Claire d'Assise

sainte catholique italienne

Sainte Claire, ou Claire d'Assise, née Chiara Offreduccio di Favarone le à Assise dans une famille de la noblesse et morte dans cette même ville le , est une religieuse italienne. Disciple de saint François d'Assise, elle est la fondatrice de l'ordre des Pauvres Dames (ou ordre des Clarisses). Elle a été déclarée sainte par l'Église catholique romaine le 26 Septembre 1255.

Claire d'Assise
Sainte catholique
Image illustrative de l’article Claire d'Assise
Assise, basilique Sainte-Claire,
détail de la fresque de la vie de la sainte.
Abbesse, fondatrice
Naissance
Assise, duché de Spolète, Saint-Empire romain germanique
Décès  (59 ans)
Assise, États pontificaux
Nationalité Italienne
Ordre religieuxOrdre de Sainte-Claire
Vénéré àBasilique Sainte-Claire
Canonisationle
par Alexandre IV
Fête11 août
Saint patrondivination, maladie ophtalmique, joaillier, linge de maison, doreur, or, beau temps, télévision, village de Santa Clara (Mexique)

Assise

Claire d'Assise est née le selon un codex germanique du XIVe siècle, le 18 juillet selon le frère mineur Mariano da Firenze[1]. Selon la tradition, l'Église fixe sa date de naissance le [2].

Selon les actes de son procès de canonisation, Claire Offreduccio di Favarone est la fille[Note 1] de Favarone di Offreduccio degli Scifi, probablement de la lignée noble des comtes de Coccorano et, selon une tradition qui remonte au XVe siècle, d'Ortolana d'Assise, issue d'une famille noble de Fiume[3].

Vers 1210, Claire assiste dans l’église Saint-Georges à Assise aux prêches de Carême de François Bernardone, le fils d'un bourgeois qui a tout quitté pour réaliser son idéal de vie évangélique[4].

Enthousiasmée par cette prédication, conquise par l'idéal de pauvreté à l'image des évangiles, elle décide de renoncer au monde, après avoir rêvé de sillonner la Méditerranée comme sa mère qui avait fait de nombreux pèlerinages à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle et en Terre sainte. Elle quitte sa famille en cachette le soir du dimanche des Rameaux, le , en compagnie de l'une de ses tantes, pour rejoindre François et ses compagnons à la Portioncule[5].

Ceux-ci lui remettent une tunique de toile grossière, la bure, et lui coupent les cheveux, en signe de renoncement. Selon les mœurs du temps, ne pouvant vivre au milieu d'hommes, la jeune fille se réfugie ensuite au couvent des nonnes bénédictines de San Paolo (Saint-Paul, près de Bastia). Elle doit y faire face aux tentatives violentes de son père et de ses oncles, furieux, qui veulent la ramener chez elle pour arranger un mariage de convenance[6]. Puis François la confie aux bénédictines de Saint-Ange de Panzo sur les contreforts du mont Subasio au sud-est d'Assise. Seize jours plus tard, elle est rejointe par sa sœur cadette, Catherine, qui deviendra Agnès d'Assise malgré l'opposition violente de leur famille[7].

Saint Damien

Eulalie de Barcelone et Claire d'Assise. Retable peint par Pere Serra (1403-1408). Cathédrale de Segorbe.

Fin avril 1212, François installe la communauté naissante près de la Chapelle Saint-Damien d'Assise sous la direction de Claire qui devra accepter en 1214 le titre d’« abbesse » malgré elle, communauté qui est bientôt rejointe par des femmes de la noblesse d'Assise et par sa mère à la mort de son époux, Claire et Ortolane y opérant des miracles de guérison[4]. François confiera aussi une Formula vitæ, règle de vie inspirée de celle des Frères mineurs. Ainsi naît l'ordre des Pauvres Dames, ou Clarisses. En 1216, elle aurait obtenu du pape Innocent III « le privilège de pauvreté », celui d'observer une pauvreté absolue, mais l'authenticité de ce privilège est remise en cause par l'historien Werner Maleczek (de)[8].

Envoyant ses sœurs fonder dans toute l'Europe de nombreux monastères se réclamant de l'esprit de Saint-Damien, la règle de saint François ne peut suffire à maintenir dans l'unité d'une même discipline tous ces monastères dispersés. Aussi le cardinal Hugolin, protecteur de ce second ordre des Franciscains, leur donne en 1219 une règle plus stricte d'obédience bénédictine[9].

On s'est complu à tort à voir entre Claire et François un couple d'amants mystiques, les « Roméo et Juliette de la sainteté »[10].

Après la mort de François (1226), de fortes pressions, tant de la part des cardinaux que de la société civile, visent à faire accepter par la communauté des damianites des possessions foncières. Claire se défendra jusqu’au bout contre ces pressions[11]. Toute sa vie est tendue par son désir de vie pauvre.

Finalement, le , le cardinal Raynald approuve la Règle rédigée vers 1247 par Claire sur la base de celle de François. Le pape Innocent IV visite Claire alors mourante fin juillet 1253. Le 9 août, le souverain pontife approuve la Règle de l’ordre des Pauvres Dames[12].

Deux jours après, le , Claire meurt à l'âge de 59 ans, tenant entre ses mains le texte connu sous le nom de Privilège de pauvreté[Note 2],[13].

Épilogue

Le pape Innocent IV et la Curie romaine viennent assister à ses obsèques. Innocent IV, par la bulle Gloriosus Deus du 18 octobre 1253, commande à l'évêque Barthélemy de Spolète la mission d'instruire son procès de canonisation. Deux années plus tard, le , elle est canonisée(rendue saint) par le pape Alexandre IV en la cathédrale Santa Maria d'Anagni[14].

Presque simultanément commencent les travaux d'une église à Assise, la basilique Sainte-Claire destinée à honorer la sainte. Le , ses restes sont transférés de la chapelle San-Giorgio, lieu de sa conversion, au maître-autel de la nouvelle église. Le , dans le contexte de « recharge sacrale » des pèlerinages cherchant à restaurer les reliques des saints, l'évêque d'Assise décide de faire exhumer son corps, ce qui eut lieu le 23 septembre. Il déclare que ses ossements, reconnus juridiquement, sont conservés entiers malgré l'humidité du caveau. Les Archives épiscopales d'Assise notent l'extrême humidité du squelette et la friabilité des petits os. Puis en 1864, l'abbesse confia les ossements au romain Modesto Scevolo pour consolidation. Il remit ensuite les ossements en place avec moult coton et cire pour reconstituer une forme de corps mis dans un revêtement de filet métallique. En 1986-1987, il y eut un traitement scientifique urgent pour la conservation des restes de sainte Claire qui se détérioraient par la présence du coton retenant l'humidité[15]. Le visage en cire que nous voyons maintenant est la reconstitution scientifique la plus exacte possible d'après le crâne. Les ossements sont rassemblés dans un reliquaire déposé dessous.

Châsse de sainte Claire d'Assise dans sa basilique.

La châsse de Sainte Claire est aujourd'hui visible au couvent sainte Claire de Perpignan.

Elle a été proclamée patronne de la télévision dans le monde par Pie XII le 14 février 1957[16]. Malade depuis près de trente ans, une nuit de Noël, clouée au lit, elle aurait selon la tradition rapportée par son hagiographe Thomas de Celano, vu et entendu la messe chez les frères, donc bien loin de son lieu d'alitement[17]. Elle est depuis la patronne des télécommunications mais aussi des brodeuses car selon la tradition, elle s'accordait occasionnellement un temps de loisir pour broder des tissus liturgiques. Parce qu'elle assurait la propreté et la blancheur de ceux-ci, elle est également la patronne des lavandières, des blanchisseurs et des repasseuses. À cause de son nom et parce qu'elle aurait eu, sur son lit de mort, la vision de ses obsèques, elle est la patronne des aveugles[18].

Représentation artistique

Claire d'Assise est représentée dans la robe de bure franciscaine et la cordelière à trois nœuds. Au XVe siècle, elle porte parfois un manteau rayé de pénitente[19]. Elle a comme attributs une croix surmontée d'un rameau d'olivier (rappel de l'amour de la sainte pour le crucifix), un ostensoir, qui rappelle un épisode relaté dans sa Légende. Lorsque les armées sarrasines de Frédéric II veulent envahir le monastère de San Damiano en 1240 ou 1241, elle se porte au-devant d'eux en leur présentant l'ostensoir contenant le corps du Christ, ce qui les repousse[20]. Elle a aussi parfois une lampe à huile en argile ou une lanterne, métaphore lumineuse de l'ostensoir eucharistique porté par cette patronne des aveugles[21].

Ces représentations de Claire d'Assise se retrouvent souvent en peinture mais aussi sur les sceaux des Clarisses et ce jusqu'au XVIIIe siècle.

Quelques dates

DatesÂge de ClaireÉvénements
1182Naissance de François d'Assise
1194Naissance de Claire
1203-120510/12 ansExil à Pérouse
120613 ansConversion de François
121017 ansRencontre avec François
121219 ansDébut de sa vie religieuse à Saint-Damien et naissance de la communauté
121623 ansClaire obtient du pape le « Privilège de la pauvreté »
122027 ansDépart de sœurs pour Reims 1re fondation en France
122431 ansDébut de la maladie de Claire
122633 ansMort de François
122835 ansVisite du pape

1re communauté en Espagne, 24 en Italie

123441 ansAgnès, fille du roi de Bohême, fonde un monastère à Prague et y entre
123845 ansUn monastère est fondé en Slovaquie
124047 ansLes Sarrasins attaquent Saint-Damien
124249 ansUn monastère est fondé en Moravie
124552 ansUn monastère est fondé en Pologne
125359 ans9 août : visite du pape

Approbation de la règle de Claire par le pape
11 août : mort de Claire

1255Canonisation de Claire

Œuvres

François d'Assise recevant la profession de foi de Claire.
Enluminure (vers 1435).
Sainte Claire vue par Giotto. Fresque, chapelle Bardi, Basilique Santa Croce de Florence.

Claire d'Assise a écrit :

  • Forme de vie que l'on nomme plus couramment la Règle, mot que Claire n'emploie pas ;
  • un Testament ;
  • quatre lettres à sainte Agnès[12] ;
  • une lettre à Ermentrude de Bruges, que l'on soupçonne fortement d'être une compilation par un copiste de deux lettres aujourd'hui perdues ;
  • une bénédiction de Claire à ses sœurs.

Si la liste peut paraître courte, il faut se rappeler que les femmes écrivaient peu à l'époque. On peut également noter un parallèle — limité — avec certains écrits de François d'Assise.

Trois autres textes hagiographiques importants nous font connaître Claire et la vie à Saint-Damien : la Légende (Legenda latina Sanctae Claræ Virginis) attribuée à Thomas de Celano[22] ou à Bonaventure de Bagnoregio, la Vie de Claire (Vita di Santa Chiara) d'un franciscain toscan anonyme du début du XVIe siècle, publiée par le père Lazzeri[23], et surtout les actes du procès en canonisation de Claire[24], qui contiennent les dépositions des sœurs de Claire, qui ont vécu avec elle. Ces textes ont fait l'objet d'une analyse critique[25].

Les « sources clariennes » les plus fiables et les plus importantes[26] sont éditées en 2013[27].

Les témoignages et les lettres sont en quelque sorte l'application pratique de la règle, avant que celle-ci ne fût écrite. La règle est le chemin concret, le mode de vie dont la vie et les lettres dévoilent la source évangélique.

Postérité

Dunkerque a une école catholique située à Malo les Bains, qui porte le nom Sainte Claire d'Assise.

Annecy a des lieux nommés d'après Claire d'Assise : la rue Sainte-Claire, la porte Sainte-Claire, le faubourg Sainte-Claire et la place Sainte-Claire.

À Nice, dans le quartier du Vieux-Nice, on trouve une rue Sainte-Claire.

En 2022, sort le film italien Chiara, réalisé par Susanna Nicchiarelli, inspiré de sa vie.

Notes et références

Notes

Références

Annexes

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

Source primaire

Sources secondaires

  • (en) Claire d'Assise, Catholic Encyclopedia, .
  • (it) M.P. Alberzoni, Chiara e il papato, Milan, Biblioteca francescana, 1992.
  • Marco Bartoli, Claire d'Assise, Paris, Fayard, (présentation en ligne)
  • (de) W. Maleczek, Klara von Assisi. Das « Privilegium Paupertatis » und das Testament, Rome, Istituto storico dei Cappucini, 1995.
  • Jacques Dalarun, « François et Claire. Masculin/Féminin dans l'Assise du XIIIe siècle », Médiévales, vol. Voix et signes. Nouvelles musiques du XIIIe au XVe siècle, sous la direction de Olivier Mattéoni, no 32,‎ , p. 83-95. (lire en ligne). 
  • Jacques Paul, « Sainte Claire et les Clarisses », Revue d'histoire de l'Église de France, t. 83, Livres et culture du clergé à l'époque moderne, no 210,‎ , p. 227-231. (lire en ligne)

Émission de webtv

Liens externes

🔥 Top keywords: Wikipédia:Accueil principalListe de sondages sur les élections législatives françaises de 2024Spécial:RechercheJordan BardellaChampionnat d'Europe de football 2024N'Golo KantéJodie DevosKylian MbappéÉlections législatives françaises de 2024Marcus ThuramLe Jardin des Finzi-Contini (film)Maria Schneider (actrice)Cookie (informatique)Championnat d'Europe de footballNouveau Front populaireKevin DansoAntoine GriezmannÉric CiottiChampionnat d'Europe de football 2020Dominique SandaMike MaignanWilliam SalibaLionel JospinÉlections législatives de 2024 dans l'EssonneFront populaire (France)Françoise HardyÉlections législatives de 2024 à ParisRassemblement nationalJean-Luc MélenchonFichier:Cleopatra poster.jpgOlivier GiroudSébastien ChenuDidier DeschampsLa Chronique des BridgertonÉlections législatives de 2024 dans les YvelinesLilian ThuramListe de partis politiques en FranceAnne SinclairGabriel Attal