Enzo Giudici
Enzo Giudici (Mussomeli, 24 septembre 1920 – Rome, 4 octobre 1985) est un universitaire italien, spécialiste de la littérature française de la Renaissance, en particulier Louise Labé et Maurice Scève. C'est aussi un essayiste lié au fascisme.
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Biographie
Enzo Giudici est le fils d'Isabella Sorce et de Paolo Giudici, enseignant[1] et romancier[2]. Il perd sa mère à l'âge de 3 ans[1]. À l'âge de 10 ans, il quitte la Sicile pour suivre son père à Piacenza, Pavie, Potenza, puis Rome[1].
Durant ses études, il est proche du Gruppo Universitario Fascista[3],[4]. Durant la Seconde Guerre mondiale, Giudici n'est pas conscrit en raison de sa santé[1]. Il contribue à Orizzonte, l'organe officiel de la Xe MAS[4] et à Fronte Unico, un hebdomadaire « virulent[5] dirigé par Vito Videtta, un membre de la banda extrémiste de Pietro Koch[6]. Dans un article de décembre 1943, Giudici soutient que le fascisme nie les classes et les individus, en demeurant totalitaire et corporatif[5]. Il collabore également à « Libro e moschetto », le journal du Gruppo Universitario Fascista[7]. Dans Universalità e nazionalità delle guerre (Universalité et nationalité des guerres), un article publié en avril 1943 dans Libro e moschetto, il écrit: « La guerre actuelle est en même temps universelle et nationale. Les valeurs et le sort du monde y sont déterminés, à travers notre conscience italienne. Ce combat est clairement entre deux siècles et deux idées, certes entre deux peuples, mais ce sont les peuples qui incarnent et représentent les idées »[8]. En 1944, pendant la république sociale italienne, il débat avec Roberto Farinacci sur des réformes dans la revue Repubblica fascista[9]. Il écrit dans la revue Repubblica Sociale, un mensuel dirigé par Manlio Sargenti (it)[10], un article sur « Économie socialisée et économie corporative »[G 1],[11]. La même année, il écrit un livre sur la socialisation des entreprises[G 2],[12]. En 1946, il est le vice-président du conseil directeur (vicepresidente dell consiglio direttivo)[13],[14] du Movimento Italiano di Unità Sociale, un nouveau parti réunissant l'élite fasciste[15] et précurseur, non seulement par le nom, du MSI[16],[17]. En 1947 il collabore[18] au Pensiero nazionale (it), un magazine dirigé par Stanis Ruinas (it) qui vise à rassembler les « ex fascistes de gauche »[4].
En 1948, il réussit à trouver du travail, enseignant dans des écoles de différents niveaux[1].
Le journaliste italien Gino Raya (it) note la « sensibilité » [19] de Giudici au jeu d'échecs : il voyage loin pour participer à des tournois, polémique sur l'introduction en Italie du classement Elo[20] et écrit un article[G 3] sur son rôle dans la littérature.
Il décède en 1985 à la suite d'une brève maladie[21]. Sa bibliothèque de plus de 20 000 livres[22] est maintenant à l'université de Lecce[23].
Carrière universitaire
- Lecteur à l'université de Toulouse 1957-1962[22].
- Professeur de français et de littérature française à l'université du Salente et à l'université de Naples « L'Orientale » (1962-1965)[22].
- Professeur à l'université de Macerata (1966-1982)[22].
- Professeur à l'université de Rome « Tor Vergata » après 1982[24].
Études sur l'école de Lyon
Ses contributions universitaires "prolifiques"[25] sont centrées sur l'école de Lyon, en particulier Louise Labé[G 4],[G 5] et Maurice Scève[G 6],[G 7],[26], l'inventeur présumé de la prétendue tombe de Laure de Sade[G 8],[27],[28], chez lesquels il s'est notamment intéressé à l'influence de Pétrarque[G 9],[29], dont certains auteurs considèrent toutefois qu'il a exagéré l'importance[G 10],[30]. En 1958, il publie une édition critique des œuvres mineures de Scève[G 11] et, en 1976, la première édition véritablement critique[G 12],[31] - mais considérée depuis comme partielle et dépassée[32] - de Microcosme, la dernière œuvre de Scève. En 1981, il publie une édition savante des œuvres de Labé[G 13], considérée "solide" et "luxuriante"[33], bien qu'elle ait été depuis estimée incomplète[34],[35]. Son travail d'éditeur aux notes parfois excessives[36] et légèrement décourageantes[37] ainsi que ses recherches documentaires sont plus appréciés de certains spécialistes pour leur « densité d'information »[38],[39] que pour la pertinence de leurs analyses littéraires[40],[41]. Ses travaux, qui contribuèrent au renouveau de l'intérêt pour ces poètes[42], lui valurent un prix d'honneur de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon[43].
Essais
Giudici est l'objet de critiques pour ses relations durables avec le fascisme[44]. Dans Memorie e pensieri di un cattedratico (Mémoires et pensées d'un professeur universitaire)[G 14], il considère ces évocations comme de viles et fausses confusions de la culture avec la politique[45]. Il ajoute que l'opposition fascisme-antifascisme est, selon lui, une antithèse dépassée et controversée et qu'il se méfie des ismes contemporains[46]. Bien que l'historien italien Carlo Vallauri ait noté en 1994 que Giudici "ne s'est jamais identifié" avec le MSI[47], des affinités, parfois considérées comme l'expression d'un « non-conformisme »[48] de « nouvelle droite »[49],[50], transparaissent dans ses prises de position sur les mouvements étudiants et sur la culture du fascisme[47].
Dans L' avvento dell'asinocrazia (L'asinocratie qui vient)[G 15] et Contestatori alla sbarra (Contestataires à la barre)[G 16], il critique le mouvement étudiant qui avait commencé en Italie en 1967. Son analyse est considérée par Carlo Vallauri comme « l'expression la plus claire et la plus organique du refus de comprendre » ce mouvement[51]. L'expression avvento dell'asinocrazia fut d'abord employée en 1968 par Giovanni Sartori, dans un article publié par le Corriere della Sera, pour caractériser le mouvement étudiant comme un "triomphe des ânes"[52]. Dans La scuola inutile (L'école inutile)[G 17], Giudici critique non seulement les étudiants « contestataires », mais aussi la classe politique qu'il juge « renonciataire »[53].
À partir de la fin des années 1970, Giudici collabore au Secolo d'Italia, le journal du MSI, y contribuant à un débat sur la culture de la période fasciste[54]. Il s'interroge sur le point de savoir si le fascisme était « seulement respectueux de la culture ou lui-même producteur de culture »[55] et souligne son « lien avec le Risorgimento et la Rome antique »[55]. Ces considérations sont développées dans Ricerche sulla cultura dell'era fascista[G 18] (Réflexions sur la culture durant la période fasciste) et dans Riflessioni sulla cultura del periodo fascista[G 19], publié posthumément par l'Istituto di studi corporativi de Gaetano Rasi (it), un centre d'études et de réflexions du MSI[56],[57], où Giudici intègre[58] les analyses de Robert Michels sur le syncrétisme di Mussolini[59]. Dans ce dernier livre, Giudici condamne l'antisémitisme fasciste[60]. L'historien italien Gianni Rossi relève que Giudici, s'il ne nie ni ne minimisme pas l'antisémitisme mussolinien, y voit une certaine forme de "réticence"[61].
Décorations
- Commandeur de l’ordre du Mérite de la République Italienne[62].
- Primevère d'argent de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon[43].
Œuvres de Giudici
Notes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Enzo Giudici » (voir la liste des auteurs).