Abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains

abbaye bénédictine

L'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains[1] à Troyes, est une abbaye fondée au VIIe siècle. Reconstruite au XIIe siècle puis au XVIIIe siècle, elle est désaffectée sous la Révolution française puis devient l'hôtel de préfecture de l'Aube au XIXe siècle.

Abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains
Anonyme, L'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains vers 1640.
Anonyme, L'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains vers 1640.

OrdreChanoinesses puis bénédictines
FondationVIIe siècle ; XIIe siècle
Fermeture1790
Diocèsediocèse de Troyes
Fondateursaint Leuçon
Personnes liées27 en 1790
Style(s) dominant(s)classique
ProtectionLogo monument historique Inscrit MH (1988)
Localisation
PaysDrapeau de la France France
Région historiqueChampagne
départementAube
CommuneTroyes
Coordonnées 48° 17′ 52″ nord, 4° 04′ 42″ est
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Abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains

Historique

Haut Moyen Âge, monastère primitif

À cet emplacement existait avant l'installation du christianisme un temple païen avec des vestales chargées d'entretenir le feu sacré. Puis à partir du IIIe siècle, à la suite des prédications de saint Savinien, s'établit là un collège de femmes dirigé par une princesse de sang royal.

Saint Leuçon (651-656), évêque de Troyes, fonde au VIIe siècle à Troyes un monastère destiné aux chanoinesses, où il fut inhumé[2]. Ce monastère devient la plus importante communauté religieuse féminine du diocèse de Troyes[3].

Henri Ier de Champagne, dit le Libéral (1127-1187), prit également l'abbaye sous sa protection et la combla de biens[réf. nécessaire].

Second monastère, abbaye bénédictine

Un grand incendie détruit une partie de la ville et les bâtiments de l'abbaye le , pendant la foire de Troyes ; plusieurs religieuses meurent dans l'incendie. Le monastère est alors reconstruit par Henri II de Champagne (1166-1197) comte palatin de Champagne (1181-1197), et fait l'objet de plusieurs campagnes de travaux d'élévation et d'agrandissement, en pierre de taille (craie) ou en torchis[3]. Avant 1246, des bénédictines s'y installent.

Les travaux de la construction de la basilique Saint-Urbain de Troyes sont interrompus pendant plusieurs années, entre 1266 et 1269, par l'obstruction d'Ode de Pougy, abbesse de l'abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains à Troyes, qui refusait la construction sur son fief d'une église dépendant directement du Saint-Siège : elle envoie même des hommes d'armes pour dévaster le chantier, ce qui conduit à son excommunication par Clément V. Les religieuses se soumettent seulement en 1283.

Le roi Jean II le Bon ratifie en 1361 les donations du comte Henri II de Champagne. Puis vient le temps des désordres au sein de l'abbaye (en 1448, une religieuse y devient mère).

En 1518, ce monastère est élevé au rang d'abbaye bénédictine[2], puis sera réformé à nouveau en 1542 par Claude de Choiseul qui institue une clôture plus étroite et fait poser des grilles aux parloirs et à l'église.

Le , pendant une procession en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, en passant devant l'abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, Marguerite Bourgeoys regarde une sculpture de la Sainte Vierge située au-dessus du portail et y reçoit une grâce qui va bouleverser son existence[4]. C'est ainsi qu'elle raconte cette expérience profonde : « On repassa », écrit-elle, « devant le portail [de l’abbaye] Notre-Dame ou il y a au-dessus de la porte une image de pierre [de la Vierge] et en jetant la vue pour la regarder je la trouvay très belle et en même temps je me trouvai si touchée et si changée que je ne me connoissest plus et retournant à la maison cela paroissoit à tous et comme jetes for legère jetes la bien venue avec les autres filles. Elle désigne ce moment comme celui de sa “conversion” »[5].

L'abbaye devenue vétuste est partiellement rénovée à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, de façon insuffisante[3]. Une partie des dettes contractées par les religieuses furent réglées en 1721 par le duc d'Orléans, régent du Royaume de France.

Aide de Louis XV

En 1724, l'abbesse de la Chaussée d'Eu d'Arrêt fait état de la faiblesse des revenus de l'abbaye au roi Louis XV qui daigne accorder sa protection et son aide en unissant le Prieuré Saint-Geôme de l'Ordre de Saint-Augustin à l'abbaye.

Reconstruction sous Louis XVI

Le projet de 1778 (exécuté en partie), dessin par la marquise de Montmorin.

L'abbesse Françoise-Lucie de Montmorin obtient de Louis XVI le financement nécessaire à la rénovation complète, et fait appel à l'architecte Alexandre Louis Étable de La Brière[3].

La première pierre est posée en grande cérémonie le par la marquise de Montmorin au nom de Madame Victoire, tante du roi[3]. Pour cette cérémonie, l'abbesse accompagne Marie-Thérèse de Savoie comtesse d'Artois, belle-sœur du roi. Mais les crédits ne suffisent pas et les travaux sont interrompus en 1781. Seul le bâtiment nord est terminé. Celui sur la place est inachevé, et les ailes sont réduites. Une partie du monastère médiéval subsiste, qui ne sera détruite que sous Louis-Philippe[3].

Révolution, fermeture de l'abbaye

L'hôtel de préfecture en 2015, avec le bâtiment principal des XVIIIe – XIXe siècles au fond à droite.

Sous la Révolution française, l'abbaye est fermée en 1790[2]. Il y avait encore vingt-sept religieuses présentes[3]. Confisquée en 1792, l'abbaye est décrétée bien national et soumise aux enchères en septembre. Le mobilier liturgique et conventuel trouve des acquéreurs, l'église abbatiale est démolie. Les autres bâtiments sont invendus et restent propriété de l'État. Ils servent d'entrepôt, de gîte, de musée, de bibliothèque, de dépôt d'archives[2],[3].

Les services départementaux s'y installent en 1794, au prix d'un loyer annuel de 1113 francs versé par le département à l'État. C'est maintenant l'hôtel de préfecture de l'Aube, réaménagé en 1838. Endommagé par un incendie en 1892, il est réhabilité à la fin du XIXe siècle par l'architecte départemental Drouard[3].

Divers aménagements et agrandissements interviennent au XXe siècle[3]. L'édifice est inscrit aux monuments historiques en 1988[6].

Architecture

Les églises

Cette abbaye possédait deux églises juxtaposées :

  • l'église Saint-Jacques, dite au-beau-portail, d'une longueur de 72 mètres, elle s'étendait jusqu'au ru Cordé qui coulait là avant la réalisation du canal. Elle possédait un double chœur dont l'un servait aux religieuses et l'autre aux paroissiens ;
  • l'église Notre-Dame.

Toutes deux ont été détruites ainsi que le cimetière avoisinant, elles occupaient l'emplacement actuel de la place de la Libération. Le père du pape Urbain IV est inhumé dans l'église, en conséquence de quoi le pape accorde des indulgences à l'abbaye[7].

Le cimetière

Il se trouvait près des églises sur l'actuelle place de la Libération. Les paroissiens ne possèdent qu'une partie du cimetière et doivent payer des droits à l'abbesse.

Abbesses

  1. Ile (Obit ).
  2. Risondis (Obit ).
  3. Frideburge (Obit ).
  4. Nicole (Obit ).
  5. Cécile (Obit ).
  6. Lethuide (Obit ).
  7. Marthe (Obit ).
  8. Sibille (Obit )[8].
  9. Ledendis.
  10. Adélaïde[9].
  11. Gertrude 1135[10].
  12. B. 1182.
  13. Gertrude II (1183-1205).
  14. Adélaïde II de Vendeuvre (1211-1231), fille de Laurent, seigneur de Vendeuvre, et de la vicomtesse de Sens.
  15. Adélaïde III de Villehardouin (1233-1249), fille de Geoffroi de Villehardouin, maréchal de Champagne. Dite aussi Alix[11]
  16. Mathilde I de Vallery (1249-1262), fille de Jean de Vallery et sœur d'Érard de Vallery, elle fut enterrée le vendredi de Pâques.
  17. Ermengarde du Châtel (1262), élue le mardi après l'Ascension (Obit le ).
  18. Isabelle ou Élisabeth de Chateauvillain (1264), mourut le . Sœur de Jean de Châteauvillain, dame de Barberey-Saint-Sulpice, qui avait accepté en 1262 la requête du pape Urbain IV d'ériger une église à Troyes.
  19. Ode de Pougy 1266-1269, fille de Renaud de Pougy, et nièce de Manassès II de Pougy, évêque de Troyes 1266. Mourut en 1272 voir son épitaphe. Elle est connue pour s'être opposé à la construction de la basilique Saint-Urbain de Troyes[12].
  20. Isabelle II (1275).
  21. Odette II (1282-1284).
  22. Jeanne Gâteblé (1289).
  23. Herminie (1290) juillet (Obit ).
  24. Isabelle III de Saint-Phal (1292-1293), épitaphe. L'abbesse reçut en cadeau un ouvrage avec reliure d'orfèvre, montrant une crucifixion en argent doré repoussé, avec en bordure, quatre plaques émaillées, dix plaques d'argent doré et des pierres de couleurs[13].
  25. Gille de Vaujean (1293-1297), jeudi après saint Pierre, saint Paul.
  26. Isabelle IV de Saint-Phal (1301-1311), mourut le .
  27. Isabelle V de Saint-Phal (1311-1328), mourut le .
  28. Mathilde II d'Anglure (1348-1349), mourut le .
  29. Elvide de Troyes, démissionna en 1352, et mourut en 1357 le jour de la fête des onze mille vierges.
  30. Béatrix de Laude (1352-1359) le 1er avril. Elle était sœur de Flamand de Laude archidiacre de Troyes.
  31. Marie I de Saint-Phal, fille d'Étienne de Saint-Phal, mort le et inhumé dans le chœur de l'abbaye, ainsi que sa femme[14] et de Guillemette de Ray, elle mourut le .
  32. Jeanne de Ricey, élue en 1369.
  33. Marguerite de Saint-Phal (1380-1409), elle mourut le .
  34. Blanche de Broyes, élue en 1410, prêta serment à Étienne de Givry, évêque de Troyes, et mourut le .
  35. Jeanne II de Broyes, élue en 1438, prêta serment à Jean Lesguisé, évêque de Troyes.
  36. Jeanne III de Vezelize, mourut le .
  37. Isabelle VI de Neuville (1448-1452), le .
  38. Huguette de Bessy 1456, , mourut le .
  39. Catherine I de Lusigny, confirmée le et prêta serment à Louis Raguier, évêque de Troyes le , fit cession en 1475 et mourut le .
  40. Isabelle VII de Rochetaillée, prêta serment à Louis Raguier, évêque de Troyes, le et mourut en 1480.
  41. Claudine de Bercenay, 1482, la validité de son élection fut contestée.
  42. Catherine II de Courcelles, fille de Pierre de Courcelles, seigneur de Saint-Liébault, elle était également abbesse de l'Abbaye du Paraclet. Elle rétablit la clôture et fait embrasser la règle de saint Benoît. Elle mourut le .
  43. Marie II du Montier, prêta serment à Guillaume Parvi, évêque de Troyes le , fit cession en 1542 (v.st) , et mourut le .
  44. Marie III du Foulx, obtint ses bulles le , prit possession le et mourut le .
  45. N. Nanthelon, elle fit cession en 1560.
  46. Marie IV de Luxembourg, fille de Charles de Luxembourg, comte de Brienne, et de Charlotte d'Estouteville, elle fut en contestation pour son élection, avec Barbe de Launey, abbesse de l'abbaye Notre-Dame-des-Prés du au . Elle mourut le .
  47. Louise I de Luxembourg, fille de François de Luxembourg, duc de Piney, et de Diane de Lorraine, elle reçut la bénédiction le , et mourut le , âgée de 22 ans.
  48. Louise II de Dinteville, fille de Guillaume de Dinteville, seigneur des Chenets, bailli de Troyes, et de Louise de Rochechouart, nommée par le roi le , confirmée par le pape le , et fut installée le suivant, prit pour coadjutrice Claudée de Choiseul en 1610, et mourut le (épitaphe).
  49. Claudée de Choiseul Praslin, réformatrice du monastère[15]. Fille de Charles de Choiseul, maréchal de France, et de Claudée de Cazillac. Elle fut confirmée par le Pape le et mourut le , âgée de 65 ans[16].
  50. Anne de Choiseul Praslin[17].Sœur et coadjutrice de Claudée, elle reçut la bénédiction et prit possession en 1667. Elle mourut le .
  51. Louise -Scholastique le Pelletier, sœur de Claude Le Peletier, religieuse de la Ville-l'Evêque, près Paris, est nommée par le roi le . Les bulles datées du sont fulminées seulement le . Louise reçoit la bénédiction des mains de François Bouthillier de Chavigny, évêque de Troyes (1678-1697), le dans l'église de Ville-l'Evêque, elle prend possession le 20 et fait cession en 1697.
  52. Marie-Madeleine-Marguerite de la Chaussée d'Eu d'Arrest, nommée par le roi le , confirmée par le pape en mars 1698, elle prête serment à Denis-François Bouthilier de Chavigny, évêque de Troyes, neveu du précédent (1697-1716), le et prend possession le .
  53. Marie-Angélique de la Chaussée d'Eu d'Arrest, ancienne prieure de Sainte-Scholatique-lès-Troyes, nommée par le roi au mois d', sœur de la précédente. Elle dégagea le monastère de plus de cent mille livres de rentes constituées.
  54. Françoise-Lucie de Montmorin de Saint-Hérem[18],[19]. Nommée par le roi le . Elle fit reconstruire l'abbaye de 1772 à 1781.

Propriétés

Prieurés

Notes et références

Voir aussi

Sources

  • « Recueil d'actes imprimé de l'abbaye Notre-Dame aux Nonnains de Troyes », in Paul Bertrand (dir.), CartulR, Répertoire des cartulaires médiévaux et modernes, Orléans, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2006. (Ædilis, Publications scientifiques, 3) (en ligne).
  • Cartulaire du Prieuré de Saint-Georges, 1401-1500, archives de la Haute-Marne (AD 52 , H non coté).
  • Bibliothèque nationale de France, ms lat.11926 (Stein).

Bibliographie

  • Charles Lalore, « Documents sur l'Abbaye de Notre-Dame-aux-Nonnains de Troyes », in Mémoires de la Société d'agriculture, sciences et arts du département de l'Aube, t.38, Troyes, Imprimerie Dufour-Bouquot, 1874, p. 5-47, lire en ligne sur Gallica.
  • Théophile Boutiot, Histoire de la ville de Troyes et de la Champagne méridionale, A. Aubry, .

Articles connexes