Expulsion des Marocains d'Algérie

L'expulsion des Marocains d'Algérie est un déplacement forcé de la diaspora marocaine vivant en Algérie vers le Maroc, qui a eu lieu en 1975, à la suite de l'annexion du Sahara occidental par le Maroc[1],[2],[3]

Contexte

L'expulsion de 1975, appelée également la « Marche noire » par les expulsés marocains[4], a été lancée le par le président algérien Houari Boumédiène, afin d'expulser en 48 heures des dizaines de milliers de Marocains résidant en Algérie, parfois depuis plusieurs générations[5]. D'après des sources modernes, entre dix[6] à trente-mille Marocains auraient été expulsé de force, tandis que cinq-mille auraient reçu la nationalité algérienne[7],[8].

Selon La Gazette du Maroc : d'une part « la décision est intervenue en réaction à la Marche verte décrétée par [...] Hassan II »[4] ; d'autre part Boumédiène a pris sa décision après concertation avec Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères à l'époque, et le Conseil de la révolution algérienne composé entre autres du général Larbi Belkheir et de Chadli Bendjedid[4].

Le gouvernement algérien mettra fin à ces renvois à la suite des protestations populaires algériennes[9].

Selon Le Temps d'Algérie, le contentieux remonte au , date à laquelle le gouvernement marocain avait rendu public un dahir relatif à la nationalisation des terres agricoles et immeubles appartenant à des personnes étrangères, physiques et morales. Tous les étrangers auraient été indemnisés, à l’exception des Algériens qui se sont vus dépossédés et expulsés manu militari[10],[11].

Réactions

En juillet 2005, l'Association pour la défense des Marocains expulsés d'Algérie (ADMEA) est créée à Nador dans le but de défendre les droits des Marocains expulsés et sensibiliser davantage la communauté internationale[12],[13].

En 2009, dans une interview au magazine marocain Telquel, le chanteur algérien Khaled compare l'expulsion des Marocains d'Algérie durant les années 1970 à une « aberration » et cite le cas des Marocains que les Oranais ont « cachés et d’autres [...] mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie » et compare ces scènes à « celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis »[14]. Cependant, selon le quotidien algérien El Watan, Khaled nie avoir tenu les propos que Telquel lui attribue[15]

Le , le gouvernement marocain, aborde publiquement la question et reconnait par la voix de Mohammed Ouzzine, secrétaire d'État aux Affaires étrangères de l'époque, qu'il devait « porter ce fardeau de l'histoire avec les victimes et déployer tous les efforts nécessaires en vue de rendre justice, soutenir et assister les Marocains expulsés d'Algérie et privés de leurs biens sans aucune considération humaine ou juridique »[16].

Le , deux sit-in ont été observés par les expulsés devant l'ambassade d'Algérie à Rabat et la représentation permanente des Nations unies au Maroc. Lors de ces manifestations, une lettre de revendication a été remise par le président de l'ADMEA au représentant de l'ONU « demandant le recouvrement de tous les droits légitimes des Marocains expulsés d'Algérie et l'engagement d'une action pour régulariser leurs situations matérielles et réparer le préjudice moral qu'ils avaient subi à la suite de leur expulsion forcée de la part des autorités algériennes en 1975 »[17].

Le , la sénatrice belge d'origine marocaine, Fatiha Saïdi, dépose une « proposition de résolution concernant les Marocains expulsés d'Algérie en 1975 » au sénat belge[16]. Onze mois plus tard, le , plusieurs Marocains expulsés livrent leurs témoignages au parlement fédéral belge[18]. À l'issue de cette audition, le député fédéral belge, Denis Ducarme, spécialisé dans les questions européennes et internationales, indique que « l'étude qu'il a faite sur ce sujet, révèle bel et bien que les préjudices subis par les Marocains expulsés d'Algérie sont concrets »[18].

En novembre 2012, lors d'une séance plénière de la Chambre basse marocaine, le numéro deux de la diplomatie marocaine, Youssef Amrani, déclare devant les députés que « le royaume n'abandonnera jamais les biens annexés, en 2010 par l’État algérien, des 45 000 familles expulsés en 1975 du territoire du voisin de l'Est », en réaction à l'application d'un article de la loi de finances de l'année 2010 en Algérie, autorisant l'annexion au domaine de l'État algérien des biens des Marocains expulsés de ce pays[19]. En effet, l'article no 42 de la section no 2 relative aux dispositions domaniales de la loi de finances de 2010 en Algérie, stipule ce qui suit[20] :

« Art. 42. — Il est procédé à l'apurement de la documentation tenue à la conservation foncière des annotations qui ont perdu leur caractère d'actualité à la suite de la dévolution à l'État de la propriété de certains biens immobiliers, consécutivement à des mesures de nationalisation, d'étatisation ou d'abandon par leurs propriétaires. »

Le , la Ligue marocaine pour la défense des droits de l'homme (LMDDH) rejoint officiellement la cause des Marocains expulsés d'Algérie et exhorte le gouvernement marocain à agir en vue de prendre les mesures nécessaires pour leur rendre justice[21]. Lors d'une conférence de presse organisée par l'occasion, les deux associations (LMDDH et ADMEA) exigent « des excuses explicites de la part de l'État algérien et l'ouverture des frontières entre les deux pays »[21].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

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