Approche écosystémique
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L'approche écosystémique ou approche par écosystème est une méthode de gestion où les terres, l'eau et les ressources vivantes sont intégrées pour favoriser la conservation et l'utilisation durable et soutenable des ressources naturelles, afin de respecter les interactions dans les écosystèmes dont l'être humain dépend[1]. En résumé, toutes les parties d'un écosystème sont liées, il faut donc tenir compte de chacune d'entre elles.
À Nagoya en , lors de la Conférence des nations unies sur la diversité biologique réunie en Sommet mondial (réunion qui était aussi la dixième Convention sur la diversité biologique des Nations unies), une « approche écosystémique coordonnée » a été présentée et promue comme un outil transversal et nécessaire. Ce processus de généralisation de l'approche écosystémique a pris la forme d'expositions, de conférences et d'ateliers de travail : sur le rôle des aires protégées, les communautés autochtones et locales, l'eau, l'économie des services écosystémiques et de la biodiversité, les changements climatiques, la perte de la biodiversité, la désertification et l'érosion et la dégradation des terres, ainsi que le financement des moyens d'action.
Cette approche est surtout utilisée en gestion des forêts[2], des pêches[3],[4], en gestion agricole[5] et en recherche environnementale[6].
Lors de la 5e rencontre des Parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB), en 2000, 12 principes de gestion ont été adoptés afin d'assurer une approche qui respecte l'esprit de l'approche écosystémique[7]. Ces 12 principes développés lors de la réunion d'expert au Malawi qui a eu lieu en 1998, sont communément appelés les « Principes de Malawi »[8].Ceux-ci sont définis sur le site de la Convention sur la diversité biologique comme suit :
En 1980 à Canberra en Australie se tient la Convention sur la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR). Cet accord sera adopté en 1982[9], officialisant ainsi le premier accord International à se fonder sur une approche écosystémique des pêches[10].
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a adopté le le Code de conduite FAO pour une pêche responsable « en vue d'assurer effectivement la conservation, la gestion et le développement des ressources bioaquatiques, dans le respect des écosystèmes et de la biodiversité. »[11] Ce code de conduite servira de base pour la gestion des pêches fondée sur les écosystèmes (EBFM) ou (EBM)[12] aussi souvent référé en français par approche écosystémique pour la gestion des pêches (AEP)[13]
La gestion des pêches fondée sur les écosystèmes (EBFM) ou (EBM), telle que promue par la FAO et l'Europe[14],[15] est une approche qui intègre les principes de gestion de l'approche écosystémique, mais en considérant les frontières écologiques et non seulement politiques. Elle tient aussi compte de la réponse des écosystèmes face aux perturbations environnementales. De plus, l'une de ses principales considérations est de conserver l'intégrité de l'écosystème maritime et côtier, afin d'assurer sa pérennité, dont dépend l'être humain[16].
L'approche traditionnelle pour la pêche, principalement fondé sur le rendement équilibré maximal qui tend, en priorisant la maximisation de la rentabilité des espèces, à la surpêche[17], propose de surveiller presque uniquement les réserves de chaque espèce commercialisable en tant que réserves indépendantes[18]. Cependant les espèces sont interdépendantes entre elles et avec l'ensemble de leur écosystème. Ne pas en tenir compte aggrave les impacts déjà important de la surpêche sur la partie de la sécurité alimentaire et de l'économie dépendante des activités de pêches dans le monde[19].
En Europe, 9 types d'habitats prioritaires au regard de Natura 2000 doivent ainsi être pris en compte et protégés, dont dans l'intérêt de la pêche durable (bancs de sable subtidaux ; estuaires; replats sableux et boueux intertidaux ; lagunes côtières ; grandes criques et baies d’eaux peu profondes ; récifs ; herbiers de posidonies ; structures sous-marines constituées par des flux de gaz ; grottes marines submergées ou partiellement submergée[15]).
L'approche écosystémique appliqué à la foresterie tient compte de la diversité des espèces végétale et animale d'une forêt, des communautés dépendantes des ressources forestières ainsi que des désastre naturels (surtout les feux et les inondations) qui sont assez fréquent pour être considéré comme faisant partie de l'écosystème d'une forêt.
Dans la nouvelle politique d'aménagement des forêts oubliques, le gouvernement du Québec a ainsi défini l'aménagement écosystémique: un aménagement qui consiste à assurer le maintien de la biodiversité et la viabilité des écosystèmes en diminuant les écarts entre la forêt aménagée et la forêt naturelle[20].
En plus des contraintes économiques et légales, elle peut aussi tenir compte de l'âge des arbres d'une forêt par rapport à la vitesse et la méthode de coupe[21].
Il existe déjà quelques gestions écosystémiques de l'agriculture, à l'image de la culture de la spiruline (méthanisation et production d'énergie).
Plusieurs approches écosystémiques de la santé ont émergé selon différents champs d’expertise, ayant en commun les relations entre la santé des humains, des animaux et des écosystèmes.
L'approche écosystémique de la santé humaine, dans laquelle s'intègre la médecine sociale, touche les impacts des activités humaines ou des transformations naturelles de l'environnement sur leur écosystème et les répercussions qui s'ensuivent sur leur santé[22].
Les recherches notables dans le domaine touchent principalement les contaminant et le processus de leur consommation dans l'alimentation humaine; la gestion des ressources naturelles et la protection des écosystèmes; l'habitat humain; ainsi que les pesticides en agriculture. Plusieurs sujets touchant ces grandes catégories ont été abordés lors du Forum international sur les approches écosystèmes et santé humaine qui s'est tenu à Montréal du 18 au [23].
L'approche de la santé environnementale au travail se penche sur les impacts sur la santé des risques environnementaux et au travail[24].
L’initiative One health « Une seule santé » étudie les liens entre la santé animale et humaine, notamment pour prévenir les zoonoses et les maladies infectieuses[25].
En santé publique, les déterminants écologiques de la santé sont des facteurs en lien avec les écosystèmes qui influencent la santé des humains[26].
L’approche Écohealth « Écosanté » reconnaît l’interdépendance de la santé humaine, de la santé animale et de la santé des écosystèmes, en se guidant par 5 principes selon Charron (2011) : la transdisciplinarité, la pensée systémique, la recherche participative, la durabilité, l’équité sociale et de genre et le passage de la connaissance à l’action[27].
Des chevauchements existent entre ces approches, surtout l’importance de la complexité des systèmes et des interrelations entre la santé des humains, des animaux et des écosystèmes[28]. Un appel à la convergence des différentes approches permettrait une meilleure collaboration en recherche, mais nécessiterait un travail sur les différences épistémologiques et théoriques[29].