Droit et justice

parti politique polonais

Droit et justice (en polonais : Prawo i Sprawiedliwość Écoutez, PiS)[42] est un parti politique polonais, fondé le par les frères Jarosław et Lech Kaczyński.

Droit et justice
Prawo i Sprawiedliwość (pl)
Image illustrative de l’article Droit et justice
Logotype officiel.
Présentation
PrésidentJarosław Kaczyński
Fondation
Scission deAlliance électorale Solidarité
Union chrétienne-nationale
Mouvement pour la reconstruction de la Pologne
Accord des démocrates-chrétiens polonais
Fusion deAccord du centre
Alliance de droite (en)
Siège84/86 rue Nowogrodzka,
02-018 Varsovie, Pologne
FondateursLech Kaczyński
Jarosław Kaczyński
Organisation de jeunesseForum de jeunesse Droit et justice (en)
ReligionCatholicisme
PositionnementDroite[1],[2],[3] à extrême droite[4],[5],[6],[7],[8]
IdéologieMajorité :
National-conservatisme
Conservatisme social[9],[10]
Nationalisme économique[11],[12],[13]
Populisme de droite[14],[15],[16],[17]
Euroscepticisme[18],[19],[20]
Antigermanisme[21],[22],[23]
Étatisme[24]
Illibéralisme[25]
Russophobie[26],[27]

Factions[28] :
Nationalisme[29],[30],[31],[32]
Nationalisme catholique[33]
Agrarisme[17],[34],[35],[36],[37]
Droite sociale[38],[39],[40]

Coalisé dansDroite unie
Affiliation européenneParti des conservateurs et réformistes européens
Groupe au Parlement européenConservateurs et réformistes européens
Adhérents45 000 (2021)
CouleursBleu marine, blanc et rouge[41]
Site web www.pis.org.pl
Présidents de groupe
Groupe à la DièteRyszard Terlecki (en)
Groupe sénatorialMarek Martynowski (pl)
Représentation
Députés
169  /  460
Sénateurs
33  /  100
Députés européens
18  /  53
Élus régionaux
207  /  552
Présidents de métropoles
5  /  107

D'idéologie conservatrice et eurosceptique, classé à droite ou à l'extrême droite de l'échiquier politique malgré une politique sociale ayant mené à la mise en place d'un État-providence, il détient la majorité à la Diète de 2005 à 2007 puis de 2015 à 2023. Deux présidents de la République en sont également issus, Lech Kaczyński (2005-2010) et Andrzej Duda (depuis 2015).

Historique

Débuts (2001-2005)

Fondé en par Jarosław Kaczyński et son frère Lech Kaczyński, alors que ce dernier était ministre de la Justice du gouvernement AWS. Formé autour de son parti l'Accord du centre, il réunit d'autres mouvements de droite et conservateurs, et les restes du parti politique issu de Solidarność, AWS[43].

Aux élections législatives de 2001, PiS remporte 44 des 460 sièges du Sejm (la diète polonaise) avec 9,5 % de voix. Le groupe parlementaire est alors dirigé par Kazimierz Marcinkiewicz.

Pour les élections régionales de , PiS forme une coalition avec son rival de la PO, dans la plupart des régions, la coalition n’emporte que 16 % des voix, mais Lech Kaczyński est élu maire de Varsovie[44] et laisse la présidence du PiS à son frère Jarosław Kaczyński en 2003.

Lors des élections européennes de 2004, en obtenant à elle seule 12,67 % des suffrages, PiS devient la troisième force politique, et emporte 7 des 54 sièges réservés aux Polonais. Il est alors membre du groupe parlementaire européen Union pour l'Europe des nations[45].

Au pouvoir (2005-2007)

Gouvernement de Kazimierz Marcinkiewicz

Kazimierz Marcinkiewicz (gauche) et Lech Kaczyński (centre) lors de l'investiture du président de la République.

Lors des élections législatives du 25 septembre 2005, Droit et justice arrive en tête, avec 26,99 % des suffrages et 155 députés sur 460, devant la Plate-forme civique (PO, libéraux), qui remporte 24,1 % des voix et 133 sièges, les deux partis ayant fait part de leur volonté de constituer un gouvernement de coalition[46]. Deux semaines plus tard, au premier tour de l'élection présidentielle, Donald Tusk, candidat de la PO, obtient 36,3 % des voix, devant le candidat du PiS et maire de Varsovie, Lech Kaczyński, qui recueille 33 % des suffrages.

Le 19 octobre suivant, à quatre jours du second tour, le parti choisit Kazimierz Marcinkiewicz, ancien président du groupe parlementaire, comme candidat au poste de président du Conseil des ministres, et non son président Jarosław Kaczyński, afin de ne pas affaiblir les chances de Lech. Celui-ci s'impose, d'ailleurs, le 23 octobre, avec 54 % des voix contre Tusk.

Le cabinet Marcinkiewicz, composé uniquement de ministres PiS et indépendants, prend ses fonctions le 31 octobre. Bien que la PO ait finalement refusé de s'allier avec les conservateurs, le gouvernement obtient facilement la confiance de la Diète grâce au vote favorable des populistes de gauche de l'Autodéfense de la république de Pologne (SRP), des nationalistes de la Ligue des familles polonaises (LPR) et des chrétiens-démocrates du Parti paysan polonais (PSL).

Le président de la République, Lech Kaczyński, prend officiellement ses fonctions le 23 décembre suivant. Pour la première fois depuis 1995, les deux têtes de l'exécutif sont issus de la droite.

Finalement, le , PiS passe un accord formel de coalition avec la SRP et la LPR, ce qui permet à ces deux formations de rentrer au gouvernement. Toutefois, bien qu'ils reçoivent cinq ministères, les deux partis ne contrôlent aucun ministère régalien. Seul le ministère de l'Agriculture, aux mains du président de la SRP, Andrzej Lepper, est doté d'un budget et d'un poids politique importants.

Gouvernement de Jarosław Kaczyński

Après que Marcinkiewicz a remplacé, le 24 juin suivant, la ministre des Finances, Zyta Gilowska, contrainte à la démission, il entre en conflit avec la direction du parti. Finalement, il annonce sa démission le 7 juillet suivant, et le bureau politique choisit de le remplacer par Jarosław Kaczyński. Celui-ci constitue son gouvernement, avec la même coalition, le 14 juillet.

Aux élections locales du 12 novembre suivant, PiS est devancé par la PO aux élections régionales et perd la mairie de Varsovie au profit des libéraux, Kazimierz Marcinkiewicz étant défait au second tour par Hanna Gronkiewicz-Waltz.

Le , prenant acte des profondes divergences au sein de sa coalition, le président du Conseil Kaczyński demande au président de la République Kaczyński de démettre les ministres issus de la SRP et la LPR, tandis qu'à la Diète, le parti appuie la demande de la Plate-forme civique de convoquer des élections anticipées.

Dans l'opposition (2007-2015)

Jarosław Kaczyński, président de Droit et justice depuis 2003.

À la suite de la dissolution du parlement, les élections législatives ont eu lieu le 21 octobre 2007. Droit et justice n’obtient que 32,16 % des voix et la Plate-forme civique (41,39 %) constitue une nouvelle majorité avec le Parti paysan polonais PSL. La cohabitation entre le président de la République issu du PiS Lech Kaczyński et le président du Conseil des ministres de PO Donald Tusk dure de 2007 à 2010.

Le président Lech Kaczyński meurt en 2010 lors de l'accident de l'avion présidentiel polonais à Smolensk.

Jarosław Kaczyński échoue aux élections présidentielles anticipées qui suivent, n'obtenant que 46,99 % des suffrages au 2e tour.

Un groupe de députés (18 au total) quitte le parti pour constituer le groupe parlementaire puis le parti La Pologne est le plus important (PJN).

Le parti connaît un nouvel échec lors des élections législatives de 2011, perdant neuf sièges de député à la Diète et huit sièges au Sénat.

Cette défaite provoque le départ de Zbigniew Ziobro, ancien ministre de la Justice souvent considéré comme dauphin de Jarosław Kaczyński, et de ses partisans qui constituent le groupe parlementaire dissident Pologne solidaire qui rassemble (au ) 20 députés et deux sénateurs avec le soutien de quatre députés européens.

Retour au pouvoir (2015-2023)

Andrzej Duda (ici en 2023) est le candidat de PiS aux élections présidentielles de 2015 et 2020.

À l'occasion de l'élection présidentielle de 2015, Andrzej Duda, le candidat de PiS, l'emporte au second tour face au président sortant Bronisław Komorowski avec 51,55 %[47].

En octobre 2015, Droit et justice remporte les élections législatives avec 39,1 % des voix et obtient la majorité absolue. Il est pourvu de 242 sièges de députés sur 460[48].

D'après le journaliste Dominique Vidal, le retour au pouvoir du PiS se serait traduit par un recul des acquis démocratiques, politiques et sociétaux : « augmentation des pouvoirs de l’exécutif au détriment de ceux du législatif, mainmise sur les médias, encadrement de la justice, durcissement de la loi anti-avortement, refus du mariage homosexuel comme de l’euthanasie, promesse d’un référendum sur la peine de mort, etc[49]. »

À l'issue des élections européenne de 2019, Droit et justice réalise son meilleur score avec plus de 45 % des voix et 27 sièges sur 52.

Les élections législatives de 2019 permettent au parti de reconduire sa majorité. La liste Droit et justice, qui est composée avec quatre partis alliés, remporte l'élection avec 43,3 % des voix, une augmentation de 6 points de pourcentage. La liste garde cependant le même nombre de sièges en raison de l'entrée à la Diète de plusieurs autres partis.

Présidents

Présidents
PortraitIdentitéPériodeDurée
DébutFin
Lech Kaczyński
( - )
1 an, 7 mois et 5 jours
Jarosław Kaczyński
(né en )
En cours21 ans, 5 mois et 24 jours

Résultats électoraux

Présidence de la République

AnnéeCandidat1er tour2e tour
Voix%RangVoix%Issue
2005Lech Kaczyński4 947 92733,102e8 257 46854,04Élu
2010Jarosław Kaczyński6 128 25536,462e7 919 13446,99Battu
2015Andrzej Duda5 179 09234,761er8 630 62751,55Élu
2020Andrzej Duda8 450 51343,501er10 440 64851,03Réélu

Diète

AnnéeVoix%PositionSiègesGouvernement
20011 236 7879,504e
44  /  460
Opposition
20053 185 71426,991er
155  /  460
Marcinkiewicz (2005-2006) et Kaczyński (2006-2007)
20075 183 47732,112e
166  /  460
Opposition
20114 295 01629,892e
157  /  460
Opposition
20155 711 68737,581er
235  /  460
Szydlo (2015-2017) et Morawiecki I (2017-2019)
20198 051 93543,591er
235  /  460
Morawiecki II
20237 640 85435,381er
194  /  460
Morawiecki III (2023), opposition (depuis 2023)

Sénat

AnnéeVoix%RangSièges+/-
20055 020 70420,761er
49  /  100
200710 208 41231,382e
39  /  100
20113 915 35526,942e
31  /  100
20155 993 43339,991er
61  /  100
20198 110 19344,561er
48  /  100
20237 449 87534,812e
34  /  100

Parlement européen

AnnéeVoix%RangSiègesGroupe
2004771 85812,673e
7  /  54
UEN
20092 017 60727,402e
15  /  50
CRE
20142 246 87031,782e
19  /  51
CRE
20196 192 78045,381er
27  /  52
CRE
20244 253 16936,162e
20  /  53
CRE

Assemblées régionales

Année%Sièges
2002[50]16,02
97  /  561
200625,08
170  /  561
201023,05
141  /  561
201426,89
171  /  555
201834,13
254  /  552

Positionnement politique

Revendiqué par le parti

Médias et observateurs

Au départ, le parti se montre largement favorable au marché, bien que moins que la Plate-forme civique[51]. Il adopte la rhétorique de l'économie sociale de marché similaire à celle des partis démocrates chrétiens d'Europe occidentale. Lors des élections de 2005, le parti passe à un discours protectionniste sur les questions concernant l'économie[51]. En tant que président du Conseil, Kazimierz Marcinkiewicz est plus libéral économiquement que les Kaczyński, prônant une position plus proche de celle de la Plate-forme civique[52].

La priorité de Droit et justice est donnée à la souveraineté nationale. D'un point de vue sociétal, « le modèle culturel et économique libéral est rejeté au motif qu’il menacerait les valeurs traditionnelles, nationales et catholiques »[53]. La proximité du parti avec l'Église catholique est importante et revendiquée. Selon certains observateurs, Droit et justice serait d'ailleurs en partie redevable à l'Église de son retour au pouvoir en 2015. Cette alliance s'exprime dans l'action politique : ainsi, selon Le Point, « fidèle à sa doctrine, l'Église a appuyé l'initiative d'une alliance d'organisations pro-vie, et le PiS n'a pu que suivre »[54] Cet alignement sur les positions de l'Église catholique polonaise et notamment la proposition de loi concernant une interdiction quasi-totale de l'avortement porte le risque de diviser la société, y compris le parti[54].

En matière de politique étrangère, le PiS est atlantiste et moins favorable à l'intégration européenne que la Plate-forme civique[51]. La formation est légèrement eurosceptique et s'oppose à une Europe fédérale[55]. Dans ses campagnes, il souligne que l'Union européenne devrait « profiter à la Pologne et non l'inverse ». Il est membre du Parti des conservateurs et réformistes européens anti-fédéraliste, ayant déjà fait partie de l'Alliance pour l'Europe des nations et, auparavant, du Parti populaire européen (PPE/EPP)[56].

Se détournant de l'UE, le PIS décide de redonner la priorité au groupe de Visegrád, qui a refusé la politique des quotas de répartition des migrants. Alors que le gouvernement précédent avait accepté un quota de migrants, cette mesure est abandonnée par le PiS après les attentats de Bruxelles (2016), « au motif que la Pologne devait en priorité garantir la sécurité de ses concitoyens »[53].

Programme politique

Pour expliquer la victoire du parti lors des élections parlementaires polonaises de 2015, Le Monde note que le parti « social conservateur » a multiplié les promesses pendant la campagne pour arriver à un programme social « très coûteux » évalué entre 40 et 60 milliards de zlotys (9 à 14 milliards d’euros). Parmi les arguments de campagne que relève la quotidien, se trouvent la baisse de l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes (au lieu de 65 et 67), le maintien des régimes spéciaux (pour les juges, les procureurs, les agriculteurs…), les médicaments gratuits pour les personnes de plus de 75 ans et une allocation familiale de 500 zlotys par mois et par enfant. D'un point de vue économique, la politique économique du PiS est largement inspirée de la politique « non orthodoxe » de Viktor Orbán : « taxation des supermarchés et des banques (qui appartiennent en grande partie à des capitaux étrangers) en instaurant une préférence nationale, taxe sur les institutions financières et renationalisation de certaines banques. »[57]

Au moment des élections législatives de 2019, la situation économique de la Pologne est parmi l'une des meilleures en Europe : la croissance atteint 5 % (contre environ 1,5 % pour les pays de l’Union européenne), le chômage est à 3,8 %, le déficit public est stabilisé à 1,6 % du PIB et la dette publique demeure sous les 50 % du PIB. Pour freiner l’émigration et relancer la natalité, le gouvernement sortant a exonéré d'impôt les travailleurs de moins de 26 ans et augmenté les allocations familiales[58].

Droit et justice obtient une forte popularité en menant une politique étatique et sociale visant à établir un « État-providence à la polonaise » via notamment la mise en place d'aides familiales, la gratuité des médicaments pour les plus de 75 ans, l'abaissement de l'âge de la retraite à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes, la taxation des institutions financières, la renationalisation de plusieurs banques et une politique générale favorisant le développement des entreprises polonaises, dans le contexte d'une économie passé sous contrôle étranger lors de la sortie du communisme dans les années 1990. Cette politique sociale généreuse ne s'établit pour autant pas au détriment de l'économie polonaise, qui maintient un niveau de croissance élevé, et un chômage à son taux le plus bas depuis la chute du régime soviétique[59].

Économie

  • Baisse des impôts progressifs / Refus de l'impôt linéaire ;
  • Baisse de la TVA ;
  • Réévaluation des retraites ;
  • Refus de la privatisation des secteurs clefs ;
  • Programme de soutien aux plus démunis ;
  • Scepticisme face à l’euro.

Selon Patrick Edery, PDG d'un cabinet de conseil en développement, les conservateurs du PiS ont prolongé le miracle économique polonais[60] (croissance élevée et chômage relativement faible) entre 2016 et 2019, assurant également la pérennité de la réussite polonaise[61] par le renouvellement de la lutte contre la corruption[62],[63],[64].

Éducation

  • Enseignement des valeurs morales et patriotiques ;
  • Gratuité de l’enseignement.

Intégrité publique

  • Création de ministère anti-corruption ;
  • Publication des noms des anciens agents soviétiques.

Politique étrangère

  • Atlantisme : le PiS a décidé de prolonger d’un an la mission de soldats polonais en Irak et aidé la mission de l’OTAN en Afghanistan par l’envoi de 1 000 soldats, en .

Politique européenne

  • Refus de « nouveaux abandons de souveraineté nationale ».

Questions sociales

Promotion de la natalité[65] :

  • allongement des congés maternités
  • augmentation des allocations familiales en particulier à partir de deux enfants
  • régime fiscal désavantageux pour les célibataires sans enfant

Refus de :

  • Légalisation des drogues ;
  • L’avortement ;
  • L’euthanasie ;
  • Mariage homosexuel ;
  • PACS.

Réforme constitutionnelle

  • IVe République : pouvoir supplémentaire à l’exécutif (permission d’appliquer une loi), parlement réduit, surveillance de l’audiovisuel, le droit à l’État de mener une politique monétaire.

Santé

  • Gratuité des soins pour les bas salaires.

Sur une proposition de la Ligue des familles polonaises, Droit et justice s'est engagé à établir un référendum sur la peine de mort, bien que ne faisant pas partie de ses priorités[66].

Notes et références

Voir aussi

Biographie

  • François Richard et Antoine Danzon, « En marche vers l’alternance », Le courrier des pays de l'Est, no 1050,‎ , p. 152-173 (lire en ligne).
  • Cécile Barbier, « La ratification du Traité établissant une Constitution pour l'Europe », Courrier hebdomadaire du CRISP, nos 1939-1940,‎ , p. 5-73 (lire en ligne).

Articles connexes

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Liens externes