Charles de France (1446-1472)

fils de Charles VII, roi de France; frère de Louis XI

Charles de France, né le à Tours et mort le à Bordeaux, plus jeune fils du roi de France Charles VII, est duc de Berry de 1461 à 1466[1], duc de Normandie de 1465 à 1466 et duc de Guyenne de 1469 à 1472[2].

Charles de France
Description de cette image, également commentée ci-après

Titres

Duc de Guyenne


(2 ans, 8 mois et 6 jours)

PrédécesseurLouis de Guyenne (indirectement)
SuccesseurXavier de France (indirectement)

Duc de Normandie


(3 ans, 11 mois et 13 jours)

PrédécesseurCharles V (indirectement)
SuccesseurLouis de France (indirectement)

Duc de Berry


(4 ans, 2 mois et 13 jours)

PrédécesseurCharles VII (indirectement)
SuccesseurJeanne de France (indirectement)
Biographie
DynastieMaison capétienne de Valois
DistinctionsOrdre de Saint-Michel
Naissance
Tours
Décès (à 25 ans)
Bordeaux
PèreCharles VII
MèreMarie d'Anjou

Description de l'image Blason Charles de France (1446-1472) duc de Guyenne.svg.

Frère du roi de France Louis XI, son aîné de 23 ans, il ne cesse de comploter contre lui dès son avènement (), participant notamment à la guerre du Bien public (1465) aux côtés de Charles le Téméraire, héritier présomptif du duc de Bourgogne Philippe le Bon (1396-1467).

Biographie

Famille et titres

Il est le dernier enfant et le quatrième fils de Charles VII et de Marie d'Anjou. Il naît sept ans avant la fin de la guerre de Cent Ans, marquée par la prise de Bordeaux, capitale du duché d'Aquitaine, détenu depuis 1154 par les rois d'Angleterre.

Il est fait duc de Berry en 1461, de Normandie en 1465 et de Guyenne en 1469.

Il a une maîtresse Nicole de Chambes-Montsoreau, dite aussi Colette de Chambes[réf. nécessaire], est la fille de Jean II de Chambes, constructeur du château de Montsoreau et conseiller des rois Charles VII et Louis XI, mariée à Louis d'Amboise, vicomte de Thouars[3], qui meurt en 1469.

On suppose qu'elle lui a transmis la maladie qui pourrait être la cause de leur décès, respectivement en 1471 et 1472[4].

Duc de Berry (1461-1466)

Action dans le duché

En 1463, il obtient de son frère la création de l'université de Bourges.

La guerre du Bien public (1465) et ses conséquences

Le , il prend la tête de la Ligue du Bien public.

Par les traités de Conflans () et de Saint-Maur (), signés entre Charles le Téméraire, les princes féodaux et Louis XI, celui-ci restitue au duc de Bourgogne les villes de la Somme, rachetées en 1463 et cède le riche duché de Normandie en apanage à Charles[5], qui est le dernier duc de Normandie.

Duc de Normandie (1465-1466)

En 1466, Charles, aux prises avec les Bretons qui refusent de le laisser maître en sa province de Normandie, ne parvient pas à gouverner[pas clair].

Dès , les armées royales reprennent le duché, qui revient à la Couronne, tandis que Charles fuit en Bretagne, après s'être réconcilié avec François II, duc de Bretagne.

Le traité d'Ancenis est signé le entre Louis XI, Charles et le duc de Bretagne François II. Les deux vassaux du roi s'engagent à ne plus s'associer avec Charles le Téméraire et il est convenu que Louis XI accordera un nouvel apanage à Charles.

Le traité de Péronne (1468) et ses suites

  • au  : Entrevue de Péronne, au cours de laquelle Charles le Téméraire a l'occasion de s'emparer de son « royal cousin » et de le tenir prisonnier, mais préfère signer un traité avantageux avec lui qui notamment donne en apanage à Charles de France le comté de Champagne et de Brie (en remplacement de la Normandie). Mais Louis XI craint que l'attribution de ce comté à son frère influençable ne permette au Téméraire de « faire le pont » entre les Bourgognes et les Pays-Bas bourguignons, ce qui amènerait à une unité géographique de fait de l'État bourguignon. Il trouvera moyen de donner plutôt la Guyenne à son frère cadet.
  •  : Nommé, lors de sa création, premier chevalier de l'Ordre de Saint-Michel où chaque membre doit jurer de défendre par tous ses pouvoirs l'autorité du souverain et les droits de la couronne[6].
  • [7] : Réconciliation, il quitte la Bretagne, après avoir accepté, en , le duché de Guyenne au lieu du comté de Champagne.

Louis XI lui propose une entrevue sur la frontière de Guyenne, à Port-Braud, actuellement Puyravault (Vendée) [8]. Le lendemain, ils s'installent à Coulonges-les-Réaux (Coulonges-sur-l'Autize), en effectuant une grande chasse. Enfin, le , le traité de réconciliation se signa[9]. Le duc gagne quelques terres supplémentaires.

  •  : Noël avec son frère, il arrive à Amboise et à Montilz-lèz-Tours, nouveau château en travaux, afin de fêter Noël avec Louis XI ainsi que la reine Charlotte de Savoie[10]. Le , ils restaient encore à Montilz-lèz-Tours : "…Au surplus, mon frere le duc de Guienne est ycy, et ferons bonne chere et nous en yrons a Amboise…" [11]

Projets de mariage (1469-1471)

Deux projets de mariage ont lieu dans les années 1469-1471, avec Jeanne de Castille et avec Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire.

En 1469, le roi Henri IV de Castille propose à Louis XI de marier sa fille, la princesse héritière Jeanne de Castille à Charles, plutôt qu'Isabelle Ire de Castille, préférée par Louis mais déjà mariée.

En 1471, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire annonce qu'il souhaite que Charles de France épouse sa fille Marie de Bourgogne. Ce projet initialement conçu par son père, feu Philippe le Bon, aurait permis d'affaiblir le roi et le royaume de France. Il aurait entouré la France sur une part de ses frontières d'un duché indépendant et puissant[12].

Charles de France ayant juré la paix avec le roi de France sur la vraie croix de Saint-Laud d'Angers à la Rochelle le [13], une relique importante, il envoie Jean de Batut et Jourdains Faure, l'évêque de Montauban et l'abbé de Saint-Jean-d'Angély[14],[15], auprès du Pape à Rome pour savoir sous quelles conditions il peut se défaire de ce serment[16].

Louis XI et l'évêque d'Angers envoient de leur côté un chapelain au Pape Paul II, pour que celui-ci n'accorde pas la dispense nécessaire à ce mariage en raison des liens de parenté entre les deux époux. Paul II décède le . Le nouveau pape Sixte IV déclare le mariage impossible en raison d'une consanguinité, et menace ceux-ci d'excommunication s'ils poursuivent leur projet d'union[17].

Le , la naissance d'un dauphin (futur Charles VIII), en donnant enfin à Louis XI un héritier, atténue sensiblement les craintes inspirées par son frère. Pour empêcher le mariage bourguignon souhaité par son frère, Louis XI va jusqu’à demander pour son fils (âgé d'un an), la main de Marie de Bourgogne (1457-1482) en contrepartie d'une restitution d'Amiens et de Saint-Quentin.

Duc de Guyenne (1469-1472)

Le duché d'Aquitaine, reconquis et confisqué au roi d'Angleterre, entre dans le domaine royal en 1453. En 1469, Charles reçoit en apanage le duché de Guyenne. Mais à cette date, les rois d'Angleterre n'ont pas signé de paix avec la France, les deux royaumes sont toujours en état de guerre.

Le , Charles adhère à l'alliance contre Édouard IV, organisée par Louis XI et jure fidélité pour Warwick lors des fiançailles entre le prince Galles Édouard et Anne Neville, dans la cathédrale d'Angers[18]. Le duc arrive de nouveau à Amboise afin de célébrer leur mariage en décembre[19].

La maladie et la mort (1471-1472)

Le , Louis XI est informé de la maladie du duc : « Monseigneur de Maille est aujourd'uy arrive, qui a laisse monseigneur de Guienne a Sainct Sever malade de fievres cartes, … »[20]

Le [21], Charles de France meurt à Bordeaux.

Une source du milieu du XIXe siècle[22], se fondant sur différentes sources primaires, indique que Charles le Téméraire, alors en guerre contre Louis XI, aurait lancé la rumeur selon laquelle Charles de France avait été empoisonné sur ordre du roi.

Comme il disparaît sans postérité, la Guyenne est facilement réintégrée au domaine royal.

Armoiries

Blasonnement :
D'azur, à trois fleurs de lys d'or, à la bordure engrelée de gueules.
Commentaires : De 1461 à 1465 : Blason de Charles de France, duc de Berry.
Blasonnement :
Écartelé : 1 et 4, d'azur, à trois fleurs de lys d'or, à la bordure engrelée de gueules (Berry); 2 et 3, de gueules, à deux léopards d'or (Normandie).
Commentaires : De 1465 à 1469 : Blason de Charles de France, duc de Normandie.
Blasonnement :
Écartelé : 1 et 4, d'azur, à trois fleurs de lys d'or, à la bordure engrelée de gueules (Berry); 2 et 3, de gueules, au léopard d'or (Guyenne)
Commentaires : De 1469 à sa mort : Blason de Charles de France, duc de Guyenne.

Ascendance

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes