1789 en France

Cette page concerne l'année 1789 du calendrier grégorien.

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Prise de la Bastille et arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789.
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 Sommaire : Haut - Janvier - Février - Mars - Avril - Mai - Juin - Juillet - Août - Septembre - Octobre - Novembre - Décembre 

L'hiver 1788-89 est très froid ; le thermomètre descend à -18° et la Seine et la Loire sont gelées pendant deux mois ; le dégel entraîne des inondations catastrophiques ; l'année précédente avait été particulièrement humide. Ces conditions extrêmes entrainèrent une situation difficile dans la période de soudure entre les deux récoltes 88-89, une hausse du prix du pain et un accroissement sensible des émeutes frumentaires pendant les premiers mois de 1789[1].

Janvier

Février

Mars

Émeutes frumentaires au printemps, à l’approche de la soudure[12]. Près de 400 incidents éclatent, notamment à Reims (11 et 12 mars), à Manosque (14 mars), à Toulon et Marseille (23 mars), à Aix (24 mars), à Besançon (30 et 31 mars)[13]. Le 26 mars, toute la Provence se soulève : attaque du château de Solliès, du couvent de Barjols, du moulin de Pertuis ; un noble est tué à Aups. Violences à Agde, à Limoux, à Bergerac en Guyenne, à Chantilly, sur les marchés de Montlhéry, de Bray-sur-Seine, de Rambouillet, etc. en île-de-France[14]. Un convoi de blé est pillé le 20 avril par des bucherons entre Vatan et Poulaines en Berry[15].

Avril

Fusillade au faubourg Saint-Antoine, le 28 avril 1789, après le pillage de la Maison et de la Manufacture de Réveillon.

Mai

« États Généraux », gazette publiée le
par Mirabeau
  • 2 mai :
    • parution, sous le titre d’États généraux, du premier numéro du premier journal écrit par un député, gazette fondée par Mirabeau et supprimée le 7 mai[28].
    • présentation à Versailles de l'ensemble des députés au roi[29].
  • 4 mai : Procession, à Versailles, pour l’ouverture des États généraux. L'homélie est prononcée par Monseigneur Anne-Louis de La Fare, évêque de Nancy[29].
  • 5 mai : ouverture des États généraux à Versailles dans une salle de l'hôtel des Menus Plaisirs[11].
  • 6 mai :
    • les députés du Tiers se réunissent dans la salle des États, tandis que le clergé et la noblesse décident de vérifier séparément leurs pouvoirs respectifs dans des chambres particulières[30]. Le Tiers État prend le nom d'Assemblée des Communes[18].
    • Brissot publie le premier numéro du « Patriote français »[31]. Un arrêt du Conseil d'État interdit la publication toute espèce de journaux sans autorisation expresse[28].
  • 7 mai : saisie du journal de Mirabeau (États généraux). Interdiction de publier des comptes rendus des séances des États. Mirabeau n'en tient pas compte et continue à publier le compte rendu des séances de l'Assemblée ainsi que les analyses sur les questions politiques à l'ordre du jour, d'abord sous le titre Lettres du comte Mirabeau à ses commettants du 10 mai au , puis sous le titre Courrier de Provence, qui parait jusqu'au [28].
  • 11-13 mai : la noblesse refuse de se réunir au tiers état pour faire en commun la vérification des pouvoirs. Le clergé également invité par le tiers état propose de nommer des commissaires conciliateurs. Les Communes acceptent de participer aux conférences de conciliations, mais elles échouent (23-26 mai). La noblesse rejette la vérification des mandats en commun, qui sous-entend le vote par tête, proposé par le Tiers. Malgré l’intervention du roi le et la tenue de conférences supplémentaires sous l'égide du garde des Sceaux à partir du , les débats sont bloqués[30],[32].
  • 19 mai : Le roi permet aux journaux de rendre compte des opérations des États Généraux[33].
  • 20 mai : renonciation du clergé à ses privilèges pécuniaires[33].
  • 22 mai : La noblesse renonce également à ses privilèges pécuniaires et consent à être imposée à raison des biens qu'elle possède[33].

Juin

Le Serment du Jeu de paume
par Jacques-Louis David
  • 20 juin : serment du Jeu de paume[4]. Les députés de l'Assemblée nationale jurent de ne pas se séparer avant d'avoir donné une Constitution à la France[33].
  • 22 juin :
    • le roi concentre ses troupes qui arrivent autour de Paris (40 000 hommes) sous les ordres du maréchal de Broglie du 25 juin au 10 juillet. Les Parisiens craignent un coup de force et que soient bloqués les convois de blé. Des émeutes éclatent début juillet aux barrières d’octroi[38].
    • l'Assemblée nationale se réunit à l'église Saint-Louis à Versailles où le serment du Jeu de paume est renouvelé[39].
  • 23 juin : séance royale[40]. Le roi ordonne aux députés de siéger par ordre séparé, annule toutes les décisions du Tiers et propose un programme de réforme conforme aux pratiques de la monarchie consultative. À l’issue de la séance royale, le Tiers refuse de quitter la salle. l'Assemblée nationale déclare inviolable la personne de ses députés. Apostrophe apocryphe de Mirabeau : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes »[33].
  • 24 juin : le clergé vient siéger avec le Tiers[33].
  • 27 juin : le roi ordonne aux députés de la noblesse de rejoindre les élus du Tiers état et du clergé[18]. Le vote se fera par tête et non par ordre.
  • 28 juin : premier numéro du Patriote français de Brissot[41].
Le Royal-Allemand pénétrant dans les Tuileries le d'après Pierre-Gabriel Berthault, (Musée de la Révolution française).
Motion faite au Palais royal, par Camille Desmoulins.
  • 12 juillet : mécontentement, agitation dans Paris à l’annonce du renvoi de Necker dans la matinée du dimanche. À midi, Camille Desmoulins harangue la foule sur une table du café de Foy au Palais-Royal. Dans l’après midi, des manifestations réclament la fermeture des théâtres en signe de deuil. Paris est en état d’émeute généralisée. Dans la soirée, il y a des heurts aux Tuileries entre les manifestants et les cavaliers du Royal-Allemand. Les gardes-françaises passent du côté des émeutiers[38],[46].
  • 13 juillet :
    • l’émeute s’étend, la population saisit des stocks de grains, détruit des octrois (40 sur 54) et ouvre des prisons. La maison de Saint-Lazare est pillée, des armes sont enlevées et des canons sont enlevés aux Invalides et au Garde-Meuble de la Couronne. Les parisiens s'arment[33].
    • en raison de l'éloignement des troupes, arrêté de l'Assemblée des électeurs, portant création du Comité permanent, pour demander au roi le rétablissement d'une milice bourgeoise pour assurer l'ordre dans la capitale, avec un effectif de 48 000 hommes. Elle reçoit des armes (armuriers, invalides)[33].
      Malgré le refus du roi, les officiers sont élus. Dès le lendemain, 14 juillet, elle participe à la prise de la Bastille, et le 15, elle est placée sous le commandement du général de La Fayette et prend le nom de Garde nationale.
Eau-forte gravé à la main en 1789 représentant la prise de la Bastille.
« C’est ainsi que l’on punit les traitres. »
Des soldats ou des miliciens portent les têtes de Jacques de Flesselles et du marquis de Launay sur des piques.
Mise à sac de l'Hôtel de Ville de Strasbourg, le 21 juillet.
Supplice de Joseph François Foullon place de Grève, le , Musée de la Révolution française - Vizille.
  • 1er août : à l’approche de la Grande Peur, les communes de Puget et Roquestéron demandent des secours à Nice[8].
  • 3-4 août : à Rouen, le peuple est incité à piller les demeures des riches par Bordier et Jourdain. Thomas-Charles Jourdain, avocat de Lisieux, et François Bordier, acteur du spectacle des Variétés-Amusantes, au Palais-Royal à Paris, sont arrêtés, condamnés à mort pour fait de sédition et pendus le 21[58].
  • 4 août : nuit du 4 août[4]. Abolition des privilèges par l'assemblée nationale constituante en réponse à l’agitation paysanne (4-11 août).
  • 9 août : émission d'un premier emprunt de trente millions lancé par Necker[59].
  • 10 - 14 août : décret pour le rétablissement de l'ordre et de la tranquillité dans le royaume ; création des unités de garde nationale sous la tutelle des municipalités. L'armée a l'obligation de prêter serment à la Nation, au Roi et à la Loi[60].
  • 14 août : Armand-Gaston Camus est nommé archiviste à la Commission des archives de l'Assemblée Constituante ; il sera à l'origine de la création des Archives nationales[61].
  • 18 août: insurrection à Liège[62].
  • 19-20 août  : affaire de la Tourette ; émeute à Marseille pendant laquelle le brigadier de la garde bourgeoise Garcin est tué, la maison de l’échevin Laflèche est pillée et ses meubles brûlés par la foule. La loi martiale est proclamée et le comte de Caraman fait entrer la troupe dans la ville. Le lendemain, les émeutiers qui réclament la libération des prisonniers sont dispersés[63].
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789
  • 26 août :
    • lecture à l'Assemblée nationale de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen[4], qui doit servir de guide dans la rédaction de la Constitution (Mirabeau). L'article XI consacre le principe de la liberté de la presse (suspendue le )[64]. L'article XIV érige le consentement à l'impôt en principe fondateur de la citoyenneté démocratique[36].
    • une lettre signée « Nous les Nègres » est remise à Mollerat, commandant militaire de Saint-Pierre, en Martinique : « Nous savons que nous sommes libres et vous souffrez que ces peuples rebelles résistent aux ordres du Roi. Eh bien souvenez-vous que nous sommes Nègres, tous tant que nous sommes, nous voulons périr pour cette liberté ; car nous voulons et prétendons de l'avoir à quelque prix que ce soit, même à la faveur des mortiers, canons et fusils. Comment depuis combien de centaines d'années nos pères ont été assujettis à ce sort qui rejaillit jusqu'à présent sur nous. Est-ce que le Bon Dieu a créé quelqu'un esclave ? »[65]. Le 29 août, une nouvelle lettre adressée au gouverneurs de la Martinique déclare « la nation entière des esclaves noirs, réunie ensemble, ne forme qu'un même vœu, qu'un même désir d'indépendance, et tous les esclaves d'une voix unanime ne font qu'un cri, qu'une clameur pour réclamer une liberté qu'ils ont justement gagnée par un siècle de souffrances et de servitudes ignominieuses. »
  • 29 août : le député Gaultier de Biauzat a fait paraître le Journal des débats et des décrets qui assure la publicité des lois et des débats parlementaires[66].

Septembre

  • 1er - 2 septembre : les ouvriers quincaillers de l'usine de Jacques Sauvade à Saint-Étienne détruisent un atelier équipé d'une nouvelle machine à fabriquer des fourchettes[67].
  • 8 - 9 septembre : nouvelle émeute à Troyes contre la disette et les machines. Une foule de femmes, d'ouvriers du textile, d'artisans et de chômeurs assassinent le maire, Claude Huez, et mutilent son cadavre. Des machines sont détruites[23].
  • 10 - 11 septembre : l’Assemblée adopte le principe du monocamérisme et règle le droit royal de s’opposer à ses décisions par un veto suspensif pour deux législatures[38].
  • 12 septembre :
  • 22 septembre : l'Assemblée adopte un article constitutionnel qui fonde le nouveau régime. À la fin du mois, 19 articles de la future constitution sont adoptés. Le roi refuse de promulguer les décrets qui ne sont pas appliqués et commence à concentrer les troupes[38].
La marche des femmes sur Versailles, journées des 5 et 6 octobre 1789.
  • 5 et  : au cours des journées révolutionnaires des 5 et 6 octobre 1789, une foule, composée majoritairement de femmes, se dirige de Paris à Versailles, officiellement pour réclamer du pain à Louis XVI qui répond favorablement à cette demande[69]. Elles réclament aussi que les gardes du corps de sa majesté soient remplacés par la Garde nationale, commandée par La Fayette. L'assemblée constituante en profite pour exiger la ratification des décrets relatifs à la constitution et à la déclaration des droits. Au fur et à mesure du déroulement de ces journées, elles finissent par exiger la venue du Roi à Paris. Sur ce point, Louis XVI se laisse la nuit pour réfléchir. Mais il est réveillé par une foule plus revendicative. Chargé désormais de la sécurité du château, La Fayette, en retard, est incapable d'empêcher son invasion meurtrière. Il sauve néanmoins à Versailles la famille royale. Le roi accepte de venir résider à Paris au palais des Tuileries et d’y appeler l’Assemblée, qui s’y installe le 19 octobre[33].

Novembre

Décembre

Articles connexes

Notes et références