Les hypothèses linguistiques placent l’émergence du nom et de la localité dans le contexte des attaques des Tatars contre la principauté de Moldavie, alors alliée de la Hongrie. En 1436, sur le flanc (ou côté) sud de la grand-route qui longe la rive droite de la rivière Bîc, menant du Khanat de Crimée (et avant, de la Horde d'or) vers le cœur de la principauté, le prince Iliaș posta un fortin de soldats Sicules (Magyars de Transylvanie) pour faire face aux attaques venues de l’Est. Les fondations de ce fortin supportent l’actuelle église de Mazarache. Dans les langues oghoures, « flanc » ou « côté » se dit yänäk[3] et le nom sicule Kis-Jenő (/ˈkiʃ.jɛ.nøː/, Chișinău en moldave[4]) signifierait donc « le petit flanc ».
Durant la période communiste, l’étymologie qui a été proposée par les philologuessoviétiques combinait le tatarkychla (« hivernage ») au moldavenouă (« nouvelle »)[5] mais cette thèse a été abandonnée depuis. Une autre étymologie, proposée par le philologue roumain Iorgu Iordan, partait des mots magyarsKis-Jenő interprétés par lui comme signifiant « petite-source » ou « petit-Eugène ».
En violet le plateau moldave, soubassement de Chișinău.
La ville est située dans la partie centrale du plateau moldave, structure géologique de l’Europe du Sud-Est dont le socle est constitué de boucliers de granit et de gneiss protérozoïques et paléozoïques (boucliers pannonien, moesien et moldave) d'une profondeur d’env. 1 150 m en dessous du niveau de la mer. La partie supérieure de la stratigraphie de cette structure est représentée par des roches sédimentaires du Silurien précoce, Dévonien, Mésozoïque (avec localement des hiatus (de)), Paléogène et Néogène. L’érosion récente entaille l’argile, le lœss, les sables et calcaires lacustres du Cénozoïque supérieur. Du nord au sud, la ville est traversée par une couche de récifs marins tropicaux développés au Sarmatien (équivalent local du Miocènemoyen et supérieur). Des couches d'argile, lœss et de sable sont présentes dans toute la ville, à une profondeur de 2 à 30 m. Sur les pentes de la vallée de la rivière Bîc se trouvent des terrasses alluviales d’une largeur allant jusqu’à 1,3 m. Des perturbations tectoniques mineures (glissements de terrain à la suite de la déglaciation post-würmienne ou à des séismes) ont été enregistrées au nord-ouest de la ville.
Sur le territoire de Chișinău et de ses environs se trouvent de nombreux gisements de matières premières utilisées pour la construction : de la chaux, du calcaire, de la pierre brute, de l'argile, du sable, du gravier. Cinq carrières de pierre et de chaux sont exploités : Mileștii Mici, Chișinău, Făurești, Goian, Cărămida. Les tuiles sont fabriquées à partir de matières premières extraites des carrières de Bubuieci et Mileștii Mici et à partir de sable, de galets et de gravier extraits à Cobușca et Vadul-lui-Vodă.
De même, dans la ville sont exploitées d’autres ressources qui sont utilisées dans la production de semi-conducteurs, l’industrie de la microélectronique. L’exploitation des gisements de ces mines est effectuée par la société Mezon (orthographe phonétique du français « maison »).
Les réserves d’eau souterraine de la municipalité de Chișinău permettent l’approvisionnement partiel de l’eau potable dans la ville. Sur la quantité totale d’eau utilisée, 20 % provient des eaux phréatiques situées dans les couches du Sarmatien. Ce sont des eaux minérales utilisables pour le traitement des maladies gastro-intestinales.
Dans la banlieue, les réservoirs d’eau de la ville ont été creusés dans les villes de Ghidighici et Ialoveni, au milieu de bases de loisirs.
Au début des années 1950, dans la vallée des Moulins (Valea Morilor) au sud-ouest de Chișinău a été créé un lac de barrage baptisé Komsomol (aujourd’hui Valea Morilor) d’une superficie est de 34 hectares. Autour, une allée circulaire de 2,5 km du parc de Valea Morilor fait le tour du lac, sur lequel les Chisinéens font du canotage et de la voile.
La partie centrale du parc de la vallée des Roses (Valea Trandafirilor), parc situé à Botanica, est aussi décorée de lacs et d’une cascade. L’étendue d’eau est de 9 hectares.
Le parc Izvor s’étend sur 150 hectares : créé en 1972, il est également composé de cascades et d’étangs.
En tout, il y a 23 lacs répartis autour du centre-ville, offrant à Chișinău des espaces de loisir et de détente.
Le climat de Chișinău est tempérécontinental, la ville est située dans la zone « Dfb ». En hiver la température moyenne descend jusqu’à −2,5 °C en janvier et l’été elle grimpe jusqu’à 20,8 °C en juillet. La neige recouvre le sol en moyenne 63 jours par an. L’été est la saison qui reçoit le plus de précipitations, sous forme d’orages principalement.
Température record la plus froide : −28,9 °C (février 1954)
Température record la plus chaude : 39,4 °C (juillet 1907)
Nombre moyen de jours avec de la neige dans l'année : 53
Nombre moyen de jours de pluie dans l'année : 128
Nombre moyen de jours avec de l'orage dans l'année : 33
Nombre moyen de jours avec tempête de neige dans l'année : 3
Normales et records pour la période 1991-2020 à Chișinău
L’agglomération possède un réseau de bus et de trolleys, avec une vingtaine de lignes. Le transport urbain est en outre assuré par des taxis collectifs suivant des trajets précis mais s’arrêtant à la demande.
L’autoroute M14, qui relie les villes ukrainiennes d’Odessa au sud-est, à Cernăuți au nord-ouest, traverse la Moldavie et passe au nord-est de Chișinău[9].
Aéroport international de Chișinău
Chișinău possède un aéroport international d’une capacité de 1 200 000 passagers par an, dont le code IATA est KIV[10]. L’aéroport comporte une piste de 3 kilomètres.
La Moldavie au XVe siècle, par Georg Reychersdorffer.
Il est probable que l’histoire de la ville commence avant cette époque mais elle ne se distinguait pas encore des villages alentour. Un certain nombre de documents datant de XVIe et XVIIe siècles présentent le bourg, orthographié Кішіɴъȣ, Kischenau, Kiszinou ou Chiscinao, comme un simple marché sans rôle politique. Dans les anciennes cartes de la principauté de Moldavie, comme sur la carte de Reychersdorffer de 1541 ou celle Iacobo Castaldo en 1584, Chișinău n’apparaît pas, alors que figurent des villes comme Orhei, Tighina (Teghenaccio), Lăpușna (ro), Soroca ou Hotin. Toutefois, le bourg prend de l’importance au fil des siècles car les différends fonciers portant sur des sources, des moulins à vent ou à eau, initialement arbitrés par les magistrats moldaves de Lăpușna (ro), capitale du Ținut (comté moldave) dont dépendait Chișinău, le sont ensuite par les princes de Moldavie eux-mêmes, et finalement par l’Assemblée moldave (Sfatul domnesc) : ainsi, le prince de Moldavie Vasile Lupu envoie, le , les principaux magistrats de Lăpușna « au village de Chișinău pour y faire justice ». L’extension du bourg au-delà de ses premières limites provoque les plaintes des villageois voisins[11].
Chișinău, présentée par les voyageurs comme une ville médiévale à l’aspect rural, a brûlé en 1739, 1788, 1789 et 1793, au point qu’une partie de la population a été contrainte de migrer à Buiucani. Malgré les incendies, les rues irrégulières et les logis dispersés, malgré les guerres russo-turques, malgré les rivalités voisines, la ville continue de se développer et englobe les villages alentour.
Le traité de Bucarest de 1812 scelle la partition de la Moldavie (toujours d’actualité au début du XXIe siècle) et l’annexion de sa moitié orientale par l’Empire russe qui en fait son gouvernement de Bessarabie, dont Chișinău devient la capitale sous le nom russifié de Kichinev (en russe : Кишинёв, également transcrit Kichiniov). En fait, pour donner une capitale impériale à leur nouvelle province (dirigée au début de manière autonome et selon le droit moldave par le hospodar Scarlat Sturdza (ro)), les autorités russes adjoignent cinq villages voisins au bourg de Chișinău (initialement situé autour de la butte où s’élève l’église Măzărache) : Buiucani-Vovinţeni fusionnés, Hrușca, Visterniceni, et ultérieurement Râșcani et Muncești. Ce regroupement en une seule municipalité s’accompagne de la construction, sur le plateau au-dessus du vieux bourg moldave, d’une ville nouvelle en damier peuplée de colons venus de tout l’Empire russe : russes bien sûr (surtout fonctionnaires et militaires), mais aussi ukrainiens (ouvriers, jardiniers), juifs (commerçants, artisans), arméniens (idem), allemands (charpentiers, menuisiers, maçons…) ou polonais (idem)[12].
En 1834, est établi un plan hippodamien pour la nouvelle ville, aux rues se coupant à angle droit. L’un des principaux architectes de la seconde moitié du XIXe siècle est Alessandro Bernardazzi (Alexandru Bernardați en moldave, Александр Осипович Бернардаций en russe), d’origine tessinoise mais né en Russie, auteur entre autres de l’Hôtel de ville de Chișinău).
Vue de Chișinău en 1889.Cinq des 49 victimes du pogrom de 1903
C’est alors et depuis lors la plus grande ville moldave, avec 752 000 habitants en 2002 et 469 000 habitants en 2014, et un important centre industriel et tertiaire (commerces, services).
Cette liste est donnée à titre indicatif en raison de la variabilité des translittérations des noms et du fait que certains maires ont effectué plusieurs mandats en alternance les uns avec les autres. Il n’y a eu de maires élus que dans les périodes 1917-1928 et depuis 1991 ; en dehors de ces périodes, ils étaient nommés soit par le gouvernement impérial russe, soit par le gouvernement roumain. En Union soviétique, la fonction de maire n’existait pas avant 1986 et l’administration de la ville était assurée par les secrétaires généraux des échelons locaux du PCUS.
* Depuis l’indépendance de la Moldavie, il y a débat autour de l'identité moldave. ** Ces pourcentages concernent les 469 402 citoyens examinés lors du recensement de 2014 qui ont répondu à la question sur leur origine ethnique. On estime que 193 434 habitants supplémentaires de la municipalité de Chișinău n'ont pas été étudiés.
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Il existait entre les deux guerres mondiales à Chișinău ; un lycée français général Berthelot, une faculté de lettres et philologie et un séminaire orthodoxe, mais l'université d'État de Moldavie (en roumain : Universitatea de Stat din Moldova) a été ouverte en 1946 et dispense aujourd’hui treize cours.
La commune voit également la création d' un club de rugby à XIII en 2020 pour disputer l'Euro XIII, une coupe d'Europe inter clubs : Les Scorpions de Chisinau[30].
La Journée nationale du vin et le Festival du vin de Moldavie ont lieu chaque année le premier week-end d'octobre, à Chișinău. Les événements célèbrent la récolte d'automne et reconnaissent la longue histoire viticole du pays, qui remonte à environ 500 ans[réf. nécessaire].
Chisinau accueille chaque année le festival d'opéra et de ballet "Invită Maria Biesu". La première édition a été organisée en 1990 sous les auspices de la chanteuse d'opéra moldave Maria Bieșu. Chaque année, les meilleurs chanteurs d'opéra et solistes de ballet de Roumanie, de Russie, d'Ukraine, de Bulgarie, d'Italie, de France, d'Autriche, des États-Unis et d'autres pays viennent à Chisinau pour participer à ce festival[réf. nécessaire].
Les bâtiments les plus anciens de Chisinau sont l'Église de Mazarache (1752), l'Église de Constantin et Hélène (1777), l'Église Arménienne (1803), l'Église de l'Annonciation (1807-1810) et l'Église du Saint-Haralambie (1812).
Après l'annexion de la Bessarabie par la Russie en 1812, le centre de la ville est dessiné en 1817, de nouvelles rues et de nouveaux quartiers sont prévus.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, des bâtiments éducatifs et administratifs ont été construits et des éléments d'architecture néo-byzantine, néoromane et néogothique, ainsi que d'architecture moldave, ont été utilisés. Il existe même un bâtiment à l'architecture persane : c'est le Muséum[31]. La plupart des maisons étaient encore à un étage. En 1862, le pavage des rues a commencé. D'autres monuments sont :
(en) Katrin Klingan et Ines Kappert, Leap into the city : Chișinău, Sofia, Pristina, Sarajevo, Warsaw, Zagreb, Ljubljana : cultural positions, political conditions : seven scenes from Europe, Cologne, DuMont Literatur und Kunst Verlag, , 597 p.