noblesse de France insère les familles de secrétaires du roi en charge le 23 Juin 1790 portées à sa connaissance dans son indicateur nobiliaire de 1818[12], de même que son contemporain l’historien Hippolyte de Barrau[13]. On constate en effet que pour cette branche, certaines qualifications nobles réapparaissent bien dans les actes concernant Jacques et sa descendance, rédigés par les officiers d'état civil, à partir de 1814[14],[15],[16],[17]. Le docteur en droit et historien André Borel d’Hauterive mentionne Olivier et son épouse dans un exemplaire de l’Annuaire de la Noblesse de France (1865)[18].

En 1962, l'historienne et géographe Jeanne Dufour classe la famille Prudhomme de La Boussinière parmi les familles de la noblesse des plus grands propriétaires terriens de la Sarthe à l'époque[19].

En 1983, le CNRS publie une étude des 280 personnes vivantes les plus notables de la Sarthe en 1809 d'après une liste établie cette année là sous le Premier Empire par Louis-Marie Auvray. Parmi ces 280 notables figurent René-Jean-François fils et son frère Jacques « très honnête homme » ainsi que leur oncle évêque émérite du Mans. Il y est dit que les deux frères font partie des 60 propriétaires (personnes vivant des revenus de leurs terres) du département[ouv 19].

Édouard Prudhomme de la Boussinière, un républicain engagé

L'un des personnages marquants de la famille est Édouard Prudhomme de La Boussinière, républicain engagé et à ce titre personnalité du département de la Sarthe. Il naît au Mans le . Les auteurs des Archives historiques du Maine indiquent que Édouard Prudhomme de la Boussinière est « d'une ancienne famille bourgeoise du Mans »[ouv 51]. Il passe par le Prytanée de la Flèche puis entre à l'école de Saint-Cyr. Promu lieutenant en 1830, il démissionnera de l'armée pour se consacrer à la politique. Attaché aux valeurs de liberté et de progrès, il souhaitait que les ouvriers et paysans prennent conscience de leurs droits politiques dans la République, le régime idéal à ses yeux. Ami de Ledru Rollin, il est le trésorier du Comité sarthois et directeur du "cercle de lecture des ouvriers" ainsi que cofondateur du "Bonhomme manceau", journal à prix modique accessible aux travailleurs peu fortunés[web 3].

En 1851, le prince Louis Napoléon Bonaparte fait son coup d'état. Tout opposant au régime est chassé et réprimé. Édouard de La Boussinière sera arrêté et écopera de 3 mois de prison[20]. À sa sortie Édouard de La Boussinière gagnera Genève à pied[21] accompagné d'un curé et d'un menuisier. « A nous trois, disait-il, nous représentions le clergé, le tiers et la noblesse. »[22].

Il se fera connaître du grand public par l'« Affaire du testament de La Boussinière » (1891) qualifiée de « complexe et charpentée comme un roman de Balzac » par un chroniqueur juridique de Gil Blas, concerne un faux testament olographe d'Adolphe Prudhomme de La Boussinière (mort en 1885) en faveur de son frère Édouard alors que les deux frères se détestaient et qu'Adophe de La Boussinière avait par ailleurs légué par testament la fortune hérité de sa femme au comte de Bréon, parent de sa femme; et sa fortune personnel à son cousin, Olivier de La Boussinière. Ce faux testament a d'abord été reconnu comme véritable par des experts, jusqu'à ce que le faussaire ne dénonce Maître Guyard, notaire d'Édouard de La Boussinière, comme étant à l'origine du faux document et comme ayant abusé son client. Le notaire est condamné à dix ans de réclusion et Édouard de La Boussinière dut rendre l'héritage au comte de Bréon et à Olivier de La Boussinière, véritables héritiers testamentaires d'Adolphe de La Boussinière[ouv 52],[Bull 4].

Des militaires qui se distinguent au combat

Louis Ferdinand Prudhomme de la Boussinière (1814-1855).

Un autre personnage qui marque l'histoire de la famille est le lieutenant-colonel Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière, officier de la Légion d'honneur, « modèle de courage, de feu sacré, auquel l'avenir réservait de hautes destinées », d'une « intrépidité chevaleresque »[ouv 53]. Il participera entre autres à la conquête de l'Algérie par la France, aux batailles d'Inkerman, de l'Alma et enfin de Malakoff, où il sera tué au combat.

Deux membres de cette famille, Joseph et son fils Christian, participent à la Première Guerre mondiale, notamment aux combats de Verdun. Joseph, lieutenant-colonel d'artillerie, commande le 61e régiment d'artillerie et il est promu officier de l'ordre national de la Légion d'honneur le [Leonore 1]. Son fils Christian, lieutenant, est décoré de la croix de guerre 1914-1918, de la croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs et nommé chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur[Leonore 2]. Tous deux sortent vivants de ce conflit.

Christian de Prudhomme de La Boussinière est administrateur des ciments Lafarge[web 4].

Possessions et demeures

Le château de Bénéhard.
Le manoir du Follet.

Par date d'acquisition :

Filiation

  • Jacques Prudhomme, marié à Mathurine Luisné.
    • Guillaume Prudhomme, marchand et paroissien de Mareil-en-Champagne dans la Sarthe, épouse le 24 avril 1673 Louise Houdebert dont[ouv 7] :
      • Joseph Prudhomme, avocat au siège de Loué[EC 5], sans informations sur une descendance potentielle
      • Guillaume Emmanuel Prudhomme, notaire royal de Mareil-en-Champagne, né le à Mareil-en-Champagne « fils d'honorable Guillaume Prudhomme, marchand »[EC 2] et mort le , marié à Marie Cryé, fille de René Cryé, syndic de Joué-en-Charnie et de Marguerite Pichard[ouv 7] dont :
        • Marie Prudhomme, mariée à Pierre Le Roy sieur de La Valette[EC 6], sans informations sur une descendance potentielle ;
        • Louis Prudhomme qui se titrait sieur du Perray qui succède, dès 1748 à son père, dans sa charge notariale de Mareil[ouv 10], sans informations sur une descendance potentielle ;
        • Anne Prudhomme, née le 18 Décembre 1713[EC 7], sans informations sur une descendance potentielle ;
        • Joseph Prudhomme, né le 13 Février 1736[EC 5], sans informations sur une descendance potentielle ;
        • René Prudhomme, sieur[ouv 36]/seigneur de La Boussinière, seigneur des Touches[ouv 55], Saint-Christophe, Monceau, la Barberie, la Grande-Buchaille, etc. Né en 1701 et mort à Brains le [EC 8], bourgeois du Mans, procureur du roi au grenier à sel de Loué en 1736, puis conseiller du roi à l'hôtel de ville du Mans, directeur de la Société d'agriculture du Mans en 1775, membre du Tiers état à l'assemblée provinciale de la Généralité de Tours en 1787, marié au Mans le , à Marie-Jeanne Bainville, mort le , a plusieurs enfants dont:
          • Jacques-Guillaume-René-François Prudhomme (né en 1728), curé du Crucifix puis nommé évêque constitutionnel de la Sarthe de à [Bull 5] ;
          • René François Prudhomme des Touches[ouv 24],[EC 3] puis Prudhomme de La Boussinière[ouv 7],[ouv 36], seigneur[ouv 27] des Touches en Brains et autres lieux. Président au siège de l'élection du Mans (en 1761), subdélégué au Mans de l'intendant de Touraine (en 1764)[Bull 2],[web 1], conseiller-secrétaire du roi de 1782 à 1790 (selon Régis Valette) en la chancellerie établie près le parlement de Grenoble[ouv 56]. En 1789 il se qualifie « écuyer, conseiller du roi, son président en l’élection et subdélégué de l’intendant à Tours »[EC 4]. Il figure sur la liste des acheteurs nobles pour les élections aux États généraux de 1789[ouv 27], marié en 1765 à Françoise Lefebvre[ouv 24],[EC 3], il meurt dans son manoir de Follet le . Il a deux fils :
            • René-Jean-François Prudhomme de La Boussinière, né le 20 octobre 1766 et mort le 8 janvier 1863, marié le 3 décembre 1796 à Élisabeth Burrows[ouv 7]. Il est anobli par lettres patentes du 16 avril 1825[ouv 36],[ouv 35] dont :
              • Marie-Élisabeth-Françoise Prudhomme de La Boussinière, mariée à Charles du Hardaz de Hauteville[ouv 7];
              • Adolphe-Jacques-François-Marie Prudhomme de La Boussinière, marié le 25 novembre 1832 à Henriette-Matilde de Lancrau de Bréon, mort sans postérité le 10 février 1885[ouv 7];
              • Édouard Prudhomme de La Boussinière, mort en 1902
            • Jacques-François Prudhomme de La Boussinière, né au Mans le 17 novembre 1773 et mort aux Touches en Brains en 1853, marié 1° le à Lucie-Louise-Gabrielle-Marie Goislard ; 2° à la Flèche le à Henriette- Augustine-Marie de Kermel, dont[ouv 7],[ouv 36] :
              • (1°) Louis-Ferdinand Prudhomme de La Boussinière (1814-1855), officier de la Légion d'honneur, lieutenant-colonel, tué à la bataille de Malakoff le , marié en 1851 à Marie-Léonie Godard de Rivocet, dont une fille[ouv 36];
              • (1°) Sidonie Prudhomme de La Boussinière[ouv 36] ;
              • (1°) Thérèse Prudhomme de La Boussinière[ouv 36] ;
              • (2°) Olivier Prudhomme de La Boussinière, épouse sa cousine Marie de Kermel (nièce d'Henriette), d'où[ouv 36] ;
                • Joseph Olivier Marie Prudhomme de La Boussinière, né en 1864, épouse Amicie du Dresnay, lieutenant-colonel d'artillerie, diplômé de l'École Polytechnique (X 1884), combat à Verdun[c], officier de la Légion d'honneur[Leonore 1],[ouv 53].
                  • Christian Marie de Prudhomme de La Boussinière (1895-1973), épouse Louise Pavin de Lafarge, administrateur de sociétés, chevalier de la Légion d'honneur, lieutenant[Bull 6], combat à Verdun, croix de guerre 1914-1918, croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures[Leonore 2]. La particule devant « Prudhomme » est apparue sans qu'une demande émanant de la famille soit faite, et ce depuis son acte de naissance (erreur de l'officier d'état civil qui lui seul rédige et vérifie l'identité, ou du père ?), on la retrouve aussi sur son diplôme de légionnaire ; d’où postérité.
          • Pierre Jacques Prudhomme de La Boussinière (1723-1798), religieux à Saint-Vincent du Mans en 1750, en 1771 il devient prieur de Noyers en Touraine puis à Saint-Calais en 1774 et à Vendôme en 1781. Il préside aux destinées de l'église de la Couture de 1783 à 1788. Sous-prieur ensuite, il est incarcéré à Angers en 1792, déporté en Espagne et débarqué à La Corogne le 9 octobre 1792, Il achève sa vie en exil à Saint-Jacques de Compostelle le . Il s’était totalement désolidarisé de son frère, l’évêque constitutionnel de la Sarthe[ouv 58].

Alliances nobles

Les alliances nobles au sein de la famille Prudhomme de La Boussinière sont : Lefebvre de La Croix (1765)[ouv 24],[EC 3], de Kermel (1819 et 1858), de Lancrau de Bréon (1832), du Hadras, du Dresnay (1890), de Moucheron, Pavin de Lafarge[Bull 7] (1924), de Froissard, de Sartiges (1954), Le Bègue de Germiny (1984, 1993), du Hardaz de Hauteville, d'Aboville (2019), de Gourcy (2022).

Armes, devise et titres

Blason de la famille de Prudhomme de La Boussinière.

La famille Prudhomme de La Boussinière a porté successivement les armes suivantes :

  • au XVIIIe siècle, les Prudhomme échevins du Mans portaient : Écartelé, aux 1 et 4, d'azur à deux épées posées en sautoir d'argent, pointées en haut, au chef d'argent chargé de trois merlettes de sable (Prudhomme), au 2 et 3 de gueules à la fasce d'or, au chef dentelé de même, et en pointe un chevron accompagné de 3 quintefeuilles d'or posées 2 et 1[Bull 8] ;
  • au XIXe siècle, la famille Prudhomme de La Boussinière portait : D'azur à deux épées d'or posées en sautoir, accompagnées de 3 merlettes de même, 2 en flans et 1 en pointe[Bull 8] ;
  • la famille Prudhomme de La Boussinière subsistante porte désormais D’azur à deux épées d’argent montées d’or posées en sautoir; au chef d’argent, chargé de trois merlettes de sable[ouv 56]. Ces armes ont été sculptées dans les années 2000 par la famille Prudhomme de La Boussinière sur la façade nord du château de Bénéhard, alors propriété de la famille.

Albert Révérend dans Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle (1905) indique que, lors de son anoblissement en 1825, René-Jean-François Prudhomme de La Boussinière se voit concéder les armoiries « d’azur à deux épées d’argent montées d’or posées en sautoir ; au chef d’argent, chargé de trois merlettes de sable »[ouv 36]. Ces armes sont les mêmes que celles accordées à Charles Prudhomme, contrôleur des guerres en Touraine, lors de son anoblissement en qui donne la famille Prudhomme de Meslay éteinte[Bull 8].

Depuis le XIXe siècle, la devise de la famille est « In Deo spes Mea » qui se traduit par « En Dieu mon espoir »[d].

Les titres de comte et de vicomte portés par des membres de cette famille ne sont pas des titres réguliers[ouv 59].

Postérité

Au Mans, un quartier dans le secteur Nord-Ouest[web 5], une place et son marché[web 6], une rue et une école sont nommés en hommage à Édouard de La Boussinière.Une statue en bronze à son effigie a été réalisée, mais elle a été fondue par les Allemands en 1941[23],[web 7], la stèle comportait l'inscription suivante, devise d'Édouard de La Boussinière : « Nous devons tout sacrifier à la République, la République ne nous doit rien »[web 3].


Poésie de Jeanne Blin-Lefebvre parue dans le bulletin de la société littéraire du Maine de 1942

Annexes

Bibliographie

  • Paul Blin, rédacteur en chef de la Revue littéraire et artistique du Maine (de L'Académie du Maine) "Un proscrit de l'Empire, Édouard Prudhomme de la Boussinière", Le Mans, 1909. (16 pages consacrées à cette personne);
  • André Bouton, Le Maine, histoire économique et sociale, des origines au XIVe siècle, 1962-1976;
  • Pierre-Marie Dioudonnat, Le simili-nobiliaire français, éditions Sedopols, 2012, page 442 (notice famille Prudhomme de La Boussinière);
  • Henri Frotier de La Messelière, Les Filiations bretonnes (1650-1912) t.IV, Paris, réédition 1976 (avec des ajouts de Durant de Saint-Front) (notice généalogique famille Prudhomme de La Boussinière);
  • Henri Jougla de Morenas et Raoul de Warren Grand Armorial de France, T.V, p. 387, réédition 1952 (Armes de la famille Prudhomme de La Boussinière);
  • Fernand de Saint-Simon, Étienne de Séréville, Dictionnaire de la noblesse française, édition La société française au XXe siècle, 1975, page 824 et 1135 (notice famille Prudhomme de La Boussinière);
  • Albert Révérend, Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle : titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830, t. 5, Paris, H Champion, (lire en ligne), p. 438-439 (notice généalogique famille Prudhomme de la Boussinière);
  • Régis Valette, Catalogue de la noblesse française subsistante, 2007, page 159 (notice Famille Prudhomme de la Boussinière);
  • Histoire des évêques du Mans (consacre plusieurs pages à Mgr Prudhomme de La Boussinière)

Articles connexes

Notes et références

Notes

Références

Ouvrages
Bulletins et journaux
Registres paroissiaux sur le site des archives départementales de la Sarthe
Base Léonore
Web
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